Un album qui réveille (presque) les morts
Pour sûr, la séparation de Cathedral n’était pas une bonne nouvelle par les fans de doom. En effet, elle scellait la fin de carrière d’un groupe qui s’est révélé essentiel à la modernisation du genre, produisant des albums qui sont devenus des classiques, dont l’influence se ressent toujours aujourd’hui. Après Napalm Death et Cathedral, le destin a décidé qu’il n’était pas temps pour Lee Dorrian de prendre sa retraite. Ainsi se forma donc With The Dead, avec deux ex-Electric Wizard, Tim Bagshaw (basse et guitare) et Mark Greening (batterie).
Le personnel a de quoi faire rêver. Trois anciens de formations cultes de la scène doom joignant leurs forces pour former un nouveau projet musical : on pouvait en attendre beaucoup. D’autant plus qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié, puisque ce n’est autre que Jaime Gomez Arellano qui s’est chargé d’enregistrer/mixer/masteriser cet album. Ce choix, en plus d’être révélateur d’un goût certain étant donné le CV impressionnant et éclectique de Jaime, est somme toute logique puisqu’il avait déjà travaillé sur plusieurs albums de Cathedral. Faire appel à lui garantissait une production aux petits oignons, et sur ce point précis, c’est effectivement une pure réussite. L’album atteint un parfait équilibre entre vieille école et modernité, entre son cradingue et précision.
« Crown of the Burning Stars » fait parfaitement son boulot de chanson d’ouverture de l’album, avec des riffs surpuissants, une section rythmique lourde à souhait, et le chant rocailleux de Lee Dorrian qui se fait souvent incantatoire. Ils nous avaient promis du lourd, et c’est effectivement ce qu’ils nous donnent, renvoyant clairement aux meilleures heures d’Electric Wizard. Enfin, sur la première moitié de l’album.
Car c’est là que le charme s’estompe en partie. Les trois premières chansons de cet album sont effectivement de pures bombes doom, avec parfois une petite touche de mélodie blues, notamment sur « Nephtys ». Si tout l’album avait été de ce tonneau, il aurait sans difficulté se hisser parmi les meilleures sorties de l’année. Mais à partir de « Living With The Dead », le tout retombe comme un soufflet. C’est une bonne idée de ralentir encore plus le tempo et de répéter des riffs, mais dans ce cas, il faut que ceux-ci soient excellents, sans quoi, l’ennui pointe vite le bout de son nez, et c’est tout le problème ici. Peut être qu’avec l’énergie du concert, ces titres arriveront à convaincre sur scène, mais sur album, on a du mal à être convaincu, à part par la plus énergique « I Am Your Virus ».
La situation est donc très ironique. Lee Dorrian nous déclarait lui-même en interview qu’il considérait que With The Dead devait sortir un album et pas un EP, le public ayant peu d’attention pour ces derniers. Mais à quoi bon sortir un album si la moitié est d’une qualité s'approchant du b-side ? En tout cas, le plaisir de retrouver Lee Dorrian au micro reste là, surtout avec de tels acolytes… On peut donc espérer que le trio fera mieux la prochaine fois, et que leurs concerts seront à la hauteur de leurs réputations respectives.
Chronique par Tfaaon