Et de cinq pour Haken ! Quelques mois après avoir sorti son premier live qui mettait fin à sa tournée Affinity, le sextette britannique de metal progressif est déjà de retour pour un nouveau chapitre de son histoire. Et s’il y a une chose qui caractérise le combo, c’est bien cette volonté de ne jamais se répéter d’un album à un autre. Affinity sonnait très 80’s là où The Mountain sonnait comme un hommage au prog 70’s. Pour Vector, c’est encore une autre direction que le groupe emprunte, plus heavy encore, tout en gardant sa propre identité. Et ça, c’est fort…très fort !
Des bruits robotiques annoncent le nouveau concept du groupe, avant que le thème de l’album joué aux claviers ne se fasse entendre. Et à peine « Clear » achevé, « The Good Doctor » débarque pour surprendre tout le monde. Une basse sautillante, des sonorités pop eigties sur les couplets, des cuivres synthétiques, un refrain particulièrement dense et un pont heavy, voilà qui décontenance l’auditeurs lors des premières écoutes. Une fois digéré, ce titre surprenant n’en reste pas moins très addictif. Certes, tout le monde n’adhérera pas forcément à ces choix artistiques et cette production dense, mais au moins les Anglais osent et prennent des risques.
Cette prise de risque fait lorgner le combo vers un metal prog toujours plus heavy et sombre (« The Puzzle Box »), où les contributions de chaque membre du groupe servent l’album (écoutez donc « Veil » ou « Nil by Mouth » et ces petites touches subtiles de claviers qui adoucissent l’aspect violent de l’album, à la manière d’un Jordan Rudess sur le Train of Thought de Dream Theater). L’influence djent qui parsème les riffs et les rythmiques est indéniablement présente et revendiquée (« The Puzzle Box », « Veil », l’introduction de « Nil by Mouth »), mais Haken reste avant tout un groupe de prog, évoluant dans une sphère qu’il a su construire lui-même. Le chant varié de Ross Jennings fait d’ailleurs indubitablement partie de cette identité et le chanteur est impossible à prendre en défaut sur ce cinquième album, tantôt heavy (« Veil ») tantôt à fleur de peau (« Host »).
Les guitaristes apprécieront également le jeu de Richard Henshall et Charlie Griffith, alors que la cohésion entre les deux six-cordistes n’a pour l’heure que rarement été aussi mise en avant. Si aux premières écoutes, on retient le côté plus rentre-dedans des compositions (« Veil », « Nil by Mouth »), Haken sait lever le pied pour dynamiser les titres (« Host », le pont de « Veil » à 6 :58 fait office de pause bien méritée dans ce long titre de 12 minutes). De même, on retiendra « A Cell Divides » et son très beau thème musical qui reste en tête et clôt parfaitement Vector. Sur cet opus, Haken ne tombe finalement que dans un seul piège, celui de l’instrumental à tiroir trop technique (« Nil by Mouth »), et qui aurait gagné à être aéré et/ou écourté de quelques mesures.
Avec Vector, Haken n’atteint certes pas le niveau de perfection de The Mountain ou la fraicheur de son premier album, Aquarius, mais marque une nouvelle étape dans son évolution, preuve que le groupe refuse de se reposer sur ses lauriers. Cette volonté de ne jamais se répéter était déjà palpable sur Affinity, mais contrairement à son prédécesseur, Vector est bien plus abouti et bénéficie de thèmes séduisants, accrocheurs (« Veil », « A Cell Divides », « The Good Doctor ») et d’une vraie cohérence. Petit à petit, Haken se place en valeur sûre de la scène metal prog, en se démarquant de ses influences initiales et en se bâtissant une discographie exemplaire.
Déjà disponible chez Inside Out
Photographie live : © Arnaud Dionisio 2015
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