Nous sommes Waltari ?
You are Waltari, le 14 ème album des infatigables Waltari, sonne un peu comme un slogan de rassemblement populaire vécu il y a quelques mois de cela dans notre pays. Titre assez logique si l’on regarde la carrière et la discographie longue comme le bras de nos Finlandais qui n’ont définitivement plus rien a prouver. Cette nouvelle offrande confirme que le temps n’a pas prise sur leur capacité à faire de la musique toujours fourmillantes d’idées nouvelles avec un style bien personnel.
Waltari fait partie de ces groupes sincères créant en toute liberté si bien qu’il est très difficile de le classer car Waltari fait du Waltari. Le courant le plus proche serait le crossover, mais très ouvert. En effet, depuis leur premier EP éponyme sortie en 1988, ils explorent la musique au sens large sans ce mettre de barrières, mixant des styles très variés en parlant, de surcroit, à tout un chacun.
Les recettes du style Waltari ? Du crossover débridé et no limit mélangeant moult ingrédients divers et variés (metal, rock, funk, techno, dance, pop, folk, etc) le tout assaisonné par une sauce entièrement faite maison. Crossover que l’on retrouve également chez Mike Patton et ses nombreux projets ainsi que dans l’album le plus fascinant de Faith No More : Angel Dust. En France on pourrait citer Carnival in Coal qui, comme Waltari, aime les reprises pleines de surprises !
Paris, Divan du Monde 2012
Waltari a se pouvoir de créer des hymnes tubesques au son puissant avec des refrains diaboliquement entêtant que l’on peut chanter dans la rue ou sous la douche ! Les « Ohohoooooho » de "Only the Truth" et autres « yeah ! » généralement à la limite de la torture la plus insupportable dans tant de chanson sont ici tout à leurs places et donnent envie de chanter en cœur avec le groupe. Ils savent créer un groove comme personne, qui chose rare dans le métal, donne envie de danser, de bouger en tous sens avec, en plus, la banane sur le visage. Il y a quelque chose de très "positif" dans certains titres, voir de lumineux, mais sans négliger la puissance de leurs racines métal. Positif mais pas dans le sens péjoratif du terme, c’est à dire mièvre ou pire, du genre dernier titre à la mode du Top 50 bien formaté pour les masses. On en est à mille lieux. (Un grand mépris au passage à l’industrie du disque, aux majors et aux gafa pour niveler par le bas depuis tant d’année la création musicale en nous imposant leur « stars » et surtout en rémunérant les artistes de manières honteuses). Les "tubes" de Waltari sont au premier abord simple, mais en s’y attardant bien, d’une grande qualité d’écriture ce qui n’est pas l’apanage de beaucoup de groupe même non métal. Les plus illustres et intouchables ayant réussi cet exploit à la perfection étaient les Beatles et Sir David Bowie.
Paris, Divan du Monde 2012
Pour ce nouvel album on ne change pas une équipe qui gagne. La recette Waltari prend, une fois de plus, très bien. Les titres sont bourrés de fabuleux refrains portés par le chant si particulier et varier de Kärsty (leader/bassiste depuis le début de la formation), des riffs hypers accrocheurs avec des hymnes groovy et puissant qui donnent envie, comme dit précédemment, de bouger et headbanger en permanence (12, "Mountain top", "Only the Truth", "Diggin’ the Alien"). On a aussi droit au moment de rage exaltant, quasi grind core, avec le déjanté "Strangled", du tribal avec l’intro de "Only the Truth", une petite ballade ("Televizor") et on trouve même de la chanson traditionnelle tendance folk/paillarde/délire ("Right Wing Theme"). Cette dernière est d’ailleurs peut-être le seul petit bémol à cet album car un peu longuette et, de plus, entièrement en Finnois donc pas trop facile d’accrocher…
Hormis cela l’album est un bonheur, il file comme l’éclair et une fois la dernière note de "Diggin the Alien" évanouie dans l’air la seule chose à faire est de se le repasser.
Paris, Divan du Monde 2012
Finalement Waltari ne fait-il pas, tout simplement, de la musique universelle, touchant tout le monde sans se poser de questions ? C’est peut-être ça le problème de bien des groupes, s’en poser trop de questions en délaissant le grain de folie qui créer les grands morceaux. Alors lâchez-vous musiciens, faites ce qu’ils vous plait car c’est le message que l’on peut comprendre à travers le titre de de ce nouvel excellent album et même à l’image de la carrière de ce combo hors norme à découvrir pour certains et qui confortera pleinement les autres qu’il est un groupe majeur depuis presque 30 ans !
Une chose est sûre, ici, à La Grosse Radio, We are Waltari ! Et vous ?
Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
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