Sadist – Hyaena

Formé au début des années 90 en Italie, Sadist a acquis une certaine renommée dans le milieu du death metal, lui conférant un statut culte, maintes fois entretenu par des sorties de qualité. Alors que Cynic ou Atheist ont représenté avec brio le death technique à tendance progressive à cette époque, Sadist est resté sous-estimé avant son split en 2001, n'ayant pour autant rien à envier aux deux groupes sus-nommés. Depuis sa reformation en 2005, le groupe a choisi de prendre son temps pour accoucher d'albums bien pensés, au sein desquels rien n'était laissé au hasard.

Ce Hyaena ne fait d'ailleurs pas exception à la règle. "The Lonely Mountain" nous permet de nous retrouver en terrain familier, avec un son de basse fretless typique de la musique du combo. La longue introduction instrumentale pourrait par ailleurs évoquer un Dream Theater des grandes heures, avant l'arrivée du chant death de Trevor Nadir. De légères nappes de clavier viennent agrémenter la musique sur le refrain, sans pour autant l'alourdir la musique et la rendre désuette. Dès ce premier titre, on sent que l'on tient une grande oeuvre de techno-death.

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La suite ne fait que confirmer cette excellente impression. La marque de fabrique du groupe est là dès les plans de basse jazzy d'Andy Marchini ("Genital Mask"), dans la droite lignée d'un Tony Choy (Pestilence, Atheist) ou de Sean Malone (Cynic).

Côté six cordes, Tommy Talamanca s'illustre tout au long des quarante-cinq minutes de l'opus, proposant des plans groovy et inventifs que n'auraient pas renié les hollandais d'Exivious. De même, certains soli de guitare rappellent les meilleurs moments de la discographie de Steve Vai (le solo de fin de "Genital Mask" aurait eu sa place sur Fire Garden).

A l'heure où Cynic se perd dans un metal progressif de plus en plus éthéré (et dans des querelles internes entre ses membres fondateurs), Sadist revient à la base de ce style musical, tout en apportant sa patte latine et sa personnalité. Le chant vocodé sur le refrain de "The Devil Riding The Evil Steed" est certes un clin d'oeil très appuyé à Paul Masvidal, mais les Italiens savent néanmoins faire preuve d'une agressivité bien dosée (les couplets de "Scavenger and Thief" ou ceux d' "Eternal Enemies" sont là pour en témoigner). Mais Sadist aime surprendre, si bien que certains ponts font appel à des rythmiques tribales et exotiques très proches de la world music ("African Devourers", qui porte plutôt bien son nom). Une telle démarche implique nécessairement une grande ouverture d'esprit de la part des auditeurs, mais passée la surprise de la découverte, c'est un univers d'une richesse impressionnante qui s'offre à nous. Les Italiens prennent donc des risques, sortent des sentiers battus et font preuve d'une créativité bien rare à l'heure actuelle dans le milieu du death metal.

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L'omniprésence des claviers pourra en irriter certains, mais le mixage les place plutôt en retrait, apportant une touche mélodique et progressive qui n'empiète pas sur les riffs alambiqués. Les Italiens ont cependant eu la bonne idée de ne pas remplir à ras bord leur album, si bien que les titres peuvent être denses sans pour autant frôler l'indigestion. Apprivoiser ces 45 minutes de musique ne sera pas chose aisée, mais une fois ce travail effectué, l'auditeur se délectera de chaque seconde.

Plus qu'un groupe de death metal, Sadist est un ovni qui vient aujourd'hui se rappeler à notre bon souvenir avec un chef d'oeuvre du genre. Avec Hyaena, espérons que les Italiens bénéficieront enfin d'une reconnaissance méritée, hors du seul cercle des initiés.

 

Photos promotionnelles : DR

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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