Un nouvel album d’Amorphis, c’est toujours un petit événement en soit tant les Finlandais n’ont jamais déçu. Bien sûr la recette a pu paraître s’essouffler, sur Circle par exemple, mais celle-ci fait toujours le bonheur des auditeurs avertis du combo. Under The Red Cloud ne va pas réinventer la poudre mais on retrouve un Amorphis un peu plus incisif sur ce nouvel effort et qui nous gratifie de son meilleur opus depuis Skyforger.
Depuis l’arrivée de Tomi Joutsen (chant), Amorphis nage sur un rythme de croisière et Under The Red Cloud ne fera pas plus de vagues que ses grands frères. Tout au long des dix morceaux que compte ce nouvel opus on participe au même voyage musical que sur les prédécesseurs, et pourtant le voyage est tellement agréable et transcendant qu’on ne peut s’empêcher d’acquiescer dès les premiers instants.
Under The Red Cloud s’ouvre sur le titre éponyme et son intro au piano toute en douceur, on ressent d’ores et déjà la patte musicale d’Amorphis et c’est dans un état d’esprit positif que commence l’écoute. La voix claire de Tomi Joutsen fait très rapidement son arrivée et on sent qu’il sait se faire encore plus doux qu’auparavant pour mieux asséner son growl reconnaissable entre mille ensuite. De manière générale, l’alternance entre les deux types de chants se fait de manière fluide tout au long de l’opus grâce au talent indéniable de ce dernier. Pas la peine de mâcher nos mots, Tomi Joutsen est un des plus grands chanteurs et frontman de la famille metal et il nous le démontre encore une fois.
Bien sûr, ne parler que du chant dans Amorphis serait une abomination tant la musique et les mélodies occupent la place centrale dans chacun des morceaux du groupe. Les architectes de cette musique sont toujours les mêmes depuis la création du groupe en 1990, Esa Holopainen et Tomi Koivusaari (guitares) créent les ambiances magistrales auquel nous avons le droit, bien aidé il faut le dire par les claviers de Santeri Kallio. Quelques surprises aux niveaux des instruments émaillent l’écoute de l’album avec notamment les parties celtiques entre orgue et flûtes sur "The Four Wise Ones". Mais ce qui fait la force d’Under The Red Cloud réside dans les deux morceaux avec un fort accent oriental que sont "Death Of A King" et "Enemy At The Gates". Le premier – qui fut le premier titre dévoilé d’ailleurs – voit l’apparition d’un invité chevronné en la présence de Martin Lopez (ex-Opeth) pour la flûte et le sitar et le second est surprenant puisqu’il fait penser à du … Orphaned Land. Simple coïncidence ou influence avérée ?
Hormis Martin Lopez, on retrouve d’autres invités sur cet album. Chrigel Glanzmann (Eluveitie) vient poser sa flûte sur "Tree Of Ages" et Aleah Standbridge (Trees Of Eternity) vient nous gratifier de sa voix mélancolique et envoutante sur le titre final, "White Night", en comparaison des interventions de Tomi Joutsen.
En revenant sur "Death Of A King", le choix de cette chanson comme tout premier extrait aura porté ses fruits tant le morceau est accrocheur. Entre les growls dévastateurs de Tomi Joutsen et les riffs du duo de guitaristes, ce titre se porte comme un des plus efficaces dans la carrière d’Amorphis avec surtout ces trente dernières secondes qui vont ruiner les cervicales d’un bon paquet de gens. Le choix de "Sacrifice" comme véritable single est par contre un peu plus suspect tant le morceau malgré son côté très direct est clairement le titre le plus faible d’Under The Red Cloud. Pour une fois, c’est le chant qui est le moins probant sur ce titre, parce que musicalement c’est encore de toute beauté. Résultat, la mayonnaise ne prend pas entièrement.
En excluant le léger faux pas de "Sacrifice", Under The Red Cloud se révèle être un album de haute volée et ce n’est pas la deuxième partie du disque qui pourra vous faire penser autrement. Entre "Dark Path" pendant lequel Tomi Joutsen nous rejoue le coup du growl à la "Nightbird’s Song", "Enemy At The Gates" et son influence orientale, "Tree Of Ages" qui n’aurait pas fait tâche sur Circle puis le majestueux "White Night" qui comme nous l’évoquions un peu plus haut nous offre un très joli duel au chant en clôture de cet opus.
Après un Circle un poil décevant, Amorphis revient à la charge de la plus belle des manières avec Under The Red Cloud. Un des albums les plus aboutis du sextet et un des meilleurs albums de l’année, rien que ça. Jetez-vous y sans crainte, vous allez être conquis comme à chaque fois que les finnois viennent réchauffer nos cages à miel avec leurs douces mélodies.