Pestilence – Hadeon

Frustré par la mauvaise réception d'Obsideo (2013) et la tournée qui a suivi, le leader de Pestilence, Patrick Mameli, avait décidé de dissoudre la formation de death metal une seconde fois. Pourtant, après quatre ans de hiatus, Pestilence revient avec un nouvel opus sous le coude, Hadeon. Après la semi-déception engendrée par Obsideo, quoi de plus logique que de faire preuve de prudence lors de la première écoute de ce huitième album. Et pourtant, Pestilence a peut-être réalisé son meilleur opus depuis fort longtemps.

Exit les guitares huit-cordes qui alourdissaient inutilement le son des opus précédents, Mameli retrouve une sonorité plus classique et proche de ce qu'il avait réalisé à l'époque de Testimony of the Ancients. Dès le premier titre, l'excellent "Non-Physical Existent", les éléments des grands titres de Pestilence sont bien présents, tels que cette voix écorchée, ces soli de guitare fusion presque déstructurés et les lignes de basse ronronnantes de Tilen Hudrap, dans la lignée des parties jouées par Tony Choy durant l'âge d'or du combo.

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La suite est du même acabit, avec des compositions basées sur un riffing en apparence simple ("Multi Dimensional", "Manifestations"), mais diablement accrocheur et qui fourmille pourtant d'enrichissements harmoniques. S'il ne fait aucun doute que la musique de Pestilence résulte de la seule vision de son leader, les musiciens qui l'accompagnent brillent tout de même tout au long de l'opus, à l'image de Septimiu Harçan (batterie), qui adapte son jeu suivant les titres, apportant par instant une touche jazzy ("Astral Projection") et groovy (sur les refrain de "Timeless" et "Ultra Demons"), tantôt un côté presque thrash ("Materialization", "Layers of Reality"). Il en va de même pour Tilen Hudrap, dont le son de basse particulièrement bien mixé, permet d'apprécier pleinement son apport aux compositions (l'introduction de "Manifestations"), le musicien s'autorisant même un petit interlude solo, le temps du court instrumental "Subdivisions".

Mais l'homme fort de cet album reste bien son leader, à la fois en grande forme vocale, mais surtout inspiré musicalement tout au long des quarante minutes de l'opus. On retient en particulier l'introduction de "Discarnate Entity", sur lequel le musicien propose un solo de guitare épuré et très progressif, à mille lieues du qualificatif "technique" qui a longtemps caractérisé le style du combo. De même, les soli évoquent les plus grands noms du jazz fusion ("Layers of Reality", "Discarnate Entity"), tandis que les rythmiques se veulent directes et poussent à headbanger.  Enfin, quelques petites surprises émaillent les titres, comme l'utilisation du vocoder sur "Ultra Demons" et "Astral Projection", qui rompent totalement la monotonie et apportent de la fraicheur bienvenue à l'opus.

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En proposant un album très riche de quarante minutes (une durée tout à fait convenable) et avec un retour à des sonorités plus classiques pour Pestilence, Patrick Mameli a réalisé un très bon opus, justifiant ainsi pleinement la seconde reformation du combo. Hadeon n'est certes pas Testimony of the Ancients, mais parvient à sonner très actuel tout en respectant l'héritage des premiers albums de Pestilence. Et en cela, cet album constitue une surprise de taille en ce début d'année. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter que Pestilence revienne rapidement en France pour défendre cet opus sur scène.

Photographies promotionnelles : DR
Déjà sorti chez Hammerheart records

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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