Drudkh continue dans le sillon tracé par le précédent album Eternal Turn of the Wheel (2012) préférant le côté sombre à celui plus progressif qu’on avait découvert avec Handful of Stars en 2010. C’est vrai qu’ils nous avaient habitués à alterner les ambiances entre deux albums et ce n’est pas plus mal. Une fois de plus Roman Sayenko (guitares) puise son inspiration dans la poésie ukrainienne du XXème Siècle. Parlant de luttes sanglantes pour construire ce vieux pays contre l’oppression étrangère (au vu des actualités, cela n’a pas vraiment changé…).
Pas d’introduction grandiloquente, les Ukrainiens nous donnent le ton dans une course poursuite avec « Cursed Sons I » et ses 9:21 mn. D’ailleurs l’album aura la particularité de couper en deux parties des titres assez longs. Morceau joué dans l’urgence à la limite de la saturation. Comme à l’accoutumé les instruments se tiennent ensemble afin de stabiliser la structure. C’est oppressant, pesant, sans pour autant oublier la construction black metal complexes dont le groupe affectionne.
La deuxième partie du titre est plus aérée, plus mélodieuse mais toujours aussi belliqueuse. La voix écorchée de Thurios ravine les graviers qui descendent de la rivière avec cette légère touche païenne du fin fond de l’est de l’Europe qu’ils arrivent à nous sortir au moment opportun avant qu’un déluge de baguette gérer par Vlad ne vienne s’abattre sur la fin du titre.
Sans discernement « To The Epoch Of Unbowed Poets » nous tombe sur la tête avant même qu’on ait digéré le morceau précédent. Imaginez une rythmique lourde et puissante agrémentée d’une mélodie à la guitare qui « tente » d’apaiser le tout. Là, franchement on aimerait les voir jouer en live ! Vient ensuite un changement d’octave pour accentuer ce côté malsain.
Prenant, lourd, la première partie de « Dishonour » est tourmentée, puissante, retournant la terre de la mère patrie sur plus de dix mètres de profondeur pour découvrir ses entrailles ensanglantées ; le côté épique ravira ceux qui veulent prendre les armes pour une guerre perdue d’avance.
En revanche avec la deuxième partie on retrouve une ambiance plus épaisse, plus doom suivi par des moments d’accélérations viscérales.
Rappelons que le groupe est connu (et l’actualité n’en dira pas le contraire) pour chanter les louanges du nationalisme ukrainien et qu’ils ont des racines à défendre à l’image de la pochette où l’on voit deux paysans foudroyés dans leur champ par le Mal incarné ici par un cavalier sur un cheval au galop. L'Ukraine fut le foyer du premier état slave oriental, fondé par des Scandinaves. Le pays a été pendant plus de 340 années sous l'occupation de l'Empire russe, puis de l'URSS puis l’actualité nous montre un retour des velléités de la Russie…il y a du passif qui est toujours difficile d’oublier…
Avec Борозна обірвалаÑÑ, Drudkh nous ouvre les pages de l’histoire tourmentée de son pays avec des titres oscillant entre 6 et 9 minutes et n’en a pas terminé avec son black metal venu de l’est qui condense les douleurs d’un pays qui souffre.
Lionel / Born 666
P.S. : Ne ratez pas le Woodcraft CD Pack en bois (rappelons que Drudkh veut dire arbre), de toute beauté…