La notoriété fulgurante de Volbeat a démarré en grande partie grâce à la nouveauté que le combo danois a dégainé, un metal-a-billy lourdo et entraînant. Avec l'album The Strength / The Sound / The Songs de 2005, les grandes lignes du style de Volbeat étaient déjà en place, et il n'est pas vraiment question de changer les bases, même dix ans après. Avec ce nouvel opus nommé Seal the Deal and Let's Boogie (remarquez l'habituelle opposition dans le titre et la pochette aux tons ocres), voyons ce que la bande de Michael Poulsen peut encore nous apporter sans essayer de trop se répéter.
Avec un line-up actuellement stabilisé (en comptant l'arrivée définitive de Kaspar Boye Larsen au poste de bassiste et sur le fait que Rob Caggiano soit resté depuis le dernier album), Volbeat se devait d'apporter un peu plus que sur ses précédents albums. Car beaucoup de fans (dont votre serviteur) commencaient à douter de la capacité du groupe à se renouveler un peu. D'accord, leur style est unique, mais passé l'effet de surprise et au bout du sixième album, on serait en droit d'attendre un peu de fraîcheur. Et soyons vite fixés, il y a du mieux, mais c'est pas encore tout à fait ça.
Que les fans purs et durs se rassurent, ils ne se sentiront pas trahis avec cet album. Et même si la révolution attendue ne sera pas pour cette fois, Volbeat tente quelques approches différentes et très plaisantes malgré un fond identique. Les morceaux sont plus cohérents, mieux construits, et conséquence directe : on s'ennuie beaucoup moins que sur certains pans entiers des albums précédents. Peu de couplets qui tombent à plat, des riffs groovy qui nous tiennent par la main tout au long des morceaux, sans oublier les mélodies plus accrocheuses que jamais, et ça fait plaisir !
Dans le détail, même si le début de l'album reste dans l'esprit originel de Volbeat (le trio de tête ''The Devil's Bleeding Crown'', ''Marie Laveau'' et ''For Evigt''), il ne faut pas attendre bien longtemps avant de se retrouver face au refrain qui tue (''Mary Jane Kelly'', ''Goodbye Forever'' ou encore ''BattleShip Chains''), au pont qui démonte (''The Loa's Crossroad'' et ses cornemuses, ''Seal The Deal'' bien sûr), ou au couplet quasi-parfait (''Black Rose'', merci Danko Jones qui aurait mérité beaucoup plus). Le côté sec et gras des riffs du premier album n'est toujours pas de retour avec une production très "propre", précise et puissante.
Un instant pour parler du titre ''Seal The Deal'', qui se pose en véritable OVNI de l'album, dans le sens positif du terme. Ce titre mérite un peu plus d'attention car il représente à lui seul parfaitement les attentes de ceux qui commencaient à tourner en rond, et démontre que Volbeat peut encore nous étonner... Une introduction rapide aux sonorités bien plus modernes que tout le reste de l’album, le riff de base évidemment thrash, un couplet qui fait monter la pression pour poser un refrain majestueux, un entracte plus calme avant d'achever la partie sur un pont / solo ultra efficace... La patte de Rob Caggiano sûrement ? Toujours côtés bon points, notez les cornemuses de "The Loa's Crossroad", les choeurs féminins sur le très bon refrain de ''Goodbye Forever'', les parties rappées de ''Black Rose'' ou l'ambiance saloon de ''Battleship Chains''.
Côté déception, hormis un manque d’originalité toujours présent, quelques compos manquent encore un peu d’accroche (''Rebound'' qui tourne en rond avec ses quatre accords, ou ''You Will Know'' qui peine un peu à décoller) quand des mélodies de voix ne sont pas carrément copiées – collées de morceaux plus anciens (''Mary Jane Kelly'' et son intro déjà entendue mille fois, couplets de ''Let It Burn''...). On a le sentiment que sur les quatorze (!!) titres de l’album, quelques uns auraient pu facilement passer à la trappe pour permettre quelques prises de risques supplémentaires, dont le dernier titre bonus ''The Bliss'', qui n’est autre que "For Evigt" avec des paroles différentes.
Volbeat ne nous sort toujours pas l’album qui fera revenir les fans lassés. Ne perdons pas espoir, quelques très bonnes idées encore sous-exploitées peuvent annoncer du nouveau pour la suite. Il est grand temps pour Michael Poulsen de renouveler la formule, et laisser enfin quelques lignes de chant ou mélodies au placard. Rendez-vous dans tous les cas sur scène cette année, où c'est certain, personne ne sera déçu.