"Disconnect me from the dream.."
Le départ d’Alissa White-Gluz pour la grosse entité qu’est Arch Enemy aurait pu signer l’arrêt de mort du combo canadien. Que nenni. 2 ans et demi après un Prisoners de bonne facture, The Agonist est de retour avec une nouvelle voix pour démontrer son savoir-faire, son sens de la mélodie imparable et une bonne dose de brutalité.
Danny Marino et sa bande ont fait face à une épreuve compliquée avec le départ d’Alissa White-Gluz, frontwoman de talent. Eye Of Providence annonce une nouvelle ère avec Vicky Psarakis, américaine d’origine grecque, comme remplaçante. Deux titres de ce nouvel opus avaient été révélés au public au cours de l’année 2014, "Disconnect Me" et "Perpetual Notion", mais ne sont pas les singles choisis pour représenter l’album. "Gates of Horn and Ivory" ouvre Eye Of Providence d’une manière classique et la prise de risque est minimum comme premier single. L’auditeur est en terrain connu et ce n’est pas un choix forcément discutable même si des morceaux comme "Danse Macabre" et "Faceless Messenger" – surtout cette dernière – auraient pu avoir un impact plus important au vu de la qualité proposée.
Comme nous l’expliquait Danny Marino, lors d'une interview, cet album traite de la vie privée et du partage d’informations sur la toile. Les textes ayant toujours eu une grande importance pour The Agonist, grâce à la passion d’Alissa White-Gluz pour la défense de la cause animale et celle de l’environnement, l’étape ne s’annonçait pas des plus faciles mais elle est réussie grâce à des morceaux aux titres évocateurs ("Disconnect Me", "Faceless Messenger", "Follow The Crossed Line") et aux paroles toujours aussi recherchées. Des paroles issues de l’esprit de la nouvelle arrivante Vicky Psarakis qui impose sa patte. Et une patte que l’on retrouve disséminée un peu partout. Si les parties de chants criés ressemblent énormément à celle d’Alissa, c’est une autre histoire pour le chant clair qui est varié, tantôt entraînant et tantôt planant. Une démonstration vocale qui met un coup de pied dans le derrière de ceux qui enterraient le groupe car oui, Vicky est une classe au-dessus d’Alissa en ce qui concerne le chant et c’est ça la force de ce nouvel album.
Auparavant écrite seulement par Danny Marino, la musique d’Eye Of Providence s’est composée en groupe et cela se ressent. La base metalcore du groupe n’est d’ailleurs plus que de l’ancienne histoire et c’est une véritable déferlante death mélodique qui s’abat sur nous. Les parties de guitares sont inspirées et peuvent même se « chanter » par l’auditeur ce qui aura son petit impact en live. Et surtout, les 5 musiciens se sont permit quelques expérimentations afin de sortir un peu – mais pas trop – de leur zone de confort. "A Gentle Disease", par exemple, est plus un interlude acoustique qu’une véritable ballade et même si son intérêt est quelque peu négligeable, il permet surtout à Vicky de se mettre en avant.
Un autre morceau, cette fois-ci plus surprenant, va mettre la puce à l’oreille des attentifs. Eye Of Providence se clôt sur "As Above, So Below", une piste de presque 8 minutes qui démarre sur des sonorités rock permettant d’apprécier les différentes empreintes vocales de Vicky qui se permet ensuite de crier dans un déchirement total. Ce titre ne plaira pas à tout le monde mais il est parfaitement placé et permet de finir cette écoute sur une note de surprise. Et la dernière impression est souvent la plus importante.
Avec ce nouvel opus, The Agonist vient de frapper fort. Non les canadiens ne sont pas mort, ils sont même encore plus vivants qu’avant et c’est une excellente surprise. Avec une empreinte vocale plus affirmée sur le growl, Vicky Psarakis peut prendre encore plus d’importance sur les albums à venir. Quant au duo Danny Marino – Simon McKay, ce travail de groupe pour Eye Of Providence apporte énormément sur les petits détails et sur l’approche des mélodies. Un must-have de 2015.