Non content d’avoir été un précurseur dans le domaine de la littérature fantastique, Howard Philipp Lovecraft peut se targuer d’avoir écrit une œuvre qui reste une source d’inspiration majeure pour les musiciens de metal. Outre Metallica et son « Call of Ktulu », d’autres artistes se sont inspirés des Grands Anciens. The Great Old Ones, Anthropia et maintenant Abyssal Ascendant font partie de ceux là. D’ailleurs le titre à rallonge de l’album annonce la couleur immédiatement.
Certes la source d’inspiration semble intarissable, mais avouons que niveau originalité le sentiment de déjà vu est relativement fort. Musicalement, c’est d’ailleurs la même chose.
Abyssal Ascendant délivre un brutal death qui ne révolutionne rien. Mais petit à petit, il faut admettre que cette formation réussit son pari, celui de prendre l’auditeur au jeu et d’apprécier la musique pour sa qualité intrinsèque, faisant fi de tous les éléments cités précédemment.
Oui, citer Lovecraft comme inspiration ce n’est plus très original. Mais arriver à recréer l’ambiance glauque et malsaine qui ressort de la lecture de son œuvre sur un support musical, voilà qui relève du tour de force. Dès l’introduction, « Celephaïs Chant », Abyssal Ascendant nous entraîne dans la cité de R’lyeh avec ses ambiances mystiques et oppressantes typiques des Mythes de Cthulhu.
Mais c’est le premier vrai titre, « The Nameless Shape » qui donne réellement le ton de la galette, avec ses blast, ses riffs de haut vol et ses sweeps savamment distillés. La violence des compositions du combo français associée à la technique d’exécution ne devrait laisser personne de marbre. Tel un monstre venu des abysses de la Terre, Abyssal Ascendant assène des martèlements caractéristiques du brutal tout au long des 43 minutes du disque, d’autant plus impressionnant que le combo évolue sous la forme d’un trio.
Il est donc légitime de se demander si le combo arrivera à recréer une telle puissance en live, d’autant plus que l’on entend clairement la présence d’une seconde guitare sur les rythmiques. Mais pour en revenir au studio, Abyssal Ascendant parvient à nous évoquer des formations renommées telles que Kronos ou Nile (« Disrupted Incarnation »), peut être en raison du mélange bien équilibré entre brutal et thèmes épiques (rehaussés de claviers discrets, comme sur « The Black Pharaoh »).
Le chant de Florent est massif, mais le vocaliste est épaulé sur « Interdimensional Predation II » par le chanteur de Morgon, dont le timbre rappelle les intonations de voix de Kelly Shaefer (Atheist).
On pourra tout de même reprocher le fait que la basse de Fanny (pourtant co-fondatrice du groupe) soit trop en retrait et que ses parties rythmiques suivent les plans de guitare de façon un peu trop convenu. Quoi qu’il en soit, Abyssal Ascendant s’en sort très bien pour un premier opus, qui tient finalement ses promesses. L’esprit lovecraftien est bien transposé en musique (aidé par les bruitages qui glacent le sang sur « The Gift of Shub-Niggurath ») et les compositions sont efficaces (« Temple of the Thousand ») malgré leur manque d’originalité.
Ne reste plus qu’à attendre une confirmation scénique du potentiel d’Abyssal Ascendant, qui se positionne d’emblé comme une formation à suivre de près !
Note : 7/10
Photos promotionnelles : DR