Danzig – Skeletons

Au bout de presque trente années de carrière avec le groupe qui porte son nom, Glen Danzig a décidé de rendre hommage à ses racines en se pliant à l'exercice de  l'album de reprises. Le résultat, comme souvent pour ce qui concerne ce genre de  chose, navigue entre le convaincant, le bon et le passable, sans oublier quelques  ratages. Skeleton est une parenthèse qui ne plaira vraiment qu'aux fans les plus curieux du Evil Elvis, ceux qui veulent savoir réellement de quel enfer il vient.

Ce dernier dimanche s'est déroulée la grande fête d'Epiphanie de l'église de Saint-Benton- sur-Mayhem organisée par le très révérend père Eddie Zehed en la salle jouxtant le  presbytère. L'assemblée de fidèles, en plus de l'office de rigueur, a eu le droit de déguster la  traditionnelle galette des rois en admirant le célèbre Glen Danzig et son orchestre venus interpréter l'intégrale de Skeletons, album de reprises sorti le 27 novembre 2015 sur Evilive (label fondé par Danzig).

Pour l'occasion, on avait installé un grillage séparant la scène de l'assistance dans la salle paroissiale, le même qui avait été inauguré à la suite du concert d'Henry Rollins et son Rollins Band donné à la Saint-Valentin. Rappelons que ce soir-là monsieur Rollins avait étranglé un spectateur avec son fil de micro à la suite d'une remarque de ce dernier concernant le risque d'attraper des verrues plantaires en se produisant sur scène pieds nus et en short. Ce grillage sert donc dorénavant à protéger le public de toute saute d'humeur excessive de certains artistes à risques comme Glen Danzig justement. Le père Zehed a  d'ailleurs confirmé que le grillage sera aussi de sortie lors du prochain concert d'Axl Rose et son groupe hommage à Guns N'Roses lors de la prochaine soirée spaghettis pour éviter tout incident.

C'est vers 16h00, au moment du goûter autour de la galette, que Danzig est monté sur scène pour interpréter son Skeletons, donc sous les « Vive le roi ! Il  a tiré la fève ! » (selon nos sources, Glen Danzig aurait fait acheter par son manager toutes les parts de galette contenant une fève, pour être sûr d'être le monarque absolu). Tous les titres de l'album de reprises ont été reproduits à l'identique, ce qui nous a permis d'avoir une oreille critique dessus.

Ainsi, « Devil's Angels », à l'origine morceau garage punk surf de Davie Allan And The Arrow illustrant la bande-son d'un film de bikers (produit par Roger Corman en 1967) portant le même titre s'est transformé en un plutôt bon morceau punk rappelant les grandes heures des Misfits, le premier groupe de Glen Danzig. Il y a de la guitare saturée, du larsen, le tempo est rapide et monsieur Danzig a rajouté des paroles à cette piste qui est instrumentale à la base. Le genre de morceau qui a tout de suite plu aux Démons du Paradis, la confrérie de motards présente dans la salle.

Toujours dans le domaine cinématographique (une des grandes passions de Danzig) « Satan » est un titre illustrant le thème musical d'une de ces diableries intitulée Satan's Sadist tournée en 1969 par Paul Wilier. Ce morceau est un slow avec cuivres à la base, Danzig en a fait un titre metal au tempo lent où le ténébreux chanteur joue les crooners pour un résultat convaincant, ce qui prouve que le groupe est plutôt doué dans ce style « dark romantic ».
Et ce ne n'est pas la réaction de l'association des joyeuses retraitées scrappeuses, venue en nombre, qui accueillirent cette chanson avec des cris et autres signes d'hystérie réservés d'habitude plutôt à Frédéric François ou Frank Michael, qui nous fera penser le contraire.

Le troisième titre « Let Yourself Go » a été l'occasion pour Glen Danzig de rendre hommage à sa grande idole : Elvis Presley. Ce titre du King, extrait de la bande originale du film Speedway (sorti en 1968) dans lequel il partage l'affiche avec Nancy Sinatra, est un morceau plutôt swinguant et cuivré. Danzig l'a métallisé avec un gros riff et bien entendu la voix suave du Evil Elvis. Le résultat est plutôt réussi et nous a rappelé la reprise de « Trouble », autre titre de Elvis, présente sur  Thrall-Demonsweatlive, le mini-album sorti en 1993. Cela nous remet aussi en mémoire que Danzig doit aussi bientôt sortir un album entier de reprises d'Elvis Presley pour un résultat qui peut s'annoncer intéressant.

