Intronaut et son post-hardcore mélodique et torturée a su se faire discret depuis sa création en 2004.
Peu connu mais pourtant bien reconnu par des pointures telles que Tool ou Mastodon, Intronaut ne cesse de recevoir les éloges des critiques depuis la parution de leur premier album Void en 2006.
En onze ans de carrière et quatre albums sortis, le groupe est quasiment resté le même à l'exception du guitariste chanteur lorsque Dave Timnick remplace Leon Del Muerte en 2007. Actuellement, Intronaut c'est une alchimie musicale menée d'une main de maître par Sacha Dunable (guitare, chant), Dave Timnick (guitare, chant), Danny Walker (batterie) et Joe Lester (basse).
Chaque membre du quatuor émerge d'un univers musical très différent, en passant par le Grindcore, la World Music, le Jazz ou encore le Metalcore et ça s'entend très nettement. Leur dernier opus intitulé The Direction of Last Things démontre encore une fois que Intronaut excelle dans la composition en délivrant des parties musicales hallucinantes dans chacune des sept chansons du disque. Il est rare de retrouver des éléments de Hardcore d'antan appuyés par des sonorités plus Metalcore actuel avec des parties de Jazz et pourtant c'est bel et bien ce que propose Intronaut.
«Fast Worms» lance les hostilités, c'est un titre alliant riffs de metalcore et chant crié pour débuter, puis s'envole avec des riffs très progressifs et du chant clair. Le jeu de batterie est impeccable et la basse est si bien maîtrisée, que même sans connaître les spécificités de l'instrument on y entend clairement le son caractéristique d'une fretless, que beaucoup de bassistes de Jazz ou de Death Metal affectionnent. Beaucoup de passages étonnant dans ce titre avec des parties de guitares en clean puis un solo de basse bien jazzy. C'est un morceau d'ouverture où les musiciens d'Intronaut montrent ce qu'ils savent faire de mieux et qui peut assurément plaire au plus grand nombre.
«Fast Worms» est l'exemple illustrant au mieux l'ensemble de l'album puisque celui-ci possède la même direction artistique sur sa quasi-totalité. La structure des morceaux est donc assez identique sur chaque piste, en commençant par de lourds riffs distordus, variant sur des riffs progressifs accompagnés de petites mélodies de guitares cleans pendant les breaks et pour finir, un retour sur de la vitesse, de la puissance et du scream. C'est un mélange réellement intéressant qui mérite qu'on y jette une oreille, il faut voir ça comme un test scientifique. On commence à écouter l'album en se disant qu'il faut tenter l'expérience et on termine le disque en étant conquis, test réussi.
A l'inverse de «Fast Worms» et des quatre autres chansons l'accompagnant dans une composition similaire, «The Unlikely Event of a Water Landing» et «City Hymnal» sont écrite d'une manière différente. La première, après une longue intro digne d'une bande originale de film d'épouvante, part sur quelques accords de guitares simples suivis d'un chant non sans rappeler quelques prestations de Mikael Åkerfeldt (Opeth) sur Damnation et c'est ensuite qu'arrivent les guitares plus saturées, des riffs plus heavy et un chant plus torturé. Le titre possède un break où Joe Lester fait preuve d'une incroyable virtuosité et d'une grande maîtrise de sa basse pour laisser place à un superbe solo de guitare. “City Hymnal” suit donc aussi cette construction à part le pont, qui joue plutôt un rôle de break d'ambiance pour ensuite faire repartir le morceau sur un riff d'une extrême précision.
A noter, la cinquième piste de l'album “Sul Ponticello” est aussi représentative de l'ADN d'Intronaut et des nombreux genres musicaux avec lesquels les membres du groupe sont familiers, au sein d'une composition progressive arborée de riffs à couper le souffle. Un titre très surprenant pour son outro qui commence par un appel à la prière et se termine par une partie de discours politique.
Il n'est pas étonnant de voir que Intronaut ait déjà entrepris des tournées américaines officiant en tant que premières parties de Mastodon, Tool ou Meshuggah par le passé puisque leur oeuvre se rapproche de ce que font ces groupes aussi. Pas de la même manière, mais les influences sont présentes. C'est là, la grande qualité du quatuor de Los Angeles. Une créativité imparable et un mental d'acier qui en font un groupe complet, bourré de mélodies superbes et régnant sur les éléments progressifs. Lorsque l'on s'imprègne de l'univers fou d'Intronaut, est-ce surprenant d'apprendre que Devin Townsend a mixé l'album ?
The Direction of Last Things est un ouvrage complet et étonnant. Même si l'on ne connaît pas Intronaut une seule minute d'écoute peut suffire à donner envie d'acheter l'album. Le travail de l'univers, de l'écriture musicale, des paroles, de chaque partie instrumentale de toutes les chansons sans exceptions, peut aisément donner des vertiges à celui qui s'y aventure !