"On oublie tout, sous le beau ciel de Mexico"…
Lorsque Battleheart voit le jour en 2004, bien peu de gens auraient parié sur le succès de ce groupe écossais officiant dans un folk/power metal basique et peu inspiré. Pourtant, treize ans plus tard, le groupe s’appelle désormais Alestorm, fait partie de l’élite du folk metal moderne et s’apprête à nous proposer son cinquième album. Le combo n’a eu de cesse d’évoluer, tant musicalement qu’au niveau de son personnel, mais deux éléments constituent l’ossature de base d’Alestorm : les paroles liées à l’univers de la piraterie et l’impayable Christopher Bowes, frontman gentiment dérangé.
Lors de la sortie de Sunset On The Golden Age (2014) nous avions été heureux de constater la diversification du son d’Alestorm. Une démarche déjà en partie amorcée sur Back Through Time (2011) mais sublimée par ce quatrième effort qui voyait le groupe se frotter à des genres nouveaux, allant même jusqu’à incorporer un soupçon de metalcore dans certaines compos pour relever la sauce. Disons-le d’emblée, si le nouvel album, No Grave But The Sea, adopte strictement la même recette, il est en revanche un cran en-dessous de son génial prédécesseur. N’allez pour autant par croire que ce cinquième opus est mauvais, il est même extrêmement recommandable et très efficace.
Nouveauté, cette sortie du combo est la première sur laquelle figure le nouveau guitariste Maté Bodor (ex-Wisdom) qui fait des merveilles au niveau des solos. Mais encore une fois, ce sont les claviers qui se taillent la part du lion sur cet album, toujours grâce au duo formé par Chris Bowes et Elliot Vernon. Citons aussi les cuivres et les violons, interprétés par de vrais instruments et non plus samplés comme ça avait pu être le cas sur les précédentes réalisations du groupe. Le tout donnant à Alestorm cette touche épique, festive et kitsch à la fois qui a fait sa marque de fabrique.
Et de fête, il en est bel et bien question sur des titres tels que "Mexico", l’hilarant "Pegleg Potion" ou encore "Bar und Imbiss" qui rappelle malgré tout un peu trop "Nancy The Tavern Wench" (de l’album Captain Morgan’s Revenge, 2008). Mais Alestorm sait aussi proposer des morceaux plus épiques tels que le "No Grave But The Sea" d’ouverture, "To The End Of The World " et "Man The Pumps" qui nous font quitter l’ambiance des tavernes pour partir en pleine mer, affronter les flots et autres dangers qui menacent les navigateurs…
Si le combo avait incorporé un peu de chant crié « façon metalcore » sur son précédent effort ("Magnetic North" ou l’excellent "1741"), il pousse cette fois cette expérience encore plus loin puisqu’une grande partie d’"Alestorm" est chantée de cette façon par Elliot Vernon. Un choix surprenant pour une chanson qui porte le nom du groupe, mais une prise de risque payante.
Il est aussi bon de mentionner "Fucked With An Anchor", le gros délire de l’album. Paroles ridicules et mélodie on ne peut plus entrainante font qu’il est impossible de ne pas sourire à l’écoute de cette chanson de marin revisitée version Alestorm ! On est impatient de l’entendre reprise en live par tout le public.
Peut-être plus que jamais, ce qui frappe sur cet album, ce sont les refrains. Nous nous sommes d’ailleurs surpris à en avoir certains en tête dès la première écoute. Autant vous dire qu’entre ça et les passages plus durs (les guitares limite thrash metal de "Rage of the Pentahook"), Alestorm nous a sorti un album taillé pour les planches.
Ce No Grave But The Sea ne révolutionne aucunement le son du groupe, le quintet se contentant d’affiner la recette de son album précédent, mais nous étions tellement conquis par Sunset On The Golden Age que nous sommes heureux d'en reprendre pour une tournée. Les détracteurs d’Alestorm se feront encore un plaisir de réduire le groupe à une troupe de clowns pour beaufs alcoolisés (auraient-ils vraiment tort ?) tandis que les fans vont se régaler de ces nouvelles facéties, volontairement kitschs.