Jeff, c'est Jeff Hallam, l'enfant de Stayton (Oregon), à une heure de route de Portland -"La Mecque de la scène indépendante", dit-il, comme Seattle le fut pour le grunge. Non loin des fermes et des usines de mobil-homes, ce coin aurait pu héberger n’importe quelle nouvelle de Raymond Carver. À dix ans son père, ex-marine puis inspecteur des impôts, lui offre une guitare en plastique sur laquelle il se fait les doigts. Premières chansons, premiers groupes au lycée, quelques concerts. À dix-huit ans, Jeff quitte Stayton et pour aller vivre ailleurs : Portland, Tokyo, San Francisco, New York et finalement Paris.
Dans les faits, le groupe doit son nom à un peintre américain, Troy Henriksen, qui prit comme sujet "son ami Jeff". En quête d'un nom, Jeff n'eut pas à aller chercher bien loin. "C'est vrai que j'ai aussi beaucoup d'amis", sourit-il, pince sans rire. Va donc pour MY FRIEND JEFF. Jeff, vivant depuis une douzaine d'années en France où, à son image, discret mais tenace, il a progressivement imposé sa basse et sa contrebasse dans une multitude de formations, collaborant notamment avec Dominique A "Vers les lueurs" (devenu disque d'or), sa compatriote Brisa Roché (deux albums et une participation à la bande originale de "Yves Saint-Laurent", le film de Jalil Lespert), Robi dont il a réalisé, co-écrit, enregistré et mixé le premier album très remarqué "L'hiver et la joie" et plus encore avec Matt Elliott, Da Silva et Joseph D'Anvers.
Tout en se mettant au service des autres, il a toujours mené des activités personnelles, peaufinant au fil des années ses propres chansons, dans une veine mélodieuse et raffinée. Autant de petites bulles pop qui évoquent les grandes heures des Beatles ("Abbey Road"), Electric Light Orchestra, Elvis Costello, Squeeze. Jeff fait en effet partie de ces Américains anglophiles qui ont toujours revivifié la pop : Eels, Sparklehorse, Flaming Lips…
MY FRIEND JEFF c'est un groupe de rock, autour de Jeff, leader incontesté, très attaché à la notion de partage comme on l'est souvent dans la pop : ses trois compères (Csaba Palotaï à la guitare, Emmanuel Marée à la batterie et Boris Boublil aux claviers). Quatre types donc, qui balancent leurs hypnotiques chansons pop rock sans gimmicks. Une musique délicate, impulsive, obsessionnelle et énergique.