Ascendance, jeune formation dont l’acte de naissance ne nous ramène pas plus loin que l’année dernière, est originaire de Rennes et sort tout juste un an après sa formation son premier EP, Miserliness. Officiant dans un death metal à l’esthétique fouillée, les Bretons font preuve de nombreuses qualités musicales et d’une maturité impressionnante pour une si jeune formation.
Ascendance officie sous la forme d’un trio, formule plutôt rare dans ce style musical où l’épaisseur du son nécessite souvent l’ajout d’une seconde guitare. Et pourtant, dès « Delusional Era », le premier titre de Miserliness, le combo s’amuse à brouiller les pistes, proposant une introduction acoustique à consonance jazzy, que n’auraient pas reniée des groupes tels que Cynic, Exivious ou encore Opeth.
Il s’agira d’ailleurs du seul titre court de l’EP, les quatre autres compositions affichant des durées comprises entre six et huit minutes. C’est le titre éponyme qui a la lourde tâche de présenter l’univers du trio rennais. Ce qui frappe d’entrée, c’est bien la qualité sonore, lourde et massive, sans paraître froide et artificielle. C’est d’autant plus un gage de qualité, qu’il est rare d’obtenir un tel son pour une formation qui enregistre son premier EP.
La grande force des compositions est intimement liée à la formule trio, puisque la basse fretless ressort clairement dans le mix et constitue la touche caractéristique de la musique du groupe. Technique sans l’être à outrance, Ascendance parvient à trouver le parfait équilibre entre mélodies (l’introduction d’ « Apex »), riffs techniques (« Elder’s Legacy ») et progressifs. Côté chant, Quentin de Tienda (chant/basse) s’en sort admirablement bien avec un growl varié, évoquant celui de Muhammed Suiçmez (Necrophagist).
D’ailleurs, si Ascendance cite des influences aussi diverses qu’Obscura, Necrophagist, Emperor, Opeth ou encore Dream Theater, la formation parvient à digérer l’ensemble de ces modèles artistiques, pour proposer une musique bien personnelle. Il est vrai que certains passages rappellent ponctuellement d’autres artistes (l’introduction d’ « Inertia » pourrait faire penser à « Unquestionable Presence » d’Atheist ou « Cosmic Sea » de Death dans l’ambiance dévoilée), mais la personnalité des Bretons est suffisamment affirmée pour que l’auditeur n’y voit pas un plagiat ou un hommage mal dissimulé. Certains soli de guitare proposent des mélodies qui puisent clairement leur inspiration dans le jazz-rock, rappelant le jeu de Paul Masvidal (Cynic, Death) ou celui de Tymon Krudiner (Exivious, ex-Cynic). Mais Clément Bourmaud (guitare) n’hésite pas à intégrer sons clairs et rythmiques techno-thrash, dans un mariage musical particulièrement heureux.
Comme évoqué précédemment, les titres sont longs, mais proposent des structures qui ne sont pas trop complexes à ingérer pour l’auditeur (« Inertia »). La force du groupe réside dans son côté progressif, puisque Vincent le Gouahler (batterie) varie le propos, passant de rythmiques thrash (« Apex ») à de la double-pédale ou des plans typiquement jazz, le tout avec une facilité déconcertante.
Finalement, avec ce premier EP, Ascendance parvient à sortir des titres que bien des formations déjà établies pourraient envier, tant la qualité et la personnalité du groupe sont là. Si la durée de l’EP est intimement liée à ce format et suscite ainsi de la frustration une fois l’écoute achevée (on aurait aimé en écouter plus), avec ces cinq titres, Ascendance parvient à attirer l’attention de la meilleure des manières. Sachant que Miserliness est en écoute libre et gratuite sur le bandcamp du groupe, vous n’aurez plus d’excuse pour passer à côté de cette formation qui constitue l’une des surprises marquantes sur la scène death metal française. Il ne reste plus au combo qu’à tourner et se forger de l’expérience scénique en attendant qu’il nous revienne, avec un vrai album sous le bras cette fois-ci.
4,5/5
Photos promotionnelles : DR