Les Toulousains de Barbar’O’Rhum puisent leur énergie dans le punk celtique et le folk metal pirate, pour un mélange qu’ils appellent le Rock’n’Rhum. Après une démo en 2014 et Toutes les Routes Mènent au Rhum, leur premier album en 2016, les moussaillons proposent un nouvel effort, Journal de B’O’R. Alors embarquons à bord de leur rafiot, équipons-nous d’un sabre bien aiguisé, et allons vérifier si les chants de ces pirates méritent l’attention d’une audience plus large que les boucaniers du Canal du Midi.
Si leur premier album était un peu timide au niveau de la production et de la voix du chant principal, Journal de B’O’R est un disque indubitablement plus mature sur beaucoup de points. L’équipage de Barbedrut, le meneur du groupe, entreprend ici une aventure maîtrisant un style bien à lui : des chants pirates couplés à du punk celtique et à du folk metal bien représenté par la multitude d’instruments traditionnels utilisée par les musiciens (tin whistle, gaita, bouzouki irlandais ou vielle à roue).
Le chant dans cette galette est une réussite : la panoplie de voix différentes audibles dès le premier morceau, “L’équipage de Barbedrut” (ou encore dans “Pénurie de Rhum”), plonge l’auditeur directement sur le pont du navire, presque capable de sentir le vent dans les cheveux. La voix des chanteurs lead sont bien plus matures et confiantes que sur le premier album, avec plusieurs timbres différents allant d'une voix principalement ténor (“Pirate des champs”, “Robin des Mers”...) à une voix plus rauque (“L’Antre de Davy Jones”, “Le Rocher des Pirates”, “La Chasse au Kraken”).
Musicalement, tout est bien amené. Des crescendos sont utilisés sur plusieurs morceaux leur donnant une dimension épique (“L’Antre de Davy Jones”, “Pénurie de Rhum”). Les riffs de guitare tantôt punk rock, tantôt hard rock tirant vers le metal apportent une grosse énergie à l’ensemble. Les lignes de basse, particulièrement entraînantes dans le morceau “La Chasse au Kraken”, et les beats de batterie rythment l’album de manière judicieuse. Plusieurs passages instrumentaux sont bienvenus : “Boire, Occire, Rire” et ses trois parties bien distinctes allant de la ballade sur un rythme ternaire au hard rock glam en passant par le rock celtique semblant sorti d’un bagad, ainsi que “Les P’tits Rafiots” mélange de la musique classique de Vivaldi et de punk celtique.
Qui dit Rock’n’Rhum dit moments festifs et chantant, et il y en aura plusieurs dans l’album avec notamment les passages country de “Pirate des Champs” et son refrain prenant, ou encore “Pénurie de Rhum” qui ne nous invite qu’à monter sur le bateau des pirates pour se disputer les bouteilles de rhum trop peu nombreuses (qui a parlé de partage chez ces forbans ?). Le groupe s’autorise également quelques libertés qui rendent cet album intéressant et varié : “Birdy” est un morceau basé sur un rythme oriental et “Frères de Bitte” est probablement le morceau le plus ridicule et génial à la fois parce qu’il mêle riffs sérieux avec des textes et passages musicaux à prendre au septième degré comprenant reggae, choeurs religieux ou encore rap autotuné (?).
Journal de B’O’R est un album sérieux et bien composé, avec une énergie positive apportée par les différentes voix des chanteurs et chœurs et les instruments festifs ou rock. Les quelques sorties de route volontaires permettent à Barbar’O’Rhum de démontrer qu’ils opèrent leur musique dans des styles multiples mais dont l’originalité dépasse la simple étiquette du pirate metal. Le reproche que nous pourrions faire à cet enregistrement est l'incapacité parfois à comprendre les textes du chant. Le premier album était encourageant, le second est pleinement réussi, vivement le troisième.
Tracklist :
01. L'Equipage de Barbedrut
02. Pirate des Champs
03. L'Antre de Davy Jones
04. Boire, Occire, Rire
05. Le Robin des Mers
06. Le Rocher des Pirates
07. Birdy
08. Pénurie de Rhum
09. Frères de Bitte
10. Le Chasse au Kraken
11. Les P'tits Rafiots
Album sorti le 30 octobre 2020 via Mannequin Vanity Records.