La bombe française de ce début d’année vient d’exploser à la tête de votre serviteur ! Oyez, oyez donc : vous tous, passionnés et visiteurs égarés, arrêtez-vous quelques instants pour écouter une offrande comme on n’en avait pas entendue depuis longtemps : The Midnight Sons, deuxième album studio des stoners de Bukowski, paru hier, 14 février, chez Ankama Music. Formé en 2007, le trio francilien avait déjà écumé les scènes françaises et étrangères avant même la sortie de leur premier album, Amazing Grace (2009). Ils s’imposaient déjà comme « la petite bête qui monte », mais ce nouvel album les propulse au rang des talents confirmés, une véritable merveille !
Mais par où commencer avec une telle galette ? La douce introduction paradoxalement intitulée « The Grand Opening », révélant une voix d’une profondeur abyssale ? L’éponyme « The Midnight Stone », véritable hymne musical au stoner rock, avec un son de basse à la Muse ? La voix, la musique, le rythme, de quoi parler ?
Ces questionnements abscons – quoique peut-être grotesques – sont là pour vous montrer une chose : The Midnight Sons est un tourbillon incessant, dans lequel Bukowski zigzague, ou plutôt pilote à grandes embardées entre stoner rock et metal, comme l’illustre à la perfection le morceau « Stuck in the mud ». Les émotions sont au rendez-vous, de l’agressivité outrancière d’un « Carnivorous » à la mélancolie d’un « Slugs and Bats ». Au sujet de ce dernier, comment ne pas s’extasier sur l’ambiance pesante et énigmatique d’une introduction rappelant à la fois Pink Floyd et Rage Against The Machine ?
Ce qui frappe à l’écoute de Bukowski, et qui constitue probablement le secret de leur efficacité, c’est la symbiose parfaite entre tous les éléments musicaux. Chant, saturation de la guitare, riffs et rythmes de batterie semblent en harmonie parfaite. Du moindre coup de grosse caisse de l’intro « drums » de « The Desert », à la « Know Your Ennemy » de Greenday, à la moindre note du solo nostalgique d’un « After All These Years », la musique ne souffre aucune imperfection. Le bruit ne devient à aucun moment désordonné. Un exploit, surtout lorsque l’on bascule, à la toute fin de l’album, dans un son ostensiblement grunge, accompagné d’un riff idem, sur l’excellent « Tonight ? All Right ! »
En plus de ces qualités exceptionnelles, de cette musique portant un chant comme on n’en a pas entendu depuis des années en France, et de l’excellence – à souligner – de la production, les trois français nous font l’immense et inespéré plaisir de ne pas se prendre la tête. Ils nous prouvent cela par la petite phrase d’introduction de l’agressif et brillant « Hit the Ground Again » (phrase dont nous laissons au lecteur le soin de découvrir), démarrant sur les chapeaux de roues avec un riff décomplexé, qui n’est pas sans rappeler Ultra Vomit, c’est dire ! Et ce n’est rien en comparaison des deux minutes abracadabrantes et parfaitement hilarantes qui concluent « Fight ! », excellente piste par ailleurs.
Vous l’aurez compris, quelles que soient vos aspirations musicales, The Midnight sons est un passage obligé, un nouveau rituel imposé dans votre cheminement auditif (oui ça veut rien dire, et alors ?). Bukowski sait mélanger les genres (on aurait encore pu parler du riff ô combien bluesy introduisant « Fight ! »), nous rentrer dedans, nous faire pleurer (ou presque), faire rire, faire sauter partout… De riffs uppercut en chants boostés à l’adrénaline, de profondeurs introspectives en montagne d’énergies, nos trois gaillards font ici une démonstration ininterrompue de talent. Osons dire le mot, ce long parcours du combattant qu’est toujours un album (a fortiori lorsque celui dure quatorze morceaux) constitue rien moins qu’un… Sans-faute ! Il y a toujours de quoi être fier de sa scène nationale, mais là tout de même, ça crève le plafond… Bravissimo !
NB : Nous tenons à préciser que, contrairement à ce qu’on a pu lire chez certains confrères, la musique de Bukowski n’a absolument rien à voir avec de l’emo-metal. Voilà, c’est dit.
Note finale : 10/10