En signant Vampire dès son premier album éponyme en 2014, Century Media a parié gros. Pourtant, six ans plus tard, la formation suédoise continue de faire parler d’elle et de s’ériger en nouvel espoir du death/black. Rex ne déroge pas à la règle et est bien parti pour permettre au quintette d’enfin s’imposer sur la scène internationale.
Longtemps comparé à ses compatriotes de Dissection, Vampire parvient à assoir son propre style sur ce troisième opus en digérant bien ses inspirations. L’introduction mélodique « Prelusion » permet de rentrer dans l’univers des Suédois, mais c’est bien le titre éponyme, mélodique et pourtant méchamment brut et sale, qui interpelle. Vampire officie certes dans un death black old school, mais les influences heavy se font toujours sentir (« Inspiritus » dont le riff principal sonne comme du Mercyful Fate ou du King Diamond, où « Rekvium » où la voix du King est presque imitée à 2:48). Slayer et son thrash dévastateur font également partie des références du quintette et cela s’entend sur « Wiru-Akka » (et son cri introductif à la Araya sur « Angel of Death »).
Tour à tour, on entend du Venom, du Maiden, du Slayer, du King Diamond, du Morbid Angel…Et pourtant, malgré ces sonorités qui semblent familières, Vampire propose un style bien à lui, où chacune de ses inspirations est bien intégrée à l’ensemble. La voix hargneuse et écorchée de Hand of Doom donne du corps à l’ensemble, tandis que les guitares harmonisées de Sepulchral Condor et Black String évoquent presque la NWOBHM et apportent toute la touche mélodique qui donne furieusement envie de revenir à l’album (le pont de « Moloch », « Anima »). La production est à la fois brute et extrêmement lisible, ce qui permet d’apprécier toutes les subtilités du jeu à deux guitares.
Old School, Vampire l’est dans le son, c’est indéniable, mais également dans l’esprit. Rex aurait pu sortir à l’aube des années 90, il aurait été à coup sûr un album de référence. Et pourtant, comme le groupe le confie lui-même dans le communiqué de presse, les thématiques qui émanent de l’album se placent directement près d’un siècle auparavant, au crépuscule du XIXème siècle. En effet, une touche victorienne semble présente dans les titres des morceaux (« Serafim », l’outro à l’orgue de « Rekviem » ou « Anima »), tout comme pour leurs compatriotes de Tribulation (avec qui Vampire a par ailleurs déjà tourné).
Simples, efficaces, accrocheurs, les dix titres et quarante minutes de Rex passent très rapidement et l’auditeur n’a finalement que peu de reproches à faire sur cet album. A ce titre, « Pandemoni » est peut-être moins marquant que les autres compositions et fait un peu figure de ventre mou. On peut également penser qu’« Anima » aurait été une meilleure conclusion que « Melek-Taus » pour clore l’album. Mais malgré ces quelques (légers) points faibles, Vampire trouve le juste équilibre entre mélodies (« Anima », « Inspiritus », les guitares acoustiques concluant « Melek-Taus ») et riffs parfois thrashisants (« Melek-Taus », « Rex » et « Rekviem » traduisent peut-être la facette la plus extrême du groupe).
Avec ce troisième album, Vampire nous emmène dans son univers, qui nous paraît d’ores et déjà très familier et signe un excellent opus qui rend à la fois hommage aux grands noms du passé et ouvre en grand la porte sur un futur radieux pour le combo suédois. A l’auditeur de dépasser les appréhensions quant au nom du groupe ou aux pseudonymes de ses membres, il n’en ressortira que conquis.
8,5/10
Tracklist
Prelusion
Rex
Inspiritus
Wiru-Akka
Pandemoni
Moloch
Rekviem
Serafim
Anima
Melek-Taus
Sortie prévue le 19 juin 2020 chez Century Media
Photos : DR Century Media / Vampire