Formé en 1999, Bliss of Flesh sort cette année son quatrième album intitulé Tyrant chez Listenable Records. En 2017 le groupe avait conclu sa trilogie avec son troisième album Empyrean inspiré par la Trilogie de Dante, La Divine Comédie. En 2020 avec Tyrant, les Français changent d’auteur et se basent sur le concept du Discours de la Servitude Volontaire écrit par le philosophe français Etienne de la Boétie. Cet ouvrage publié en 1576, traite de l'idée que si la servitude peut paraître forcée, et que l'obéissance est imposée au peuple, les apparences sont trompeuses et une telle servitude est en fait entièrement volontaire.
Tyrant a été mixé et masterisé au studio Vamacara en France par HK, tandis que l’artwork a été créée par le Hongrois Balázs Jacsó. Inspiré par des artistes médiévaux, il a tenté d'imiter les techniques de cette époque en dessinant une multitude de détails.
Les trois cercles dessinés autour du cadre symbolisent les trois éléments de la soumission : le fouet pour la force oppressive, la couronne pour le pouvoir et la clé pour l'espoir illusoire de liberté. Le tyran porte aussi des chaînes brisées, soulignant lui-même son passé de serviteur… et le fait que nous sommes la plupart du temps notre propre tyran, prisonnier d'un cercle vicieux.
A nouveau, Bliss Of Flesh frappe fort avec neuf titres avec en son milieu l’interlude « Hexis » qui partage l’album en deux, neuf mots puissants partant d’un spartiate « Serve » gorgé d’accélérations redoutables. On ressent de la colère, de la haine qui donne de la force à des solos enlevés, s’ouvrant telle la lumière perçant à travers les nuages. Les rayons brûlants s’abattent sur nous avec des riffs et des mélodies malsaines et enivrantes de Sikkardinal qui ne sont pas sans évoquer des envolées musicales que n’auraient pas reniées un Dissection ou par la suite un Watain.
Tout est parfaitement produit, nous frémissons au son malsain des guitares au début de « Genesis » avant d’être bousculé par la cavalcade rythmique époustouflante et les cris bestiaux de Necurat, ensorcelé par le son des guitares.
Chaque entame est parfaitement bien mise en valeur (le puissant « Mors » ou le cérémonial et torturé « Naturae », il en est de même avec « Vanitas » porté par des chœurs soumis et des riffs nocifs. La guerre ! « Krieg » propose un mur de son en ligne prêt à affronter l’ennemi, avant de découvrir les charges de riffs dissonants qui ne feront pas de prisonniers, saupoudrés de la mitraille de mots scandés en allemand par Necurat.
Le titre éponyme est lui aussi un concentré du savoir-faire des Français, un ensemble d’agressions au travers de hurlements, de rythmes fracassants et de riffs en tiroirs qui s’ouvrent dans tous les sens.
Nous retrouvons toute cette puissance avec cette marque chère à Bliss of Flesh sur « Panem », l’art de trouver l’accélération qui soudainement emballe un morceau avec des changement de rythme sans fin.
Le travail incroyable de précision des guitares atteint son sommet avec « Mors ». Elles vous tournent autour en bourdonnant des riffs assassins et assourdissants tels un essaim de frelons sans pitié pour vos tympans.
La pandémie a retardé la sortie de l’album qui devait sortir en début d’année. Notre patience a été récompensée par cette nouvelle offrande des plus rassurantes… espérons que cette période sombre s’achève rapidement afin de retrouver Bliss Of Flesh sur les routes.
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Etienne de la Boétie
Tyrant sort le 30 octobre 2020 chez Listenable Records.
Tracklisting :
1) Serve
2) Genesis
3) Vanitas
4) Krieg
5) Hexis
6) Panem
7) Tyrant
8) Mors
9) Naturae