Taake nous revient avec Noregs Vaapen chez Dark Essence Records filiale de Karisma Records, la jeune maison de disques basée à Bergen en Norvège.
Taake c’est plus de 15 ans de carrière, c’est le one-man-band créé par Hoest, qui compose les chansons et les interprète. Chaque album étant composé de 7 chansons, ce 5ème album ne déroge pas à la règle.
La pochette est noire et laisse entrapercevoir un Hoest recouvert d’une cape noire. La mise au point est uniquement faite sur son visage ainsi le reste du corps reste dans un flou artistique. La sobriété des pochettes de Taake est toujours un joli exercice de style, et ce avec une typo germanique depuis 2007 (adieu le Ruun) qui laisse entrapercevoir un croissant de Lune dans le "T" de Taake.
La mélodie païenne propre au groupe vous prend à la gorge dès les premiers accords de « Fra Vadested Til Vaandesmed ». Hoest comme à son habitude s’occupe de tout en studio. Il chante bien sur, mais s’occupe aussi des guitares, de la basse et de la batterie. Parmi de nombreux invités sur lesquels on reviendra, on retrouve aussi les membres de son line-up Live actuel. Le son Taake est présent comme à son habitude, si particulier mais ici encore mieux travaillé et ça déboule à 100 à l’heure avec son strident, break incisif, rythme saccadé.
On a même le droit au mellotron à la fin du titre exécuté par Bjoernar E Nielsen (chanteur de Vulture Industries). Ce n’est pas pour rien que la dernière fois que j’ai vu Hoest c’était lors du concert d’Enslaved au Nouveau Casino où Vulture Industries faisaient la première partie. Le chanteur de Taake après avoir joué au festival du Menhir Chevelu avait rallié la capitale afin de retrouver ses amis. On a même Nocturno Culto (Darkthrone, Sarke) qui chante sur ce titre.
« Orkan » le deuxième titre est enivrant avec cette mélodie qui vous retourne dans tous les sens. La voix se pose sur la ligne mélodique et vous fait chavirer dans l’univers des norvégiens.
La production est parfaite et met en avant les instruments malgré un Black Metal puissant sans trop de concession. Le titre est entêtant sur ses couplets et refrains mais sait ralentir lors d’un break bien placé qui arrive à relancer la bête… mais 2, 3 accords plus loin vous êtes déboussolés, perdus dans une fin assez originale et déstructurée.
« Nordbundet » attaque fort avec encore un invité de marque en la personne d'Attila Csihar (Mayhem). Le mid-tempo assure une prestance au titre. Lava nous réalise un solo de guitare bien trouvé. Puis la chape de béton caractéristique du tempo du groupe reprend le dessus.
La voix est toujours aussi écorchée et nous crache sa haine et sa violence sur des guitares stridentes et une batterie martelée de frappes puissantes et claires.
« Du Ville Ville Vestland» possède un invité de marque avec Demonaz (Immortal) au chant.
Le titre est entrecoupé de breaks permettant de souffler et de créer de belles ambiances mais de nouveaux riffs sont là dans la pénombre et arrivent à point nommé pour surprendre son auditoire.
Sur « Myr » le banjo donne une ambiance cajun assez étonnante. Skagg (Gaahlskagg : projet avec Gaahl) vient apporter sa contribution au chant comme sur le dernier titre. Vous êtes transportés dans le film Délivrance où 2, 3 dingos ne vont pas tarder à vous demander « de couiner comme un cochon »…
« Helvetesmakt » s’étire sur des longues plages au son de la mandoline qui donne un petit air italien au titre. Elle apporte une certaine fraicheur, c’est assez étonnant mais pas déplaisant. Après tout le Parrain c’est Hoest ! Des chœurs bien travaillés arrivent comme des chants de démons sur un cimetière. Les riffs sont lourds dans un style assez Heavy.
Le titre nous propose toutes les ambiances, riffs et rythmes que l’on aime entendre dans le Black Metal comme des gouttes de pluie sur la vitre d’une fenêtre qui surplombe le Fjord à l’entrée de Bergen.
On finit par « Dei Vil Alltid Klaga Og Kyta », titre de « True Norvegian Black Metal ». Le « Hmmm » caractéristique de Hoest est lancé comme lorsqu’il lève une jambe pour se pencher vers le public arrive enfin. On s’approche tout doucement de la sortie. Les mélodies à la guitare sont prenantes et vous hypnotisent assez facilement.
C’est surement son album le plus facile à découvrir pour un non averti. Et quand on voit le nombre d'invités, j'espère que l'on aura bientôt un DVD des séances d'enregistrement de l'album...
A force de venir en France (Hellfest, Glazart, Menhir Chevelu), c’est une véritable horde de « Die Hard » que se constitue Taake. Hoest et sa bande sont des bêtes de travail et passent de longs mois sur les routes, alors le mois prochain, n’oubliez pas de venir les voir au Glazart. Assister à un concert des norvégiens reste une expérience très forte en soi.
Lionel / Born 666