« Je te conjure et invoque, ô puissant Magoa, roi de l’Orient, je te fais commandement d’obéir, à ce que tu aies à venir ou m’envoyer sans retardement Massayel, Asiel, Satiel, Arduel, Acorib, et sans aucun délai, pour répondre à tout ce que je veux savoir et faire. »
Jacques Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, P. Mongié, Paris, 1826
Si le monde s’accorde sur le fait que l’adolescence est une période de tiraillement, bon nombre sont ceux qui s’en servent pour alimenter leur soif de création, et c’est ainsi qu’a commencé l’histoire du groupe Magoa. En 2005, alors qu’ils sont encore au lycée, les franciliens Martin (batterie), David (guitare), Vincent (guitare), Benoît (basse), et Matthieu (chant), décident de mettre au service de la musique tous ces sentiments qui les animent et les bousculent. Dans la mythologie occitane, Magoa est un démon régnant sur la partie orientale de l’Enfer, apparaissant sous la forme d’un être couronné et vêtu de blanc qui souffle violemment quand il parle. En ce démon à l’allure de druide, les adolescents ont vu le symbole de l’ambiguïté de notre époque, loin de tout manichéisme, manifestant à la fois vertu et perversion. Adeptes aussi bien de Pantera ou d’In Flames que de Slipknot, ils murissent leur projet en enchaînant les prestations live, jusqu’à la sortie en mars 2011 de leur premier album, Swallow The Earth.
Peu après, Matthieu quitte le groupe et est remplacé par Cyd. Et vient alors le tour de Benoît de quitter l’aventure, laissant la place à Vincent/Swamm. Les garçons vieillissent, et leurs envies musicales évoluent. Magoa doit se redéfinir pour perdurer. Aussi, dans l’optique d’un nouveau départ, les membres du groupe décident de s’orienter vers du « brutal rock », et entament l’écriture d’Animal. Cet EP, composé de 6 titres enregistrés entre Nice et Los Angeles, concrétise leur collaboration avec Charles « Kallaghan » Massabo, ingé son et/ou producteur pour Babylon Pression (FR), Hewitt (FR), Irbun (IR), ou encore Ronnie Radke (USA). Il bénéficie aussi d’un mastering effectué par Andrew « Mudrock » Murdock (Avenged Sevenfold, Alice Cooper, etc.). Couronné par une piste bonus enregistrée en duo avec Shawter du groupe Dagoba, Animal sort en décembre 2012 et se présente désormais comme un préquel à un appel à la révolte face à l’inertie du monde en sommeil. De ce disque, le groupe va faire naître trois clips dont il confie la réalisation à Benjamin Capelletti, « Animal », « Enemy », et « A thousand lives », sortis respectivement en mai, juin, et novembre 2012.
Après une série de concerts à travers la France, les Magoa renouvellent leur expérience avec Charles Massabo, mais cette fois-ci pour la réalisation d’un album de 10 titres. Intitulé Topsy Turvydom (topsy-turvy est un adverbe britannique signifiant « sans dessus dessous »), il ancre le groupe au royaume du chaos. Magoa continue dans sa lancée en dénonçant le caractère abrutissant du 2.0, et l’asservissement d’une génération à tout un panel de dogmes, qu’ils soient religieux, médiatiques ou commerciaux. Le groupe propose à son public de se défaire des liens qui l’enchaînent à ses excès imposés, et à se concentrer sur ce qui lui fait réellement envie, que cela plaise ou non aux autres. Pour cela, la dérision est le maître-mot, et elle se retrouve tant au niveau de leurs textes que de leurs vidéo-clips. Cela s’illustre de façon explicite avec le clip de « Estamos Locos », sorti en juin 2013, qui parodie celui de « Smack My Bitch Up » de Prodigy. L’album Topsy Turvydom, distribué par Season Of Mist, est sorti le 1er novembre 2013, et le groupe a organisé à cette occasion une release party le 16 novembre au Divan du Monde, à Paris, en compagnie des groupes Darkness Dynamite, Tess et Hell Rules Heaven. Ils consacrent l’année 2014 à promouvoir cet album au travers de différents concerts et festivals, en France comme dans d’autres pays européens.
