Album salvateur
Malgré un début et un milieu de carrière lumineux, il fut malheureux de voir Soulfly s'embourber dans des albums de qualité inférieure à partir de 2010. Les voir remonter la pente d'un coup était difficilement imaginable et pourtant, Max Cavalera, sans révolutionner le genre, délivre avec Archangel un album de qualité tout à fait acceptable et tend à renouer avec ce qui faisait le sel de Soulfly : le voyage musical.
On aurait pu croire que Max Cavalera s'était grillé. A force de sortir des disques à répétition, que ce soit avec Cavalera Conspiracy, Killer be Killed ou Soulfly, l'icône du metal tribal n'en finissait pas de brûler ses cartouches, ce qui a donné une sérieuse baisse d'inspiration pour Soulfly à partir d'Omen. Si Savages n'était pas aussi catastrophique qu'Enslaved, on aurait difficilement cru qu'un album de la trempe d'Archangel puisse sortir aussi vite.
Attention cependant, Archangel n'est pas non plus un album qui atteint le firmament en moins de 37 minutes. Soulfly ne signe pas ici un momument, mais renoue avec une certaine exigence qui se traduit tout d'abord par l'enrobage. Si l'habit ne fait pas le moine, on constate que la pochette est bien plus travaillée que celles des albums précédents, tout en s'accompagnant d'une thématique biblique fouillée, qui revient dans la musique et dans les paroles de certains titres. Ainsi, Max Cavalera passe de la jungle à la cathédrale et parsème Archangel d'interludes de cet univers, notamment dans le morceau-titre, s'essaie à l'araméen et au latin pour mieux coller à l'ensemble
Et la musique dans tout ça ? Soulfly se plait à travailler le contraste entre une thématique travaillée et une musique brute de décoffrage. Et ce dès le morceau d'ouverture, "We Sold Our Souls to Metal", qui claque comme un coup de trique, tout en simplicité, mais qui accroche tout de même. Max répète l'exercice avec "Deceiver", plutôt bien fichue avec un solo particulièrement inspiré de Marc Rizzo. Le reste de l'album est assez varié et intéressant pour tenir l'auditeur en haleine, avec des choeurs grandiloquents sur "Titans", une ambiance inquiétante sur le mid-tempo "Behlehems Blood" et met un peu de groove dans la brutalité pachydermique d'"Ishtar Rising".
De plus, Soulfly gagne en puissance sonore et en interprétation. Après un Enslaved brouillon, le groupe s'est ressaisi pour donner un disque avec une meilleure puissance sonore et des mélodies plus soignées. Les compos semblent plus cohérentes et Marc Rizzo, sous-employé sur les deux derniers albums, offre des interventions plus intéressantes.
Sans revenir au niveau d'un Prophecy ou d'un Dark Ages, Soulfly a eu le mérite de se ressaisir et d'offrir un album concis et fort plaisant à écouter. S'il reste un peu de gras, notamment sur "Sodomites", Max Cavalera semble avoir retrouvé le chemin de l'inspiration et montre un peu plus d'envie, même dans son chant. De quoi se rassurer pour le futur du groupe.