Riot renoue avec le passé
Formation américaine qui a connu des hauts comme des bas, Riot revient avec son line-up emblématique de la fin des années 80. De cette reformation ressort Immortal Soul, un album nerveux et immédiat, dans la veine d’un Thundersteel. Zoom sur le retour en grâce d’un groupe culte qui n’a malheureusement pas eu tout le succès qu’il mérite.
"C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes". Cet adage, certes éculé, s’applique parfaitement à la dernière offrande de Riot, Immortal Soul. Mark Reale, guitariste leader de la formation, s’est attelé à rappeler tous ses potes de l’époque de Thundersteel (1988) et Priviledge Of Power (1990), deux des albums qui forment une période de haute volée pour nos américains.
C’est donc reparti comme en 14, Riot nous délivre ici un album dans la veine directe de Thundersteel. Voix haut perchée, riffs au quintal et cavalcades endiablées sont donc de retour. Et ils ont même ressorti le logo d’époque ! Si le pari s’avère risqué, et que nombre d’artistes ont fini dans le mur en essayant de recréer le passé, Mark Reale et sa bande, honnêtes dans leur démarche, s’en sortent à merveille.
L’album commence avec une intro conquérante qui lance le titre "Riot". C’est le début tonitruant d’un titre qui résume parfaitement l’esprit de l’album. Puissant, tout en urgence et en précision, la chanson d’ouverture marque une parfaite entrée en matière, comme l’était « Thundersteel » à l’époque.
Si les titres speed sont présents en légions, comme "Wings Are For Angels", "Sins Of The Father" ou "Whiskey Man", Riot se permet de varier les plaisirs, en ralentissant le tempo pour faire ressortir les ambiances ("Crawling") ou en faisant parler ses facettes épiques, avec "Fall Before Me" ou "Immortal Soul". Et à chaque fois, le groupe fait mouche. Pas un seul titre en trop sur les 12 proposés, pas de fioritures, Riot ne veut pas ressortir les débats de l’époque Priviledge Of Power. La musique avant tout.
Et du côté des musiciens, tout est réglé au cordeau. Guitares enragées et précises, basse et batterie implacables, tout est là pour rendre les compositions plus énergiques que jamais. Si la section rythmique ne se permet rarement de fantaisie, c’est parce que le leader Mark Reale se fait constamment plaisir avec des riffs accrocheurs et des solos concis et emprunts du talent et du son qu’il n’a pas perdus. Mais celui qui étonne le plus, c’est bien le chanteur Tony Moore, dont la voix n’a pas pris une ride. Il assure comme un chef les médiums et les aigus, double parfois sa voix dans les refrains, mais reste excellent sur l’ensemble de ses parties.
Riot sort donc un album clairement dans l’esprit des années 80. Pas de prise de tête, de mélange de genres ou d’effets de production. Tout sonne naturel et taillé pour le live. On regrettera d’ailleurs l’annulation de leur tournée européenne, pour des raisons médicales.
L’âge, les galères et le manque de succès n’a pas éteint leur flamme Rock n’Roll. Au contraire : les gars ont toujours faim. Tellement qu’ils ont réussi à bluffer là où on ne les attendait pas, en faisant un album assurément old school, mais qui a tout pour être immortel, comme ses illustres prédécesseurs.
Riot, plus culte que jamais, va-t-il pouvoir revenir sur le devant de la scène ? C’est ce qu’on leur souhaite.