Le Heavy Metal ce n’est pas que des cheveux longs, des poils soyeux et des slips en cuir. C’est aussi des mascottes, sur lesquels repose une partie de notre imaginaire collectif. Une bonne mascotte, c’est un moyen d’attirer des fans et de les fédérer. Peut-on penser à Motörhead sans son Snaggletooth, à Helloween sans Jack O. Lantern ou à Iron Maiden sans le cultissime Eddie ? Ou encore à RIOT sans son sublime homme phoque Johnny qui illustre la plupart de ses pochettes ? Et quoi de mieux qu’un Johnny armé de son plus beau bouclier pour illustrer Armor Of Light, le nouvel album de RIOT V ?
Armor of Light, c’est le deuxième album du groupe - désormais renommé RIOT V - depuis la mort de son fondateur et tête pensante Mark Reale, décédé en 2012 de la maladie de Crohn. Celui-ci fait suite à l’acclamé Unleash the Fire et à quatre ans de tournées jalonnées d’un passage remarqué et remarquable au Fall Of Summer 2016.
RIOT, c’est 40 ans d’histoire et de disques devenus cultes pour les amateurs tels que Thundersteel, Narita ou encore Fire Down Under. Groupe culte donc, mais qui, comme Anvil, est resté dans l’ombre des plus grands sans que l’on puisse donner une explication logique à cette situation. A l’instar d’un Judas Priest, RIOT est passé durant ses 40 années de carrière par différentes phases musicales, du heavy au power thrashisant en faisant un détour par le hard rock. Et c’est un condensé de toutes ces facettes que nous proposent ici Mike Flyntz et Don Van Stavern, dans le groupe depuis plus de 30 ans maintenant.
Ainsi, les titres les plus heavy tels que le single "Victory" ou encore "Angel Thunder, Devil’s Reign" côtoient des hymnes hard rock voire hard FM comme "Ready to Shine" ou "Burn The Daylight", tout en réussissant à garder une cohérence dans le ressenti de l'album. Armor of Light n'est pas qu'un empilage de chanson sans lien entre elle. Que la violence soit présente dans les morceaux ou non, le sens de la mélodie propre au groupe est toujours présent. Difficile de ne pas retenir de chaque morceau un riff qui tue, une ligne de basse entraînante ou encore une ligne de chant à coller des frissons. Ainsi, nombre de chansons dans cet album pourront devenir de futurs classiques pour les prochaines tournées du groupe.
Malheureusement, la production rend un peu difficile l'écoute à cause d'une batterie produite de manière très bancale, sans aucune puissance, alors que les autres instruments sont magnifiquement mis en avant, avec une mention spéciale au monstrueux son de basse de Van Stavern.
Mais Armor Of Light n’est pas un best-of d'influences passées et régurgitées, là uniquement pour générer des tournées. Il s’agit surtout d’un album qui se repose sur les qualités premières de RIOT, à savoir donc, comme écrit plus haut un sens inné de la mélodie, même dans les passages les plus violents et surtout un chanteur en très grande forme.
Présent dans le groupe depuis Unleash The Fire, Todd Michael Hall est la pièce maîtresse de l’équation RIOT V, celle qui excelle tant dans les chansons les plus heavy aux envolées aigües que dans les tempos les plus lents. Dans cette optique de présenter ce disque comme un condensé d’une carrière, le vocaliste est parfait, capable avec facilité de passer à travers les styles.
Il n’y a qu’à écouter le réenregistrement de "Thundersteel", "End of The World" et son intro a capella, ou encore la cavalcade furieuse qu’est "Raining Fire" pour comprendre, Todd Michael Hall est l’un des hurleurs les plus talentueux du moment dans le heavy metal! Malgré tout, on peut regretter que les deux compositeurs de RIOT V ne prennent pas de risque, probablement dans le but d'honorer la mémoire de Mark Reale. Ainsi, l'album est rempli de petits easters eggs, de redites et d'hommage à d'anciennes chansons qui pourront paraître très lourds pour les personnes qui suivent le groupe depuis longtemps.
Armor Of Light démontre néanmoins que RIOT V, après l’excellent Unleash the Fire, n’est pas là que pour capitaliser autour de son nom et de son aura. Encore une fois, Don Van Stavern et Mike Flyntz prouvent qu’ils font bien plus qu’honorer la mémoire de leur guitariste décédé, mais qu’ils font perdurer et connaître sa bande aux nouvelles générations.
Et c’est avec tristesse pour un Mark Reale qui a galéré pendant tant d’années que l’on constate amèrement que pour la première fois depuis longtemps, RIOT V bénéficie d’une signature sur label conséquent, à savoir Nuclear Blast, qui lui donne les moyens de son talent. Mais quoi qu’il en soit, Armor of Light est tant une magnifique porte d’entrée qu’un superbe disque de Heavy Metal, un des meilleurs qu’il ait été proposé jusqu’à présent en 2018.
Sortie le 27 avril 2018 chez Nuclear Blast