« Attendre. Toute la sagesse humaine est dans ce seul mot. Le plus grand, le plus fort, et le plus adroit surtout est celui qui sait attendre. » (Alexandre Dumas , La Reine Margot). Kristian Eivind Espedal a créé Gaahls Wyrd en 2015, mais en grand sage il a préféré se connaître et découvrir ceux qui l’entouraient avant de s’atteler à la confection d’un premier album. Avec GastiR – Ghosts Invited qui sort chez Season of Mist, Gaahl nous propose sa première offrande qui représente bien ce que cet homme a su faire tout au long de sa longue carrière…
L’intro sortie d’un film d’horreur de « Ek Erilar » est stressante, et puis « boum » ! La voix est inquiétante, éraillée, les riffs sont aiguisés. C’est du black metal au niveau des instruments et du chamanique au niveau d’une voix, celle de Gaahl complètement possédée. Elle est monocorde avant qu’il ne s’élance dans des cris lorsque les guitares accélèrent. Un côté oppressant s’en dégage, doublé de chœurs et de voix éloignées, perdues dans un paysage lointain et brumeux, avec toujours ces arpèges qui nous mettent mal à l’aise.
On rentre rapidement dans le vif du sujet avec « From The Spear » : la voix est clamée, puissante et insoumise. Le riff central de Lust Kilman (Ole Walaunet) est dingue, rapide, accrocheur et devient aliénant lorsque le solo vient se greffer dessus à la limite d’un Maiden sous amphétamines. Puis la voix scandée tel un rituel ancien vient nous ensorceler à coup de pics empoisonnées à travers le cortex.
Tout au long de l’album Gaahl aime en jouer comme sur le mid-tempo cérémonial de « Carving The Voices » où il chante comme un Maître de Cérémonie. On tombe dans l’ésotérique, on part dans la recherche de ses démons passés. Sa voix grave (ou même les voix qui se promènent dans sa tête) s’approche de certains chanteurs que l’on rencontre généralement dans le dark metal. Elle devient inquiétante lorsqu’il répète à l’infini le titre du morceau martelé par une batterie bien appuyée et un riff qui fait ses griffes dans votre cortex cérébral, pendant que le refrain fait des incisions sanguinolentes à coup de « Carving The Voices » répété à l’infini. Plus tard sur « The Speech And The Self » nous sommes à nouveau dans le concept de musique possédée, avec une bonne rythmique et des envolés de riffs étouffants. Ou encore une multitude de chœurs, dans un dialogue chamanique avec le Maître norvégien dressant un doigt devant son auditoire sur « Veiztu Hve » et ses relents punk.
Le son dissonant de « Ghosts Invited » n’est pas là pour nous rassurer, il nous enferme rapidement dans un stress auditif. Ce qui est amusant c’est que Gaahl y prend pratiquement la voix d’un crooneur. Si si, on vous l’assure ! Pour ensuite migrer vers une voix possédée alors que les riffs s’accélèrent. Le son des guitares est assez rond, plus dans la tranche du heavy même si ici l’ambiance générale oscille plus vers un black ‘n roll.
La grosse déflagration écrasante de « Through And Past And Past » nous met à genoux afin de ne pas respirer au travers du nuage en suspension nauséabond. Le rythme à contretemps nous casse les reins, seule la violence s’en sortira grand vainqueur sous des riffs organisés comme des essaims de frelons asiatiques affamés sous LSD.
L’intro planante de « Within The Voice Of Existence » est surement dûe aux nombreuses piqûres que l’on vient de recevoir dans le derrière sur le titre précédent. Les voix ne paraissent pas plus réveillées que nous. Elles sont pâteuses, nous rappelant de vieux souvenirs de la veille…
Bref, on a ici affaire à un album empli par les démons ou plutôt les fantômes de Gaahl qui font tourner sa tête ainsi que les nôtres dans une cérémonie chamanique dont peu d’entre nous sortiront vivant…
Tracklist
1 Ek Erilar 5:33
2 From the Spear 4:36
3 Ghosts Invited 4:23 2
4 Carving The Voices 7:26
5 Veiztu Hve 6:41
6 The Speech And The Self 5:01
7 Through And Past And Past 2:58
8 Within The Voice Of Existence 5:25
Sortie le 31 Mai chez Season of Mist