"The Old Dead Tree formalise la fin de sa carrière de façon grandiose, en se dévoilant, [...] par un final riche en émotions"
Plus de 12 ans se sont écoulés depuis la sortie du dernier album de The Old Dead Tree, The Water Fields. C’est donc avec une grande impatience que les fans attendent l’ultime EP de l’arbre mort, prévu pour le 6 décembre, qui fermera le dernier chapitre du groupe regretté. Au programme, cinq titres inédits dont un déjà dans les tiroirs depuis 1999, ainsi qu’un documentaire retraçant la riche carrière du combo français. Let’s start the fire !
A la première écoute, deux sentiments contradictoires mais très plaisants se mêlent : l’émotion d’avoir retrouvé le groupe et l’univers que l’on aime depuis deux décennies d’un côté, et l’impression de découvrir ça et là plusieurs surprises fort bien amenées de l’autre.”¨ Ainsi, tous les éléments propres à The Old Dead Tree, que ce soient l’utilisation d’échos panoramiques sur « Sorry », le jeu de batterie très fluide et lié donnant un style bien particulier, ou bien encore les différents passages aériens rappelant The Water Fields, de nombreux éléments familiers rappellent les différentes époques du groupe dans un tout très cohérent.
Comme déjà évoqué, l'EP se clot sur un titre datant de 1999 dépoussiéré pour l'occasion, et il est introduit par quatre titres qui auraient dû figurer sur le successeur de The Water Fields. De façon concise, l’EP combine la spontanéité de l’écriture des débuts du groupe à la production léchée propre à leurs deux derniers albums. On tient bien là la preuve que tous les éléments de songwriting étaient présents dès le début, et on déguste avec plaisir leur interprétation sublimée par un son clair et travaillé.”¨ Les riffs sont efficaces et pêchus (« Someone Should Know (The Truth) »), mais laisser place à quelques surprises, notamment sur le titre « Kids ». De façon inattendue, on y découvre un riff syncopé et des couplets saccadés qui rappelleraient presque le monde du cirque… logique au vu du thème du morceau ! Une sortie très agréable de la zone de confort de The Old Dead Tree, si tant est que le groupe en ait jamais eu une.
Le second grand volet de l’univers de The Old Dead Tree, c’est bien sûr la voix de Manuel Munoz, l’une des plus belles de la scène française - si ce n’est la plus belle. C’est avec une grande émotion que l’on reçoit ses premiers mots après une grosse minute d’écoute, plus encore que lors de la sortie de l’excellent Kelem d’Arkan, du fait du contexte très particulier. Toujours aussi expressif et varié dans ses différents timbres, Manuel joue avec les harmonies et s’essaie à de nouvelles nuances de cri, par exemple sur « Raise », avec une ligne très rauque et réussie (« Just like your dad »). C’est donc un frontman au sommet de sa forme que nous dévoile cet EP The End, donc le registre ne semble cesser de s’étendre, et que l’on souhaite continuer à voir évoluer.
Par ailleurs, la progression de l’EP est assez particulière du point de vue des paroles, qui semblent offrir aux fans un vrai message et une mise au clair concernant la fin du groupe. Ainsi, si un morceau a bien été écrit en 1999, quelques semaines avant le décès brutal du regretté Frédéric Guillemot, son texte semble avoir été actualisé pour exprimer comme il se doit le chant du cygne de l’arbre mort. De façon très ouverte, le disque s’ouvre sur le titre « Sorry », avant d’exposer certaines des raisons qui ont poussé le groupe à splitter, que ce soient le fait de fonder chacun une famille (« Kids ») ou encore la frustration (« Raise »). La solennité atteint son paroxysme lors du tout dernier titre « The End », qui profite des claviers de Pierre Le Pape, qui sonne comme une vraie cérémonie d’adieux au groupe, chargée en émotion et en sentiments très forts.”¨ Si le procédé de s’adresser presque directement à l’auditeur est un choix surprenant au vu de l’univers du groupe, force est de constater que le résultat est bien là, et transpire l’honnêteté. Chapeau messieurs pour ce tomber de rideau avec classe et honneur.
L’EP s’accompagne également d’un documentaire d’une grosse demi-heure, qui lève le voile sur les coulisses du groupe et ses origines. A travers de passionnantes interviews, et d’images d’archives jamais diffusées auparavant, c’est toute l’histoire de The Old Dead Tree que l’on revit du point de vue des membres du groupe.
La bande son met bien entendu bout à bout les titres emblématiques du groupe, et joue avec les différentes époques du combo : ainsi on retrouve la version originelle de « It’s The Same For Everyone », accolée à sa version moins brute ré-enregistrée pour The Nameless Disease - contraste saisissant !
Ce qui frappe dans les différentes interventions, c’est la focalisation sur les activités périphériques au métier de musicien - souvent invisibles pour les fans -, et les difficultés qu’elles ont amenées au sein du groupe. La promotion, l’investissement permanent, ou encore la logistique ont en effet été des éléments clé dans la dissolution du groupe. C’est ainsi très honnête et transparent de la part des différents membres d’éclairer les fans sur ces aspects, d’autant qu’ils le font avec le sourire et sans aucune rancoeur. C’est donc bien un véritable bonus que ce documentaire, un vrai must pour tous les fans du groupe, mais aussi un vrai hommage à tous ceux qui ont fait partie de l’aventure The Old Dead Tree.
Avec cette sortie, The Old Dead Tree formalise la fin de sa carrière de façon grandiose, en se dévoilant, et en parlant directement à ses fans. L’épopée est donc cette fois bien close par un final riche en émotions, qui laissera sans aucun doute les fans avec une saveur aigre-douce en bouche. Car si le plaisir d’entendre de nouvelles compositions de ce trésor national qu’est The Old Dead Tree est immense et fait plus que tenir ses promesses, la sortie nous fait aussi réaliser que l’aventure s’achève pour de bon.
Merci au vieil arbre mort pour ces 20 ans de partage - vous avez laissé une marque indélébile au sein de nombre d’entre nous.
Photographies : © Florent Wallon & Régis Peylet
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