"Nous ressentons vraiment ce disque comme le premier album du nouveau Godsmack". Ce sont par ces mots que Sully Erna résume le nouvel opus du groupe qu'il a fondé il y a maintenant plus de vingt ans. Nous savons les Américains plutôt friands de ce genre de déclarations d'une manière générale, mais celle-ci attire tout de même notre curiosité. En effet, 1000Hp, la dernière sortie de la bande, avait laissé un sentiment mitigé. Nous avions l'impression que Godsmack déroulait sa formule, avec une indéniable maîtrise certes, mais sans aucune prise de risque. When Legends Rise serait donc l'album du tournant, celui qui nous fait comprendre que les musiciens n'ont pas l'intention de tourner en rond.
Et sur ce point, après une première écoute, impossible d'en douter : ce nouvel opus tranche avec ce que Godsmack proposait il y a encore quatre ans. Il y a d'abord cette production, toujours puissante, mais au grain beaucoup plus hard rock que d'habitude, qui nous emmène sur un terrain moins brut qu'à l'époque d'Awake ou Faceless. Malgré cet état de fait, la voix de Sully Erna retrouve une fougue et une hargne que l'on ne lui connaissait plus depuis de nombreuses années.
L'opus s'ouvre sur son titre éponyme, qui voit Shannon Larkin s'exprimer d'abord seul derrière ses fûts à travers une rythmique sautillante, avant d'être rapidement rejoint par un riff de guitare entraînant, assez typique du groupe il faut bien le dire, mais qui fait toujours son effet. En moins de trois minutes, les natifs de Boston nous balancent un premier morceau aux allures de single évident, et qui sera loin d'être un feu de paille. "Bulletproof", "Take It To Edge", "Say My Name", "Eye Of The Storm"... Nous pourrions citer la quasi-intégralité du disque tant il ressort une évidente volonté d'accrocher l'auditeur avec des refrains immédiatement mémorisables.
"Someday" est l'une des rares exceptions à ce schéma bien rôdé. Prenant un peu plus de temps pour développer son ambiance à la Foo Fighters, avec un refrain soigné mais moins facile à assimiler, il permet de casser l'aspect "trop évident" parfois frustrant. La durée des titres, tournant majoritairement autour des trois minutes, ne laisse que peu de place pour l'expérimentation, ce qui aurait pourtant permis à When Legends Rise de prendre encore une autre dimension.
Si Tony Rombola n'est pas avare en riffs bien sentis, ses envolées solo se font malheureusement rares, certains morceaux en étant même complètement dénués. Rassurez-vous, le guitariste se lâche quand même un peu à certains moments, comme sur ce "Eye Of The Storm" qui boucle de façon puissante l'opus. L'aspect moins metal du propos n'empêche pas la section rythmique d'assurer comme il se doit, Larkin nous régalant encore une fois de ses parties de batteries inspirées.
Le groupe nous propose une seule véritable ballade, "Under You Scars". Si celle-ci n'est pas désagréable, elle n'égalera pas les précédentes réalisations du quatuor dans ce domaine. Son refrain à grand renfort de violons lui donne un côté trop surfait pour convaincre réellement, bien loin du climat mystique de "Serenity" ou de l'intensité d'"Hollow", pour ne citer qu'elles.
Non, When Legends Rise n'a pas la profondeur de IV ou la puissance de Faceless. Son côté calibré et assez mainstream pourra rebuter certains fans de la première heure. Mais force est d'admettre que Godsmack aligne ici onze tubes en puissance, et n'a probablement jamais été aussi accrocheur qu'en 2018. Nous sommes sans aucun doute en présence d'un album charnière pour la bande, et qui nous rassure par la même occasion sur sa créativité, loin d'être en berne !
Sorti le 27 avril 2018 chez Spinefarm Records