Après le succès de Black Flame sorti il y a deux ans, qui a couronné de succès les British de Bury Tomorrow, les musiciens sont attendus au tournant dans le milieu metalcore. Ce sixième album sera-t-il à la hauteur de son prédécesseur ? En effet, Black Flame avait connu un franc succès auprès des fans du groupe. Les Anglais ont habitué leur public à sortir un album tous les deux ans, chaque opus gagnant en performance. Aussi, après l’agréable surprise de 2018, on attend la claque qui nous scotchera sur place.
Lorsque les premières notes de « Choke » commencent, le ton est donné : metal moderne et énergique, chant metalcore alterné avec un chant clair, et ambiance brutale au rendez-vous. En somme, c’est une belle entrée en la matière.
Les morceaux se succèdent ensuite, mais restent, dans ce registre, assez classiques: gros riffs agressifs, rythme rapide, dichotomie des couplets hurlés et chorus mélodiques. On frôle parfois le nu metal lorsque Daniel Winter-bates utilise sa voix clean, avec des respirations marquées sur un rythme très saccadé. C'est ce qui fait la touche de variété du groupe qui n'hésite pas également à recourir à des arrangements modernes, voire électro, à l’instar de « Choke ».
Mention spéciale pour « Quake » qui démarre sur une palette vocale clean et suave sur une musique douce qui gagne en intensité, telle une envolée lyrique. On s’attend à une ballade mais, point trop n’en faut, le calme sera de temps à autres part des parties hurlées sur des riffs plus énervés.
On retiendra surtout « Voice Truth » qui sort du lot : morceau féroce, bourré de rage et de hargne ! Le chanteur-bassiste fait retentir ses cris sur une musique déchainée, avec un tempo à cent à l’heure. « Imposter » fait aussi partie des pistes les plus bestiales, et offre à nos oreilles des breaks typés hardcore qui ne gâchent rien.
Pour ce qui est de la thématique abordées dans Cannibal, Bury Tomorrow mentionne les angoisses qui nous rongent et qui nous hantent. Des situations de gêne, comme dans « Choke », qui évoque la dissimulation de nos véritables pensées, afin de ne pas être jugé par les autres, créant un sentiment de constriction et de silence.
Dans le même ordre d'idée, « Better Below » explique comment le fait de cacher des sentiments ne peut que les aggraver. On montre à autrui une version de nous-mêmes que l’on veut bien laisser entrevoir, mais combien de temps peut-on endurer ce rôle ? Dans la même veine, les musiciens parlent également du sentiment de doute et de ne pas sentir à sa place, sentiment auquel il est fait référence dans « Imposter ». Malgré vos talents et vos compétences, vous avez constamment l’impression de jouer un rôle et de vous demander la raison de votre présence en ces lieux et place.
On bascule ensuite vers la colère avec « The Agonist » ayant pour sujet l'auto-diffamation et la critique envers soi-même, toujours plus acerbe, toujours plus cinglante. On peut aussi citer « Cannibal », lorsque les mots et les actions de notre entourage nous détruisent, au point d’en arriver à devoir s’excuser de notre mode de vie. On en vient à ressentir une fureur intérieure, tant envers les autres qu’envers nous-mêmes. Des thèmes qui sonnent forcément aux oreilles de tout un chacun, car qui n’a jamais ressenti un de ces sentiments dans ce panel de mal-être ?
Bury Tomorrow sait toucher son public avec des sujets qui remuent notre vécu enfoui, mais force est de reconnaître que Cannibal est assez plat à l’écoute. Rien d’innovant au niveau des sons, des mélodies qui manquent de peps, un chant toujours parfaitement exécuté mais sans grande surprise. Un sixième album sympathique mais aussitôt écouté, aussitôt oublié.
Bury Tomorrow « Cannibal » Tracklist – sortie le 3 juillet 2020 via Music for Nations :
01. Choke
02. Cannibal
03. The Grey (VIXI)
04. Imposter
05. Better Below
06. The Agonist
07. Quake
08. Gods & Machines
09. Voice & Truth
10. Cold Sleep
11. Dark Infinite