Corey Taylor – CMFT

Slipknot, Stone Sour, des dizaines de featuring avec des artistes tels que Soulfly, Apocalyptica, Steel Panther, Me And That Man ou encore Kid Bookie et Tech N9ne dans le monde du hip-hop… Corey Taylor a une carrière bien remplie depuis presque trente ans. Son premier album solo, CMFT, sortira le 2 octobre 2020 via le label Roadrunner Records.

"CMFT" est un surnom que Corey Taylor s'est vu affubler il y a de nombreuses années. Cela a commencé au lycée où il se faisait appeler "CT" qui s'est rapidement transformé en "CMFT" pour "Corey MotherFucking Taylor". Ce sobriquet lui a semblé parfait pour le nom de son premier album solo. Celui-ci a été en grande partie accéléré par l'isolation provoquée par la quarantaine de la crise sanitaire actuelle. La production a été confiée au grand Jay Ruston (Steel Panther, Avatar, Anthrax, Amon Amarth...). Son enregistrement s'est déroulé au studio de Kevin Churko, The Hideout, lui-même producteur et ingénieur du son renommé (Ozzy Osbourne, Five Finger Death Punch, Disturbed, en passant par Britney Spears, The Corrs ou Céline Dion...)

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Corey a réuni Jason Christopher à la basse, Dustin Schoenhofer à la batterie (Walls Of Jericho) et Zach Throne et Christian Martucci (Stone Sour) aux guitares. Les cinq comparses ont réussi l'exploit d'enregistrer 25 morceaux en deux semaines et demies (les treize morceaux de l'album, cinq reprises acoustiques de ces titres, et sept reprises d'autres groupes). Le leader charismatique de Slipknot et Stone Sour s'est entretenu avec Terry Bezer de Knotfest.com (entretien vidéo visible en anglais ici) et a déclaré : "Il y a du Slade là-dedans, il y a du Johnny Cash, il y a du Alice In Chains. Je veux dire, de grands refrains, du rock fun, d’énormes soli, d'ENORMES soli. Il y a deux ans, j’ai commencé à apprendre à jouer du piano pour pouvoir enregistrer une chanson que j’ai écrite pour ma femme, et elle est finie [NDLR : Il s'agit du morceau "Home"]. C’est vraiment bien – c’est probablement l’une des meilleures choses que j’ai jamais écrites."

L'éclectisme est indubitablement le mot le plus représentatif de ce qu'est CMFT. Beaucoup de genres sont représentés avec une tendance dominante pour le hard rock des années 80 à 2000. Le morceau "HWY 666" comporte des riffs accrocheurs bien rock voire heavy tandis que la guitare acoustique et le rythme de la batterie font penser à de la country et notamment, de par la thématique approchée, au morceau "The Devil Went Down To Georgia" de Charlie Daniels Band. "The Maria Fire" a un côté blues rock avec la guitare aux sons clairs accompagnée des lignes de basses prenant une place non négligeable. Le punk rock est de mise avec le morceau "Meine Lux" tandis que les morceaux "Black Eyes Blue" et "Home" sont plus proches de la ballade romantique version pop rock. Nous ne pouvons pas passer sous silence le morceau "CMFT Must Be Stopped" beaucoup plus proche de la fusion rap metal. 

Cette hétérogénéité retire un peu d'identité à l'ensemble. Les morceaux sont bien orchestrés mais ils renvoient directement à des groupes déjà connus et n'en semblent être que de pales copies. Les influences de Corey prennent le pas sur sa créativité et bien qu'il ait dit que cet album était avant tout du divertissement, il est difficile pour l'auditeur de prendre cet opus au sérieux. Le chanteur s'est en effet produit plusieurs fois sur scène pour ne proposer que des reprises (très agréables au passage) de groupes qui le tiennent à coeur, peut-être a-t-il écrit ces morceaux dans cet environnement ?

Mais les musiciens font preuve d'une dextérité indéniable. Dustin adapte la puissance de ses coups sur ses fûts en fonction du rythme imposé par le style du morceau ; il s'exprime parfaitement sur la rapide "Meine Lux" notamment en accompagnant le solo de guitare d'un rythme groovy très appréciable. Cette sonorité groovy se retrouve dans le morceau "Culture Head" grâce à la basse réglée sur des fréquences bien lourdes de Jason. Les guitaristes s'en donnent à coeur joie pour nous proposer des riffs accrocheurs et des soli tout aussi déments les uns que les autres. Le chant de notre protagoniste va encore plus loin de ce que ses fans connaissent avec son album solo. Capable de proposer des vocalises de country en passant par la voix tenor et le chant rappé pour aller jusqu'à une voix éraillée très proche du chant de Dave Grohl des Foo Fighters ("Samantha's Gone", "Silverfish"), le panel de possibilité du chanteur est considérable. Des choeurs masculins ("Samantha's Gone") et féminins ("Halfway Down") apportent un peu de puissance à l'ensemble.

C'est un album riche en diversité que nous a concocté un Corey Taylor que plus rien n'arrête. Il n'y a aucun doute sur son talent et celui des musiciens qui l'accompagnent, ce qui en fait une galette agréable à écouter, mais il ne faut pas que l'influence devienne trop forte au point de prendre le dessus, ce qui est malheureusement le cas de beaucoup de morceaux. Quelques-uns sortent toutefois du lot ; par exemple "Culture Head" et "Home" qui semblent être les morceaux les plus sérieux du chanteur.

Tracklist : 
01. HWY 666
02. Black Eyes Blue
03. Samantha's Gone
04. Meine Lux
05. Halfway Down
06. Silverfish
07. Kansas
08. Culture Head
09. Everybody Dies On My Birthday
10. The Maria Fire
11. Home
12. CMFT Must Be Stopped (feat. Tech N9ne et Kid Bookie)
13. European Tour Bus Bathroom Song

Sortie prévue le 2 octobre 2020 via Roadrunner Records

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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