"Twelve years I've fought for this.."
Trois ans, c’est le temps qu’il aura fallu à Parkway Drive pour accoucher du successeur d’Atlas. Plus de milles jours pendant lequel les australiens ont sillonnés le monde comme peu de groupes en sont capables. Trois années qui ont forgées le son d’IRE et la nouvelle direction du combo de Byron Bay. IRE est l’album de l’année, l’album qui va permettre à Parkway Drive de devenir le nouveau mastodonte de demain.
Déjà considéré comme les rois du metalcore, Parkway Drive a décidé après douze ans de carrière et quatre albums d’élargir son horizon par envie de ne pas devenir des clones d’eux-mêmes. L’intention est louable et peut se révéler comme une décision qui va changer la vie du groupe comme être un véritable coup d’épée dans l’eau. Beaucoup ont essayés et peu peuvent se targuer d’avoir eu la bonne recette.
En juin dernier alors que les australiens partaient en tournée d’été sur le sol européen, c’est la bombe "Vice Grip", et son clip à faire pâlir un acrophobe, qui avait débarqué sur les ondes. Un morceau terriblement bien choisi puisqu’il y a assez d’éléments classiques – riff entêtant et refrain de stade - pour contenter les fans en comparaison à tous les éléments qui annoncent un virage sur le reste de l’album. Un titre dont le riff final de guitare fait incroyablement penser à certains riffs de Michael Ammott dans Arch Enemy. Au cœur de l’été, "Crushed" a fait son apparition. Un véritable uppercut pour quiconque aurait pu insinuer que Parkway Drive s’était véritablement assagit ; que nenni avec ce titre violent aussi bien musicalement que dans les paroles de Winston McCall. Deux titres, deux ambiances diamétralement opposés et pourtant révélateur du son du quintet. La guitare de Jeff Ling est placée au centre de toutes les attentions mais la production est tellement aux petits oignons que chaque élément bénéficie de son propre espace d’expression, un régal pour les oreilles.
Histoire d’aller jusqu’au bout de son nouveau concept, IRE ne bénéficie pas d’un morceau d’intro et commence directement pas un morceau qui scotche l’auditeur. "Destroyer" a tout pour devenir un futur incontournable des setlists avec ce riff d’intro mémorable puis les chœurs et les percussions qui viennent s’y mêler pour mieux permettre à Winston McCall de faire une entrée fracassante. A l’image de "Wild Eyes" sur Atlas, "Destroyer" permet une nouvelle fois de montrer qu’on peut être un musicien accomplit et doué dans un style metalcore, Jeff Ling en est le meilleur exemple et il n’aura cesse de le faire tout au long des onze titres d’IRE. Sur le titre suivant, "Dying To Believe", c’est Winston McCall qui prend la vedette en repoussant ses capacités vocales comme jamais, lui qui a pris des cours de chant pour la première fois de sa vie en prévision de l’album, sur ce morceau. Son chant crié typique est toujours présent mais il se fend d’un texte quasiment rappé puis d’un growl juste après le pont, imparable.
Mis en ligne quelques jours avant la sortie de l’album, "Fractures" s’ouvre sur un riff qui fait étrangement penser à Iron Maiden (surtout quelques jours après la sortie de The Book Of Souls). Pour cet album, Parkway Drive a changé sa façon de composer naviguant entre les sessions de jams et les morceaux écrits suite à une idée de riffs, de textes ou encore de batterie. "Fractures" est un bon exemple de cette nouvelle recette avec le riff de guitare d’un côté et la base rythmique de Ben Gordon (batterie) et Jia O’Connor (basse) qui semble galoper et prendre son propre chemin. Pourtant, quand on écoute le morceau, la mayonnaise prend tout de suite. Même sort pour "Bottom Feeder" qui aurait eu définitivement sa place sur Atlas voir même sur Deep Blue. Sur ce morceau, la basse vrombit tellement que l’on n’ose pas imaginer les dégâts dans la fosse quand ce morceau débarquera. "The Sound Of Violence" met l’accent sur les chœurs dans le refrain et encore une fois une mélodie de guitare heavy, se basant sur des aigües.
Jusqu’ici, quiconque connaissant Parkway Drive peut s’y retrouver parce que les éléments qui ont fait le succès du quintet sont présents. Les australiens sont les rois des morceaux singalong que ce soit grâce à un refrain qui reste en tête ou alors un riff de guitare qui est repris en chœur par le public ("Wild Eyes" encore une fois) alors quand "Writings On The Wall" arrive, c’est la surprise qui nous frappe. Intro aux violons et contrebasses, percussions, piano et la voix de Winston McCall qui vient nous conter une histoire. L’ensemble est tellement frappant qu’il faut plusieurs écoutes pour comprendre ce qui se passe. La guitare fait des apparitions douces et légères sur le refrain, laissant la place prépondérante aux percussions avant de rentrer dans la danse à la manière d’un morceau thrash. "Writings On The Wall" se termine par quarante secondes de piano tel le symbole d’un groupe qui assume ce qu’il fait et qui en plus se permet de le faire d’une façon extraordinaire. Il y a de fortes chances que les coreux soit perplexe face à ce titre et pourtant, c’est le plus audacieux de la carrière de Parkway Drive. Pas terminé à deux jours de la fin de l’enregistrement de l’album, nous pouvons nous estimer heureux que l’inspiration soit revenue parce que ce titre est un monument.
Alors que la plus grande partie de l’album est un pied de nez aux fans de la première heure, "Dedicated" vient les caresser dans le sens du poil. Impossible de s’y tromper à l’écoute des paroles, ce morceau traite de l’histoire du groupe et des douze années qui se sont écoulées depuis la genèse de Parkway Drive en 2003. Et comme un symbole, ce morceau prend ses racines dans le metalcore virevoltant du tout premier album des australiens, Killing With A Smile, avec un breakdown absolument monstrueux, un des plus violents jamais écrit par le groupe en cinq albums.
IRE s’achève sur "A Deathless Song", un titre qui s’ouvre avec une guitare acoustique, enchainé par une mélodie technique et douce. Un titre qui à l’instar de "Blue and the Grey" sur Atlas termine en beauté l’album par un morceau moins rentre dedans mais qui permet de mettre à l’honneur chacun des membres du groupes. Bien que probablement jamais joué en concert, ce titre est peut-être avec "Writings On The Wall" le plus intéressant en termes de construction et d’idées de la part du quintet.
Après quarante-huit minutes, IRE s’achève et donne immédiatement l’envie de s’y replonger. Contrairement aux autres efforts du groupe, il vous faudra plus d’une écoute pour rentrer dedans et c’est signe d’un très grand album. Parkway Drive dépasse le carcan du metalcore avec cet album pour s’ouvrir à de nouveaux horizons. IRE est le passeport du groupe pour les plus hautes places des festivals du monde dans les années à venir, un peu comme Avenged Sevenfold avec Hail To The King. IRE est un très grand album, Parkway Drive est en train de devenir un mastodonte du metal actuel et il est temps pour le monde entier de s’en rendre compte.
Merci à Charles de HIM-Media et Epitaph pour la séance d’écoute de l’album en avant-première.