Thundermother – Heatwave

Quatrième  album pour les hard-rockeuses suédoises, qui promettent une vague de chaleur cet été. Pas de révolution à prévoir, le quatuor reste dans la lignée des trois opus précédents, reste à voir s’il parvient à se renouveler un tant soit peu ou s’il se répète indéfiniment.

 

Depuis dix ans, Thundermother propose un mix de hard-rock et de rock’n’roll rentre-dedans et efficace, même s’il ne révolutionne pas le genre – lequel semble de toute façon intrinsèquement hostile à tout changement drastique. Avec Heat Wave, le groupe fondé par la guitariste Filippa Nässil, et qui a connu plusieurs changements de line-up, reste dans le domaine qu’il connait, mais semble avoir franchi un palier en termes de maîtrise et d’efficacité.

De la première à la dernière piste, les Suédoises entrainent les auditeurs dans une cavalcade hard-rock sans temps mort ou presque, ne laissant aucunement le temps de s’ennuyer.S’il faut trouver des points négatifs, on peut considérer que l’ensemble n’est pas d’une originalité folle, et que deux ou trois titres, sans être mauvais, sont un peu en-dessous des autres musicalement – « Ghost » et « Sleep », notamment. Mais dan un style qui devient vite répétitif – ce n’est pas AC/DC et son même album éternellement recommencé qui pourra démontrer le contraire – ces dames font probablement preuve  d’un peu plus d’inventivité que la moyenne de leurs congénères hard rockeurs.
 

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Le son, peut-être un peu plus lourd que sur les travaux précédents du combo, mélange du rock’n’roll pur jus, du hard-rock, des influences plus agressives de heavy metal et des accords et ambiances très blues sur certains titres (« Heat Wave », par exemple) – dans le communiqué accompagnant l’album, le groupe évoque aussi le punk, mais il semble beaucoup moins présent que le reste, si ce n'est un peu dans l'énergie de « Driving in Style ». Une moitié de titres rapides, pas mal de mid-tempo, deux ballades, cette répartition est un poil convenue mais fonctionne et permet à l’auditeur de ne jamais se lasser, d’autant que même les titres plus lents ne manquent pas d’agressivité et débordent d’énergie, et il se dégage de plusieurs titres un groove plus assumé qu’auparavant.
 


La voix et la guitare sont nettement les instruments les plus mis en avant – la section rythmique de Emlee Johansson à la batterie et  Majsan Lindberg à la basse est indéniablement efficace mais reste plus dans un rôle d’accompagnement et d’étoffement du son. Avec un groupe fondé par une guitariste, l’instrument est forcément omniprésent. De fait, l’album offre quelques soli de bonne facture et est bourré de riffs plus accrocheurs les uns que les autres, certains parfois un peu stéréotypés, d’autres plus créatifs, quand on n’est pas dans la référence appuyée à AC/DC (« Free Ourselves », particulièrement jouissif sur les couplets).

Quant à la voix de Guernica Mancini, dont c’est le second album avec les Mères du tonnerre, et qui explique avoir notamment apporté un son plus bluesy et rock sudiste, elle semble taillée sur mesure pour ce genre de musique. Puissante, capable d’un chant clair grave et profond et d’envolées aigues plus éraillée, elle possède aussi une conviction sans faille dans l’interprétation et un timbre marqué.
 

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Surtout, il se dégage de l’ensemble une énergie ébouriffante. Il faut dire que Thundermother annonce la couleur avec le morceau d’entame, « Loud and Alive », un manifeste entrainant et rentre-dedans, et quand Guernica Mancini clame « Follow Me Loud and Alive », on n’a qu’une envie, s’exécuter sans faire d’histoire. Le morceau a un potentiel de véritable hymne, comme beaucoup d’autres chansons de Heat Wave : « Back in 1976 », « Free Ourselves », « Bad habits »  qui clôt l’album aussi bien qu’il avait commencé. Certains titres sont jubilatoirement festifs, comme « Mexico », d’autres plus poignants, comme la ballade « Purple Sky », pourtant vraiment puissante, sur laquelle la chanteuse explique qu’elle a une portée autobiographique.
 

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Et même les morceaux plus faibles à l’oreille présentent un intérêt à y regarder de plus près : « Sleep », ballade convenue dégoulinante de cordes, prend des accents d’appel à l’émancipation quand on regarde les paroles : « I need to lead my life the way I choose / I’m not gonna change to please a man / rather be alone than by your side ». Choisir soi-même comment mener sa vie et ne pas chercher à changer son identité pour un homme, des idées qui résonnent toujours avec l’actualité. Le groupe a d’ailleurs l’intelligence d’alterner des textes sur la fête et la débauche avec des considérations plus profondes sur la maîtrise de sa vie ou le besoin de liberté.
 


Thundermother signe ainsi un album convaincant sur la durée, sans temps mort, qui en fait une des valeurs sûres de la scène actuelle. L’album de l’année ? Peut-être pas. L’album de l’été ? Certainement !

Tracklist
01 - Loud And Alive
02 - Dog From Hell
03 - Back In ‘76
04 - Into The Mud
05 - Heat Wave
06 - Sleep
07 - Driving In Style
08 - Free Ourselves
09 - Mexico
10 - Purple Sky
11 - Ghosts
12 - Somebody Love Me
13 - Bad Habits

Sortie le 31 juillet 2020 chez AFM Records
Crédit photo :  Franz Schepers

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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