En cette année 2015, un des groupes les plus décriés de la scène neo metal franchit la barre symbolique (fatidique?) du dixième album. Après un Murdered Love plutôt convaincant et un album acoustique franchement poignant, P.O.D. avait de quoi être confiant et laissait espérer une nouvelle production de qualité. Seulement voilà, les Américains ont vu les choses différemment et propose avec The Awakening un concept album assez bancal.
Comme les balles en argent sur les loups-garou ou l'ail sur les vampires, P.O.D. n'a pas vraiment un effet positif sur les « troux mettaleus ». Faut dire qu'un groupe estampillé « neo (ARG!) metal chrétien (AU SECOURS!) au chant rap (RIP) » ne risque pas de faire l'unanimité d'entrée. Pourtant, P.O.D. S'avère être une formation majeure de la vague « neo » du début des années 2000. Por rappel, en 2001, Satellite avait envoyé une sacrée claque notamment grâce au tube légendaire "Youth of The Nation" ; que certains ont pu découvrir le biais du jeu vidéo Agressiv Inline sorti en 2003. M'enfin, tout cela est bien loin aujourd'hui. C'est en tout cas ce que l'on se dit après l'écoute de The Awakening.
Pour certains, concept album est un terme synonyme de crainte, pour d'autres de curiosité. The Awekening est un mélange des deux mais avec des proportions inégales : si l'idée de base s'avère plutôt sympa, le résultat est plutôt moyen. P.OD. invite ici l'auditeur à suivre le parcours d'un homme à la recherchedu salut et cherchant la paix avec lui-même.
Un scénario vu et revu mais qui peut s'avérer efficace s'il est bien amené. Mais on parle ici d'un album et non de cinéma. Musicalement donc, ça commence plutôt bien avec "Am I Awake" qui introduit « l'histoire » avec un dialogue sur fond de musique. Dans l'ensemble ça se passe plutôt bien jusqu'au moment où Sonny Sandoval prend le micro. On est bien loin de la hargne et des phrasés rapides d'antan. Cela reste audible mais paraît vraiment poussif. Mais la suite est plus rassurante et l'ami chicano semble avoir encore de beaux restes. On le remarque avec les deux tubes "This Goes Out to You" et "Rise of NWO".
Malheureusement, seuls ces deux titres sortent du lot car la suite n'est que routine et maladresse. On note donc d'abord un gros manque d'inspiration avec la triplette "Somebody's Trying to Kill Me", "Get Down" et "Speed Demon" où P.O.D. jongle avec le nu metal, le hard rock et le punk californien. Gros manque de cohérence avec" Revolusión" qui propose, là encore, du punk coupé NET par un passage reggae sans intérêt. On note ici la présence de Lou Koller de Sick of It All.
Il faut également revenir à la narration qui se fait ici grâce à des dialogues qui, parfois, s'avèrent poignant. On retient notamment Criminal Conversations où Maria Brink (In This Moment) tient une discussion quelque peu déroutante avec le « héros ». Mais dans l'ensemble, on n'est que peut attiré par ces échanges parfois longs, surtout lorsqu'ils sont au début des titres.
Malgré une prod de qualité, des musiciens convaincants et quelques bons moments, The Awakening est une déception. Plutôt convaincant sur le papier, le concept peine à charmer car porté par des compositions bien trop sages et brouillonnes. Et on ne peut même pas parler ici « d'album pour les fans » puisqu'ils seront les premiers à regretter ce que l'on peut supposer être une tentative maladroite d'évolution.