On a laissé les vieilleries sixties ensuite pour s'attaquer à un autre style qui a influencé monsieur Danzig : le metal lourd. Ainsi débuta « N.I. B. », classique de Black Sabbath, groupe fort apprécié par notre très révérend père Eddie Zehed, qui se mit à dodeliner de la tête lorsque le riff se fit entendre. Que dire de cette version Danzig ? Elle est plutôt fidèle à l'originale mais a été « danziguée ». Comme l'a dit le révérend, qui fit honneur à ses origines normandes en affirmant cela : ce n'est pas complètement nul mais pas non plus complètement bon. Il y manque cependant le groove de la version d'origine.

La même remarque peut s'appliquer pour « Lord of the Thighs », vieux titre d'Aerosmith dont la version Danzig est un peu lourdingue et pataude, sans le groove d'origine encore, mais se laisse écouter. A noter cependant que les soli de guitare ont été soignés.

« Action Woman » est encore un titre garage, plus exactement de The Litter, formation proche des cultes The Sonics par son style. Danzig a conservé l'énergie du titre original et l'a métallisé pour en faire une version un peu plus evil. Cela fonctionne malgré les cris de putois possédé poussés par Glen Danzig.

« Stop ! Arrêtez ce massacre tout de suite je vous prie ! », cette interjection adressée par la  troupe scoute Les trois hommes barbus du Texas à l'encontre de Danzig et son groupe alors en pleine interprétation du « Rough Boy » de ZZ Top a bien failli créer un incident diplomatique. Le grillage a tenu malgré les coups de dents pour se faire une ouverture donnés par un Glen Danzig furieux et ayant envie d'en découdre avec les jeunes scouts l'ayant interrompu dans son concert. Il faut leur donner raison : cette reprise du blues futuriste des plus célèbres citoyens du Texas est une vraie purge. Le riff et le tempo sont lourdingues au possible, Danzig chante de façon désintéressée et surtout il n'y a aucun feeling. De plus Tommy Victor, avec tout l'immense respect que nous lui devons, n'est définitivement pas Billy Gibbons. Cette piste est vraiment le déchet de Skeletons.

Heureusement les choses se sont améliorées avec « With a Girl Like You », autre incursion dans le registre garage, un titre des célèbres The Troggs. La version Danzig est assez proche de l'originale mais avec un tempo plus rapide et un esprit bien punk et moins garage. Cela sonne comme un bon vieux titre des Misfits et ça fonctionne.

« Find Somebody » est un titre des Rascals, un morceau plutôt psychédélique à la base (proche de ce pouvaient faire The Byrds dans le genre). Danzig s'est réapproprié la chanson pour en faire une version lourde et sombre à l'ambiance assez ésotérique. On croirait entendre un inédit des sessions de Danzig 3 : How the Gods Kill, ce qui n'est pas désagréable.

Le concert de l'Epiphanie s'est achevé par la reprise de The Everly Brothers « Crying in the  Rain », plutôt fidèle à l'originale et qui est une preuve supplémentaire des talents de crooner de Glen Danzig, qui excelle dans le rôle de l'amoureux qui chante son coeur brisé. Ce slow a été l'occasion pour les Démons du Paradis d'inviter les joyeuses retraitées scrappeuses à danser joue contre joue.

La soirée a été clôturée par un wall of death suivi d'une danse des canards pendant que Glen Danzig, mis de bonne humeur par le fait que l'on lui ai fait remarquer qu'il était un grand monsieur, signait des pochettes de Skeletons, le représentant avec l'actrice porno Kayden Kross dans un pastiche de Pin Ups, album de reprises du regretté David Bowie.

                                           

Sistinas Caïn pour Lucifuge Magazine


 Liste des morceaux :
1.« Devil's Angels »
2.« Satan »
3.« Let Yourself Go »
4.« N.I.B »
5.« Lord of the Thighs »
6.« Action Woman »
7.« Rough Boy »
8.« With a Girl like You »
9.« Find Somebody »
10.« Crying in the Rain »

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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