Nightingale – Retribution


Au service de la mélodie

Il y a un an, Dan Swanö déclarait sur nos pages : "Il y a trois jours j'ai fait 15 heures de route en voiture jusqu'en Suède afin de démarrer l'enregistrement du prochain album de Nightingale ! Ce sera ma prochaine sortie, sûrement dans un an si tout va bien, et je sens qu'il sera très bon car cette nouvelle "expérience" et ce retour après quelques années de "coma musical" m'ont vraiment redonné la pêche."

Force est de constater que le génie multi-instrumentiste suédois (aux multiples projets dont le plus récent Witherscape) n'avait pas menti, car le voici ce nouveau Nightingale intitulé Retribution, et en effet celui-ci s'avère très bon. Disponible à partir du 7 novembre chez InsideOut, voici un disque qui devrait plaire aux amateurs d'une musique accrocheuse et nostalgique.

Nightingale nous avait habitué par le passé à des productions plutôt sombres et un peu progressives bien que toujours accessibles, sur ce nouveau disque le côté torturé est mis de côté si ce n'est quelques introductions ("The Maze" en tête, un peu façon Threshold) ou arrangements précis (guitares et claviers, parfaitement maîtrisés et fins) aux dépends d'une approche résolument pop et quelque peu moderne dans une production lisse et puissante à la fois mettant surtout en valeur le timbre si caractérisque de Swanö. Il n'est ainsi pas étonnant de retrouver sur ce CD un certain nombres de chansons calmes ou ballades, ces dernières étant représentées par "Lucifer's Lament" (ou la complainte de l'ange déchu) en mode FM fort agréable et "Divided I Fall" profondément acoustique et dénuée de toute batterie. La douceur, parfaitement mise en corrélation avec une voix suave mais prenante, ennivre l'auditeur et transforme Dan en sorte de crooner heavy qui se permet même quelques envolées lyriques impressionnantes, totalement en confiance qu'il est sur ce point depuis ses travaux avec Arjen Lucassen. Ce Retribution vit ainsi avant tout par ses mélodies vocales toutes aussi réussies les unes que les autres.

Mais pas seulement, car Nightingale est aussi un groupe et on sent qu'un gros travail au niveau des mises en place ou autres structures a été fait sur cette offrande. Chaque titre propose un schéma à la fois classique et élaboré, fait le plus souvent de couplets/pré-refrains/refrains/pont/solo qui s'enchainent presque toujours sans mal. Tout marche sur des roulettes dans une fluidité hors du commun à part quelques légers exemples (vers la fin de "Forevermore" par exemple, et encore c'est pour chipoter), aucune démonstration technique superflue malgré un jeu global fort professionnel et des musiciens au service d'une mélodicité globale enrobée de précieux arrangements.

Nightingale 2014

Ceux-ci, menés par un clavier souvent très 80s (les fans de Rush apprécieront et les followers de Dan ne seront pas surpris) voire un peu kitsch, font voyager du début à la fin dans une tonalité toujours sombre mais jamais glauque ou surfaite. Même le très épique "The Voyage of Endurance" ne tombe pas dans l'excès, empli d'un sentimentalisme à peine déguisé et mettant en valeur les paroles contant les déboires d'un équipage bloqué dans la glace après une fausse maneouvre. Un petit chef d'oeuvre à la fois froid et intense dans lequel Dan Swanö excelle jusqu'à ce pont dommisant des plus exceptionnels, et où Dag (son frère) nous offre un riff bien direct mais non dénué de petits détails le rendant unique. On peut mettre ce titre en parallèle sur le plan épique et "martial" avec un "Warriors of the Dawn" certes moins envoûtant mais que le Sabaton actuel ne renierait pas et qui montre aussi que Swanö a été jadis fan de Manowar, même si l'on reste ici bien plus moderne et typé variété.

Pour le reste, parler de chaque morceau individuellement en détails serait inutile tant cet album forme un tout avec des ambiances cohérentes et toutes aussi agréables que les autres. Citons cependant niveau réussites absolues le très écolo "Chasing the Storm Away" et son intro 80s à la Chris Isaak ou son refrain imparable, un "On Stolen Wings" d'emblée qui donne un faux ton metal à l'opus (qui ne l'est pas vraiment) avec son intro à la Paradise Lost ou l'excellente conclusion "Echoes of a Dream" fonctionnant un peu comme une sonate et qui poussera le concept du titre jusqu'au final de l'album. Niveau paroles marquantes, citons "27 (Curse or Coincidence)" qui relate cette fameuse malédiction des génies du rock comme Jimi Hendrix ou Kurt Cobain.

"Beaucoup de musiciens devraient faire comme moi, s'arrêter d'écrire quelques années et revenir encore plus fort, tu ressens ensuite comme une explosion d'inspiration.", déclairait-il lors de notre précédent entretien. Le bonhomme avait raison, tant ce septième opus de Nightingale s'avère profondément inspiré et rempli de tubes aussi efficaces que bien construits entre hard FM et rock metal léger. Certains reprocheront peut-être une certaine facilité et une course au commercial, mais cela fonctionne parfaitement et ne donne surtout aucune impression de compositions forcées, bien au contraire. Dan Swanö et ses amis peuvent ainsi se montrer pleinement satisfaits de cette nouvelle sortie absolument remarquable qui en appelle certainement d'autres, peut-être plus complexes et progressives qui sait ?

Note : 8.5/10
 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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