2020 est une sacrée année dans le monde du metalcore et ce n'est pas la sortie du deuxième album des Américains de Currents, The Way It Ends, qui va faire baisser la note générale. Trois ans après son tout premier opus, le combo du Connecticut est de retour et continue sur sa lancée avec une recette qui marche : du riff, des breakdowns et des tubes à foison.
Le metalcore américain s'est très largement fait distancer ces dernières années par les groupes en provenance de l'Australie et du Royaume-Uni. Très honnêtement à part August Burns Red, Silent Planet et quelques autres, tout ce qui sort du pays de l'Oncle Sam ne présente qu'un intérêt très limite tellement on reconnait tout de suite l'empreinte sonore. Et puis en 2017 un petit groupe débarque presque de nulle part pour offrir au monde entier son tout premier album. The Place I Feel Safest est une découverte inattendue, un petit coup de massue même, tant ce que propose le groupe reste dans la veine classique du metalcore mais sait proposer une ambiance, une mélancolie et une violence toute particulière.
Un an et demi plus tard le groupe sort un EP, I Let The Devil In, qui nous permet de patienter en attendant un nouvel opus qui vient donc de voir le jour au mois de juin 2020. The Way It Ends a mis du temps paraître si on considère que le tout premier extrait de cet album, le titre "Poverty of Self", a été mis en ligne en novembre dernier. C'est donc après plus de sept mois d'attente que l'on peut enfin lancer sur Spotify la nouvelle offrande du quintette avec en ouverture "Never There" qui sert très clairement d'introduction. Brian Wille (chant) nous hurle dans les cages à miel seulement soutenu par quelques accords de guitare et des nappes de clavier avant de prendre une voix plus chantée.
Ce n'est qu'à partir de "Monsters" que nous mettons un pied dans l'inconnu en tant qu'auditeur puisque "A Flag to Wave" et donc "Poverty of Self" sont des titres déjà diffusés. L'empreinte sonore de Currents est toujours présente mais la production est monstrueuse et ce n'est pas étonnant quand on voit qui est derrière cet opus. Co-produit par Chris Wiseman (guitariste du combo) et Ryan Leitru (ex-For Today), on retrouve aussi Ricky Armellino qui officie maintenant à la guitare chez Ice Nine Kills et surtout la présence au mix de Nolly, le couteau suisse de Periphery. A part aller chez Will Putney on fait difficilement mieux comme combo pour obtenir un album aussi bien produit !
Avec The Way It Ends, Currents réussit le pari d'affirmer son empreinte sonore maintenant facilement reconnaissable tout en allant chercher des nouvelles facettes. On pensera notamment à la construction de "Kill The Ache" et à l'utilisation de nappes de claviers sur ce titre par exemple ou encore à l'utilisation du synthé sur le breakdown de "Let Me Leave". Ce dernier n'est d'ailleurs pas sans rappeler ce que propose le deuxième groupe de Chris Wiseman, Shadow Of Intent.
Contrairement à The Place I Feel Safest qui arrivait dès la première écoute à scotcher, The Way It Ends demande plusieurs écoutes pour en tirer son potentiel complet et arriver à dépasser son précédesseur. L'album regorge de pépites qui auraient mérités une place de single mais on peut comprendre le choix du groupe et du label de partir sur des choix sans doute plus sur. Par un exemple un titre comme "Let Me Leave" ou "Better Days" n'auraient pas été déconnants à la place de "Second Skin" dans l'idée. Là où Currents fait la différence sur ce nouvel opus c'est en placant à la foi des solos techniques, "Monsters", et des solos qui jouent beaucoup plus sur les émotions, c'est le cas de "How I Fall Apart".
Difficile de ne pas placer un petit paragraphe sur la performance de Brian Willie sur l'entièreté de l'opus tant le frontman a nettement progressé, capable de proposer encore plus de variété avec sa voix. Bénéficiant déjà d'un chant clair de haute volée pour du metalcore et d'un scream très bon, on le voit expérimenter notamment sur son phrasé lors des parties de chant ainsi que sur des parties presque "rappées". Les refrains de "Monsters" et "Split" achèveront de vous convaincre du talent du bonhomme.
Et enfin comment terminer cet article sans parler en profondeur du meilleur titre de cet album, "Better Days". Entre une intro qui file des frissons et un refrain qui respire la mélancolie, Currents signe ici un des meilleurs titres de 2020. Rares sont les groupes à garder un titre aussi percutant en fin d'album et pourtant cela semble être la recette gagnante tant on a tout de suite envie d'y retourner.
The Way It Ends est une véritable pépite, un album qui va propulser Currents dans les plus hautes sphères du metalcore dans les années à venir. SharpTone Records semble avoir d'ailleurs dans ses rangs les deux plus gros groupe à venir en la personne de Polaris et Currents, chapeau bas à eux.
Album sorti le 5 juin 2020 chez SharpTone Records
Tracklist:
01. Never There
02. A Flag to Wave
03. Poverty of Self
04. Monsters
05. Kill the Ache
06. Let Me Leave
07. Origin
08. Split
09. Second Skin
10. How I Fall Apart
11. Better Days