Après deux EP épuisés ("Circus and Trains", 2013, et "Objections", 2014) et plus de 120 concerts en cinq ans, le quatuor mayennais continue plus que jamais de gommer les frontières entre épure folk et soubresauts électriques. De croiser le bois et le fer, en invitant à la même table Bob Dylan et Nick Cave. D'allier dans un écrin guitare sèche et grains de voix rocailleux, mélodies pures et éléments déchaînés.
Le premier album de Rotters Damn, à paraître en avril 2017 ("But my friend you know that I think I love you"), enregistré au studio The Apiary, à Laval, fait jaillir de nouveaux joyaux de ces terres folk-rock arpentées en maîtres. Moins bruts, plus ciselés, truffés d'arrangements et de contre-chants, façon Bon Iver ou Other Lives. On entend ici une trompette morriconienne chauffée au soleil de l'Arizona, là un piano entêtant, parfois encore des ascensions héritées du post-rock ou la fougue poétique d'un Bertrand Cantat habité.
Cette infinie palette d'émotions vocales et nuances instrumentales, Rotters Damn en révèle aussi toutes les beautés sur scène : un seul concert suffit à s'en imprégner longtemps.
Par Yoan Le Blévec, journaliste