Vektor – Terminal Redux

A l’heure où le revival thrash a le vent en poupe, Vektor sort Terminal Redux, son troisième album, bien décidé à faire évoluer le genre et se démarquer. Souvent comparés à Voïvod pour l’audace de leur musique, les Américains franchissent un nouveau palier dans l’expérimentation avec un opus de techno-thrash qui malgré sa durée (73 minutes au compteur), ne lasse à aucun moment.

En tant que fans de Science-Fiction, le quatuor a décidé de proposer un album concept, narrant les péripéties spatiales d’un astronaute solitaire. Si l’histoire développée rappelle les space-opera de l’écrivain canadien A.E. Van Vogt, c’est bien par sa musique que Vektor se distingue.

Commencer un opus de thrash par un titre de neuf minutes, voilà qui est osé. Vektor prend ce risque et dès « Charging the Void » l’auditeur sait à quoi s’en tenir. Les Américains proposent une musique riche, avec de nombreux changements de rythmes et des structures empruntées au progressif. Côté chant, David Di Santo (guitare/chant) se permet même de puiser son inspiration vocale au sein du black ou du death metal. Désireux de surprendre et de se démarquer, les musiciens n’oublient cependant jamais la mélodie, que ce soit au cours de l’interlude acoustique « Mountain Above the Sun » ou au sein de l’épique et progressif « Collapse ».

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Les riffs de Di Santo et d’Erik Nelson (guitare) sont à la fois accrocheurs et directs (« Pillars of Sand », « Cygnus Terminal »), tout en gardant cette complexité chère au groupe (« LCD (Liquid Crystal Disease) » est d’ailleurs un futur classique). De même, Blake Anderson (batterie) propose des plans de batterie totalement grandioses, variant suffisamment sa palette instrumentale entre subtilité (l’intro de « Cygnus Terminal », « Collapse ») et violence thrash/death (« Recharging the Void »). Malgré ces nombreuses variations au sein même des titres et de l’album, Terminal Redux parvient à garder sa cohérence sur son ensemble.

« Ultimate Artificier », déjà dévoilé à l’automne dernier en amont de la tournée européenne du groupe, prend tout son sens dans le concept et sa durée plus limitée (cinq minutes) fait office de pause bien méritée dans l’écoute de l’album. L’intelligence de Vektor a été de proposer une tracklist bien équilibrée sur ce Terminal Redux, terminant l'opus par « Recharging the Void », un titre qui demande de nombreuses écoutes avant d’être assimilé. Débutant furieusement avec une énergie bien marquée, la seconde partie de ce titre, beaucoup plus éthérée voit même l’intervention de voix féminines et de chœurs, épaulant Di Santo qui use de son chant clair. A ce sujet, le chanteur, s’il prend le pari de varier sa palette vocale, montre quelques signes de faiblesses sur les voix claires (« Collapse »), alors qu'il est totalement dans son élément sur les parties hurlées.

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Avec ce troisième opus, Vektor s’impose définitivement comme une valeur sûre de la scène thrash, cherchant à évoluer, là où tant d’autres se contentent de reproduire ce qu’ont proposé les grandes gloires du genre en leur temps. Les Américains parviennent même à se détacher de l’influence voïvodienne qui planait sur leur œuvre, proposant un disque abouti, personnel et d’une grande richesse. Pour pleinement saisir toutes les subtilités de l’œuvre, de nombreuses écoutes seront nécessaires car Terminal Redux est dense et exigeant. Mais une fois digéré, ce disque risque de ne plus quitter votre platine avant longtemps. Espérons que Vektor, relativement rare dans nos contrées, revienne prochainement défendre sur scène son œuvre à la fois surprenante et terriblement addictive.

Photographies live : © Arnaud Dionisio/Ananta 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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