En 2016, alors qu’il est à la recherche d’un mixeur pour le premier album de Santa Claws, Greg Aubert (guitare et chant) réécoute l’un de ses albums favoris, "By absence of the sun" de Triggerfinger. Au dos de la pochette du vinyle, un nom : Greg Gordon. Ce producteur mythique a mixé et réalisé certains des plus grands albums de ces vingt dernières années, ceux qui ont le plus influencé les membres de Santa Claws. L’idée de faire appel à cette légende du rock, qui a travaillé avec Nick Cave,Rival sons, Slayer ou les Red Hot Chili Peppers s’impose comme une évidence autant qu’un rêve fou.
Mais Greg Gordon répond aussitôt. Ecoute les versions démos. Apprécie le son et l’authenticité du trio breton. Et accepte de mixer, pour la première fois, un groupe français - lui qui d’ordinaire trouve que le rock hexagonal manque de rythme. Sa seule condition : que le groupe enregistre dans les conditions du live, pour faire ressortir le côté sauvage du rock, cette énergie que le groupe déploie déjà, concert après concert, dans les salles et festivals de Bretagne et d’ailleurs.
Propulsé par un groove instinctif que seule la complicité d’un frère (Tony Montfort, batterie, choeurs) et d’une soeur (Eva Montfort, basse, choeurs) pouvait créer, ce huit titres plonge au coeur du rock’n’roll, de ses racines et de son histoire. Il a été enregistré entièrement en analogique au studio Adjololo, sous la supervision de Jean-Paul Romann (Tinariwen, Lo’Jo…), sans aucun effet, pour obtenir le son le plus chaleureux et le plus brut possible. Mais Life is a lie n’est pas pour autant un album tourné vers le passé : le disque est né d’une collaboration transatlantique qui doit autant aux amplis à lampes qu’à WhatsApp et à Internet.
Il est, surtout, le fruit d’années de travail et de passion, et d’un souci du détail permanent - aucune des vingt guitares utilisées en studio n’a été maltraitée durant l’enregistrement, mais chaque morceau a été travaillé et retravaillé nuit et jour pour parvenir à sa version définitive, sous l’oeil attentif d’Antoine Montgaudon, guitariste d’Arthur H. et de Camelia Jordana, et directeur artistique de l’album.
Le résultat est un disque authentique et brut, travaillé et complexe. Celui d’un groupe dont l’emblème, le sphinx, symbolise la force animale de la musique. Et qui, comme pour répondre à une énigme, incarne à la fois les quatre temps du rock, les deux rives de l’Atlantique, et l’indépassable trio guitare-basse-batterie.