Chaque mois, notre rédaction met à l’honneur quelques formations émergentes qui lui ont tapé dans l’œil (ou plutôt dans les oreilles). Nous espérons que cette mise en lumière permettra à des groupes passionnés et de qualité d’obtenir l’exposition qu’ils méritent, car ils sont la preuve de la richesse et la diversité de notre scène musciale. Bonnes découvertes !
Wire Edge - Workhorse Empire (cold metal)
Le quator parisien Wire Edge sort son premier album cette année après plusieurs années d'existence. Nicolas, Franck, Yann et Jérémy développent à travers Workhorse Empire un metal froid et clinique, qui nous a principalement fait penser à une astucieuse rencontre entre Mastodon et Katatonia.
Le groupe est friand des morceaux alambiqués, pour preuve les 8 minutes 30 d'"Empire", et aime prendre le temps d'installer ses ambiances tortueuses et sombres. La voix de Nicolas nous remémore souvent celle de Jonas Rankse (Katatonia, déjà cité plus haut), ce qui, avouons-le, est loin d'être une mauvaise référence. Il n'est pas forcément pertinent d'extraire des morceaux en particulier, mais nous pouvons tout de même citer "Flies Above Us", "Moutains Of Defeat" ou encore le single "End Of The Road" comme particulièrement représentatifs de l'univers de nos compatriotes.
Même si Workhorse Empire est trop long sur la durée (plus d'une heure de musique pour dix titres), les Parisiens nous impressionnent par leur palette technique et une empreinte mélodique marquante. Le metal de Wire Edge nous invite plus à l'introspection qu'au défoulement, et mérite plusieurs écoutes avant d'être totalement assimilé. Voilà un pari osé pour un premier album, mais ô combien réussi.
Facebook : https://www.facebook.com/wireedgeband/
Workhorse Empire (album) : https://www.lnkfi.re/WorkhorseEmpire
Par Axel
Cult of Lilith - Mara (death progressif)
Qui dit pays scandinave, dit pays froid et qui dit pays froid, dit mouvements abrupts pour se réchauffer. Cult Of Lilith est un groupe de metal extrême impulsé en 2015 par le guitariste Daniel Þór Hannesson et nous vient tout droit de Reykjavik. Après un premier EP, Arkanum, sorti en 2016, et un changement de line up radical (Daniel s’entourant d’une toute nouvelle équipe), le groupe islandais sort son premier long format : Mara. “‘Baroque nécromécanique’, telle est la province de Cult of Lilith : une manière de se présenter de façon assez originale et ouverte à toute interprétation.
Quoiqu’il en soit, les Reykjavikois semblent avoir de nombreuses influences tant leurs morceaux sont variés. “Nous voulions que l’album soit un voyage qui ne devienne jamais stagnant et qui garde l’auditeur intéressé tout au long de l’écoute”. C’est un pari réussi tant l’hétérogénéité se fait ressentir du début à la fin. Le genre de death technique qui se démarque et plaira aux amateurs de groupes comme Opeth, Fleshgod Apocalypse ou Gojira mais les touches supplémentaires font de Cult Of Lilith un groupe d’une créativité débordante.
Le quintette incorpore des éléments mélodiques pour le moins inattendus mais bienvenus : que ce soit le clavecin dans “Cosmic Maelstrom”, l’outro de piano de “Comatose”, la guitare classique dans “Le Soupir Du Fantôme” ou même la partie de flamenco qui succède aux blast beats extrêmement rapides dans “Profeta Paloma”. Mara est un album qui mérite d’être écouté par les amateurs de tous genres, mais qui sera peut-être décrié par certains puristes.
Facebook : https://www.facebook.com/cultoflilithband
Bandcamp : https://cultoflilith.bandcamp.com/releases
Par Alexis
Tomorrow's Rain – Hollow (doom/death)
Certes, Hollow est un premier album, mais le collectif israëlien Tomorrow's Rain n'a rien d'un groupe débutant. Depuis deux ans, le groupe originaire de Tel-Aviv tourne activement avec des artistes de renom tels Paradise Lost, Kreator, Swallow The Sun, Orphaned Land, etc. mais voilà presque deux décennies que le vocaliste Yishai Sweartz poursuit ce projet, souvent interrompu par les aléas de la vie et autres moments difficiles, de donner vie en studio à ses compositions de dark / doom metal. Tout ce temps n'a pas été perdu, et le collectif, composé de musiciens avertis, met ici toute son expérience au service d'une émotion qui s'exprime dans huit titres doom / death aux tonalités mélancoliques, sombres et souvent solennelles.
Évoquant la mort et la tristesse, Tomorrow's Rain trouve son style dans ce metal lent et plombant, un doom savamment travaillé navigant sans cesse entre des passages doux, mélancoliques assez gothiques et des moments plus agressifs de death avec un growl d'outre tombe et une rythmique punitive. On pourrait se croire au cimetière sous la pluie, comme sur la pochette de l'album, dans le très dark "Misery Rain", où sont invités Fernando Ribeiro (Moonspell) et Mikko Kotamaki (Swallow the Sun). Le chagrin est également présent dans la reprise metal de Nick Cave and the Bad Seeds, "The Weeping Song", quant au deuil il est présent partout. Tomorrow's Rain a dédié l'album aux proches que ses membres ont perdu et à des artistes décédés, comme par exemple sur l'émouvant "Into The Mouth Of Madness", titre hommage à Warrel Dane de Nevermore, disparu en 2017, où l'invité Jeff Loomis (Arch-Enemy, ex-Nevermore) fait littéralement pleurer sa guitare sur de superbes soli.
Vous l'aurez compris, il y a donc une ribambelle d'invités prestigieux sur quasiment tous les titres de l'album, avec les participations de membres de My Dying Bride, Paradise Lost, Septicflesh, Moonspell, Rotting Christ, Arch Enemy, Swallow The Sun, Draconian et Orphaned Land, en plus du line-up de Tomorrow's Rain qui compte six membres. Un casting cinq étoiles, qui pourrait faire redouter l'effet "people" et dénaturer le propos du groupe. La limite a-t-elle été franchie ? Pas du tout, car la présence de chaque artiste sert habilement le morceau, sans faire perdre à Tomorrow's Rain son identité propre.
Les atouts de l'album sont bien du fait du groupe : des compositions élaborées et variées, passant du prog un peu rétro au death menaçant, maniant des petites touches orientales sur un fond goth glauque, un mix où solennité et désolation font bon ménage, la rythmique impressionnante, et enfin l'excellente prestation vocale de Yishai Sweartz (au timbre bas, profond, rappelant tantôt Leonard Cohen tantôt Nick Holmes) sont autant d'éléments singuliers qui font la qualité du son de l'album Hollow, le talent des invités étant mis au service du titre et non pas l'inverse. C'est, en définitive, un pur plaisir de se plonger dans la noirceur et la mélancolie ambiante de cet album réalisé de façon magistrale.
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Par Julie