Urgehal – Aeons in Sodom

Lorsque Trondr Nefas disparait malheureusement d’une cause naturelle à l'âge de 34 ans le 13 mai 2012 cela marque la fin d’Urgehal. En 2016, par amitié, et bien sûr en l’honneur de leur défunt chanteur et guitariste, les Norvégiens décident pour clore leur histoire de produire leur ultime album. La moitié de ce « lègue » a été écrit par Trondr avant de mourir, l'autre moitié par le guitariste Enzifer.

Et pour rendre hommage à leur ami de la plus belle des manières, ils ont eu l’idée d’inviter des amis musiciens très proches du groupe pour garder l’esprit original du black metal tout en gardant intact les exigences de Trondr, c’est à dire un son bien sale et dur dans lequel les paroles ne traitent que de satanisme et de misanthropie. Faisons donc une dissection méticuleuse du cadavre en décomposition avant que l’on ne referme ce sixième tiroir glacé.
 

Urgehal


Le phrasé de nocturne Nocturno Culto est reconnaissable dès les premières notes de « The Iron Children » qui nous asphyxie d’emblée dans une cavalcade black n’ roll teintée d’un esprit punk cradingue. Morceau calibré pour le chanteur de Darkthrone entre accélérations brutales et break atmosphérique.

Sur « Blood of the Legion », Morten Shax, chanteur d’Endezzma (réanimation du projet Dim Nagel créé en 1993) vient poser sa ligne d’une voix railleuse. Pour rappel, sur Erotik Nekrosis (2012), l’unique album d’Endezzma on retrouvait Trondr Nefas. Avec ce titre on retrouve l’agressivité à l’état pur, rien ne manque, riff agressif, batterie organique, solo thrashien. Outch j’ai pris quoi sur la tête ?
Sur le même rythme soutenu on passe à « The Sulphur Black Haze ». Ca bouge autant que si vous rouliez en Austin Mini sur des routes sinueuses et caillouteuses d’Azerbaïdjan. Descente d’organes assurées ! D’abord, ambiance malsaine sur des breaks puis coup de batte de baseball cloutée derrière les oreilles juste après : parfait pour un réveil matinal ; l’érection nocturne en berne en une micro seconde en plus. La fin d’un très bon rêve humide. On a presque du mal à reconnaître la voix de Hoest sauf lorsqu’il la double sur certains passages.

Urgehal


Mannevond arrive et gueule un « Ouch » sur « Lord of Horns » qu’il aurait pu voler au chanteur de Taake. Le chanteur de Koldbrann avait joué avec Urghal en 2007. Violence, batterie déchaînée, riff maltraitant chaque corde de la guitare. Sataniquement pur, le solo de Malphas (Endezzma /Hagl) est rayonnant.

La voix de Niklas Kvarforth (Shining) se mélange parfaitement à la rythmique impitoyable de  « Norwegian Blood and Crystal Lakes » dans une orgie divine, épaisse, pataugeant dans une luxure ultime et irréversible.

La voix épaisse remplie de glaviots de Sorath Northgrove (Beastcraft/Vulture Lord) nous lâche des « Ouhh » bien pesés : batterie maîtrisée qui n’en fait jamais trop et riffs imparables. « Thy Daemon Incarnate » est d’une efficacité irréprochable !

Rythme syncopé à nouveau avec « Endetid », dommage que la voix de Nattefrost (Carpathian Forest) soit sous mixée malgré des coups de boutoir à chaque accélérations entrecoupés d’un break transcendant.

Urgehal


On retrouve Nag de Tsjuder sur « Psychedelic Evil ». C’est toujours aussi impressionnant de constater que des changements de rythmes bien à propos peuvent déclencher une envie de slammer au dessus d’une armée de casque à pointe. Même pas peur ! Ça sent les aisselles de 22 heures sans désodorisant après 3 jours de festival. Ça pulse.

Intro cathédrale avec « Woe », dernière partie de synthé par L. F. F. (Angst Skvadron/ Tusmørke /Three Winters et ex Endezzma)  pour un dernier Au Revoir à  Trondr…

Tels des musiciens à la fin d’un concert, les dos voutés, amis proches et musiciens s’en vont après avoir tout détruit pour rendre hommage à leur pote trop tôt disparu.

Je crois qu’on peut dire q’Urgehal a atteint la fin de leur route de la plus belle manière en fonçant directement dans le virage juste devant l’église.

 

Liønel / Born 666

 

Photos : © 2016 Octavia Marina Petru
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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