Vendredi – 18h35 – Mainstage 1
Le soleil est encore bien présent mais la chaleur caniculaire commence doucement à se dissiper sur la zone des Mainstage. Le public est positionné en une foule compacte : il est l'heure pour Ministry d'enflammer le Hellfest avec sa grosse musique indus énergique et antisystème. La légende du metal industriel est particulièrement attendue, car sa réputation de défonce avancée est tenace et il n'y a qu'à se remémorer le concert honteux du Bataclan en 2012 pour se faire peur.
Ce n’est une surprise pour personne, les compositions violentes du combo américain sont taillées pour le rendu live. C’est donc parti pour un set d’une heure de riffs et de rythmiques répétés pratiquement à l’infini sur fond de textes scandés par une bonne partie de la foule. Dans les classiques historiques “Psalm 69” ou “Lies, Lies, Lies” comme dans les nouveautés présentées du prochain album (on pense notamment à “Antifa”), la formule du groupe est extrêmement efficace et ne tarde pas à déclencher beaucoup de retour auprès du public. La sauce prend bien et les festivaliers se lâchent, avant tout car la formule est adaptée au festival.
Ministry sait bien que si la musique est l'essentiel, l’habillage scénique est également particulièrement important, et illustre copieusement son propos avec des vidéos trash de guérilla urbaine ou de politiciens corrompus jusqu’à l’os. Effet garanti jusque dans la fosse ! Au moins, on se dit que si le groupe se révèle fidèle à sa réputation et déçoit dans l’interprétation, on a tout de même suffisamment d’éléments pour passer un bon moment. Heureusement, on voit vite qu'Al Jourgensen est nettement plus en forme que par le passé. Certaines de ses interventions, comme ces paroles vociférées dans son micro à travers un porte-voix nous font penser qu'on peut espérer une prestation vraiment bonne aujourd'hui.
Le groupe joue cette fois effectivement sans avoir recours au playback, mais c’est du coup l’occasion de constater l’ampleur des dégâts que le temps et l’abus de substances ont laissé sur les membres. Al est peu en voix et semble perdu par moment (un peu comme Ozzy en 2014), tandis que Sin Quirin rate honteusement plusieurs de ses riffs, pourtant vraiment basiques. Le public reste captivé surtout par l’énergie intrinsèque des compositions explosives du groupe et les vidéos toujours aussi savamment placées et montées, servant à merveille la teneur des textes.
Nettement plus en forme que ce à quoi on a pu être habitué par le passé, Ministry a livré une prestation correcte en cet après-midi de la première journée du festival. S'il semble clair que la formule de metal industriel violent du groupe a suffi à beaucoup de festivaliers pour s'échauffer avant les têtes d'affiche, on ne peut que déplorer les difficultés de Ministry à interpréter son propre répertoire. Cela reste trop brouillon et souvent poussif. Dommage.
Setlist :
Psalm 69
PermaWar
Punch in the Face
Antifa
Rio Grande Blood
Señor Peligro
Lies Lies Lies
Waiting
Worthless
Bad Blood
N.W.O.
Just One Fix
Thieves
So What
Crédits Photos : © Nidhal Marzouk 2017
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