Alors que Mercyless est souvent cité comme l’un des pionniers du death metal français aux côtés de Loudblast, Massacra, Crusher et autres Agressor, le groupe de Max Otero (chant/guitare) a connu plusieurs années de split au cours des années 2000 avant de revenir en force avec Unholy Black Splendor en 2011. Pathetic Divinity est donc le deuxième opus post-reformation du quatuor et montre un groupe au visage encore différent. En effet, Stéphane Viard, guitariste de Mercyless depuis les débuts du groupe, a été forcé de céder sa place pour soucis de santé, remplacé par Gauthier Merklen, frère de l’actuel bassiste.
Pour autant, le co-fondateur du groupe n’a pas totalement disparu des radars puisqu’il signe quelques compositions sur ce nouvel album (« « Christianist » et « How Deep Is Your Hate »), ainsi qu’un solo de guitare sur « Christianist ». Malgré ce changement de line-up, Mercyless n’a pas perdu sa rage et signe avec Pathetic Divinity un album aussi agressif qu’Abject Offering en son temps. C’est en effet le nom du premier album du groupe, désormais référence dans le genre, qui nous vient en tête à l’écoute des neufs pistes qui composent cet opus.
Comme Abject Offering, Mercyless fait le choix d’un album plutôt court (34 minutes au compteur), mais qui présente des titres voués à devenir de futurs classiques de la formation (« My Name is Legion », « How Deep is Your Hate » et son intro presque doom). A l’image de l’artwork et des titres, le leader de Mercyless est toujours aussi remonté contre les dogmes en place et balance un chant rageur et ravageur dès l’ouverture éponyme. Ses acolytes sont également bien mis en avant, notamment le nouveau venu à la six-corde, dont les soli sur « Left to Rot » ou « My Name is Legion » évoquent tantôt Trey Azagthoth (Morbid Angel), tantôt Alex Hellid (Entombed). De même, on apprécie d’entendre une batterie au son naturel, sans pour autant sacrifier la puissance de frappe de Laurent Michalak (« Eucharistic Adoration », « Liturgiae »).
La violence des riffs et des compositions (« A Representation of Darkness ») est bien soulignée par une production à l’image des meilleurs opus du genre, brute et organique, qui met en avant le riffing efficace des titres (« Left to Rot », dont le titre rappelle Obituary, est un modèle du genre). Si certains titres sortent du lot comme « My Name is Legion » (et ses nappes de claviers discrètes sur le refrain), l’ensemble est tout de même très cohérent et homogène, prouvant ainsi la grande qualité de l’œuvre toute entière. Technique sans l’être à outrance, les titres misent principalement sur l’efficacité et le chant habité et brut de décoffrage de Max Otero, qui signe là l’un de ses meilleures prestations derrière le micro (« Exhort the Heretic », « Eucharistic Adoration »).
Enfin, en optant pour un format plutôt court, Mercyless propose un album que l’on a envie de réécouter et que l’on peut assimiler aisément, à mille lieues des formations qui profitent du format CD pour faire du remplissage. Finalement, le seul reproche que l’on puisse faire à cet album, c’est de sortir en 2016, alors qu’il aurait pu aisément être élevé au rang de classique s’il était sorti près de 20 ans plus tôt. Mais devant une telle collection de bons titres, on ne peut que saluer le travail du quatuor, qui signe là son meilleur opus depuis Abject Offering, 25 ans plus tôt.
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