« Un single, un album, quelques participations à des compilations, la panoplie des THOMPSON ROLLETS, à défaut d’être vraiment connue, gagne en intérêt au fil des ans. Depuis 1986 que le gang de Périgueux sillonne les terres de France et les vignobles italiens, la marque THOMPSON ROLLETS n’a cessé d’imposer son empreinte sur le paysage mouvementée du rock. Les premières démos étaient certes brouillonnes (comme tout début), trempées dans un bain punk rock radical et brut mais révélatrices d’un groupe qui en veut.
1989, premier single sur Go Get Organized (première référence d’un label parisien qui par la suite allait faire parler de lui) et c’est la surprise, énorme et délicieuse, BRETT MYERS, le talentueux guitariste des Australiens DIED PRETTY, est passé par là, détectant derrière le rythme carré et les guitares agressives, mélodies et sensibilité pop. « Crazy Soldier » et « Never Be Like You » révèlent les possibilités d’un groupe un peu à part qui commençait à écouter et s’imprégner de sons venus des States et dont ici on n’avait pas l’habitude. « Crazy Soldier », c’est un peu la preuve qu’il était possible à un groupe de sonner rock, tout simplement (et non rock français, formule ô combien restrictive, voire péjorative). Les critiques sont unanimes et les ventes décollent.
1991, c’est le grand saut : un album, un vrai. Entre temps, tournées, changement de personnels et coup de cœur divers ont modelé les esprits et les goûts. Le discours, s’il est toujours aussi radical, laisse au premier plan la mélodie et une bonne dose d’énergie. Deux guitares, une attaque frontale, carré et subtile mariage pop/hardcore avec un brin de rock australien et un soupçon de références sixties ; les THOMPSON ROLLETS sont là purement de maturité et ces 8 titres enregistrés à la vitesse grand V, histoire de ne rien perdre de la spontanéité naturellement créatrice, font de cet album l’un des meilleurs de l’année écoulée.
1992, on continue dans cette voie en partageant l’affiche avec BURNING HEADS, des voisins de palier (musicalement parlant). Et une nouvelle occasion de découvrir les THOMPSON ROLLETS avec un excellent « Gotta Get Away » qui, sur vinyle marbré, vous démontrera la classe de ces gens-là, attachants au possible, passionnés et talentueux. »
Philippe Couderc (Abus Dangereux), 1992
** Complément de bio 2015 **
Les dernière lignes de cette bio, signée par le rédacteur en chef de l’influent fanzine Abus Dangereux, ne mentait pas. Ces gars-là étaient « attachants au possible, passionnés et talentueux ». Et le split 45 tours qu’ils partagèrent, en juillet 1992, avec des Burning Heads encore jeunes débutants, allait faire grand bruit, tout comme la tournée marathon qui mena les deux groupes à travers la France, la Suisse, la Belgique, l’Italie et l’Espagne durant les mois de septembre et octobre 1992. Les critiques de l’album et de ce EP (dans les fanzines, mais aussi dans la presse spécialisée nationale et internationale) dressent le portrait d’un futur grand du rock en France. La chose paraît confirmé lorsqu’en 1993, les Périgourdins rejoignent l’élite de la scène hexagonale (Deity Guns, Treponem Pal, Davy Jones Locker, Condense, Parkinson Square…) sur la compilation « Serial Killer » composée par la toute récente franchise française de Roadrunner Records. Le titre « Youngsters », enregistré au Chalet de Bordeaux par Jean-Marc Sigrist et Sox, est l’occasion d’entendre un THOMPSON ROLLETS flambant neuf, de nouveau en quintette, et remonté comme un coucou suisse.
C’était sans compter les changements de line-up, les managements successifs, les galères de label, et peut-être aussi cette sensation d’avancer en terre hostile que l’on connait lorsqu’on est français et qu’on évolue dans le rock’n’roll. « Tout se délitera doucement, à l’usure, scénario habituel tant il est difficile dans ce pays de faire admettre l’existence d’autre chose que ce que les faiseurs d’opinions ont en tête », conclut Alain Feydri dans « Roupettes et Scoubignoles », la biographie du groupe parue dans le livret de l’anthologie CD « 1986-1993 », éditée en 2009 par les labels Slow Death, Some Produkt, Tiger Lilly et Hellnation. L’aventure THOMPSON ROLLETS s’arrêta donc là, en 1993, comme ça, bêtement pourrait-on dire. Mais son parcours exemplaire, son travail forcené et la vitalité de sa musique en auront marqué plus d’un. Voilà qui est suffisant pour rendre l’œuvre de ce groupe accessible au plus grand nombre, maintenant et… à jamais.
Frank Violence (fanzine Violence), 2015
Discographie :
45 t « Crazy Soldier » / « Never Be Like You », GGO, 1989 (écoute/listen)
« Good Revolution » sur le 45 t bonus au fanzine Le Légume du Jour n°5
« Bitch » sur la compilation « La Chair Humaine Ne Vaut Pas Cher » CD/LP/K7, GGO, 1989 (écoute/listen)
« Time For Action » sur le 45t bonus au fanzine Abus Dangereux face N, 1989
« Sensefull Things » sur « Rock Hardi Vol.1 » CD/K7, Rock Hardi, 1991
LP « Thompson Rollets », Brutal Deluxe, 1991
« Spirit Boy » sur le 45t bonus au fanzine Wake UP n°7, 1991
« Shadow »s Life » sur la compilation « Bad & Mad », Mad’s Collectif, 1992
« Gotta Get Away » sur le split 45 tours avec Burning Heads, Uncontrolled Records, 1992
« Youngsters » sur la compile « Serial Killer », Roadrunner Records, 1993
CD « 1986-1993 », Slow Death, Some Produkt, Tiger Lilly, Hellnation, 2009 (écouter/listen)