Lindemann – F&M

Aucun doute, 2019 aura été une année faste pour Till Lindemann. En plus du retour discographique de Rammstein après dix ans d'absence, le chanteur nous présente le second album de son side project, fruit de sa collaboration avec Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain). Difficile de savoir si ce calendrier télescopé était prémédité ou non, toujours est-il que les deux protagonistes prenaient ainsi le risque que F&M passe inaperçu à côté de la machine teutonne qu'est Rammstein. Mais au-delà de ces considérations marketing, que vaut ce deuxième disque? Skills In Pills n'ayant pas vraiment marqué sur la durée, nous étions curieux de savoir quelle voie le duo allait emprunter cette fois-ci.

Première différence notable, exit le chant en anglais, Lindemann revient à sa langue natale, ce qui lui convient mieux. Nous connaissions déjà "Steh Auf", le premier single dévoilé, et qui remplit le cahier des charges sans trop forcer : Il s'agit là d'un morceau efficace, rappelant fortement Pain, notamment dans la rythmique et les claviers caractéristiques du travail de Tägtgren. Pas désagréable, même si nous attendons un peu plus qu'une resucée de Skills In Pills.

Et à notre grand plaisir, F&M va nous offrir une variété inattendue, qui sera la grande force de ce second disque, qualitativement au dessus de leur précédent album. L'adaptation théâtrale d'Hansel & Gretel en 2018 par les deux hommes a été une forte inspiration, ce qui a visiblement fait le plus grand bien, permettant aux morceaux de gagner en profondeur. "Ich Weib Es Nicht" est doté d'un refrain impeccable, et la mélancolie qui se dégage de "Blut" nous rappelle même épisodiquement la grande époque de Mutter ! Ajoutons à cela un autre morceau qui devrait faire un malheur sur scène ("Allesfresser"), et nous obtenons un début album d'une efficacité redoutable.

Mais Lindemann va encore plus loin, en entamant sur sa seconde moitié un grand écart stylistique, qui s'avérera au final la grande qualité mais aussi le défaut de l'opus. On passe tour à tour d'un morceau acoustique ("Knebel", avec une décharge de violence excellente sur la dernière minute) à un metal aux sonorités sud-américaines  ("Frau & Mann", Olé!). Vous n'imaginez pas un instant Till s'éclater sur un tango ? Allez donc écouter la très réussie "Ach So Gern", vous n'en reviendrez pas (en revanche, sa version électrique, présente sur l'édition deluxe, ne lui arrive pas à la cheville). Loin d'être un Rammstein ou un Pain bis, Lindemann développe enfin toute sa personnalité durant ces 45 minutes.

L'éclectisme de cette deuxième partie fait de F&M une expérience à laquelle on ne s'attendait pas. Malheureusement, cette variété se fait au détriment du rythme général de l'album. Quand bien même "Gummi" et "Platz Eins" permettent aux guitares électriques de se faire à nouveau une place au soleil, ces derniers ne sont pas au niveau des premiers titres et ne suffisent pas à équilibrer l'ensemble, un peu plombé par des ballades sympathiques mais trop nombreuses ("Schlaf Ein", "Wer Weib Das Schon").

Malgré ces réserves, il est impossible de nier le très beau travail réalisé par les deux comparses sur ce second recueil, qui nous surprend bien plus que ce que l'on pouvait espérer. L'inspiration est au rendez-vous, et si l'auditeur sautera probablement vite deux ou trois titres afin de ne pas relâcher son attention, ce voyage germano-suédois ne devrait pas laisser indifférent. Entre efficacité et prise de risque, Lindemann nous livre un opus aisément recommandable. En plus, c'est bientôt Noël.

Tracklist :

1) Steh Auf
2 Ich weiß es nicht 
3) Allesfresser 
4 Blut 
5) Knebel 
6) Frau & Mann 
7) Ach so gern 
8) Schlaf ein 
9) Gummi 
10)Platz eins 
11)Wer weiß das schon 
(Deluxe edition)
12) Mathematik
13 ) Ach so Gern (Pain Version)

F&M, sorti le 22 novembre 2019 chez Universal Music

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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