Imaginaerum, le concept en demi-teinte
Nightwish revient sur le devant de la scène avec son dernier album, Imaginaerum. Vendue comme un concept album ambitieux, cette dernière production se trouve être en deçà des capacités du groupe à faire voyager l’auditeur. Les longueurs trop nombreuses et un immobilisme musical certain viennent ternir une sortie prometteuse.
Un nouvel album de Nightwish, c’est un peu comme Noël avant l’heure. Imagerie hivernale et féérique, orchestrations grandiloquentes et arrangements enchanteurs, tout est là pour régaler les amateurs de sucres d’orge métalliques. Mais la recette adoptée depuis Once ne commencerait-elle pas à dater quelque peu ? A force de vouloir aller toujours plus loin dans le grandiloquent et le chargé, Tuomas Holopainen, le compositeur et claviériste, commence à provoquer l’indigestion.
Pourtant, l’album était bien parti. Avec un single efficace comme "Storytime", des tentatives jazzy tout à fait convaincantes sur "Slow, Love, Slow" ou du metal tubesque sur "I Want My Tears Back", Imaginaerum était sur les rails pour être un bon album comme Nightwish sait faire. Malheureusement, passé la première moitié du disque, l’ennui commence à pointer le bout de son nez.
En effet, l’album est trop long. 1h15 au compteur, pour une bonne poignée de titres qui auraient pu être raccourcis voir supprimés. Et c’est à la deuxième moitié qu’on s’ennuie le plus, avec un enchainement de trois ballades des plus malvenus sur un album de metal. Vient ensuite la pièce qui fâche, "Song Of Myself", morceau pataud qui se finit en eau de boudin avec ses narrations interminables. Au milieu de tout cela, un titre direct arrive à se faire remarquer, "Last Ride Of The Day".
On remarque également que le côté concept album n’est pas assez exploité. Si l’histoire reprend les thèmes chers à Tuomas, comme la féérie et l’innocence perdue, elle n’est malheureusement pas assez soutenue musicalement. En effet, les compos sont globalement comme ce que fait Nightwish depuis Once, avec le côté celtique déjà exploité sur Dark Passion Play. La thématique du parc d’attraction aurait pu servir de fil conducteur, mais n’est exploitée que dans « Scaretale », un titre très intéressant pour Nightwish, mais qui aurait mérité une exploitation moins superficielle.
Côté production, aucun reproche n’est à faire, mais la balance penche dangereusement du côté de l’orchestre. Le grand perdant dans cette affaire, c’est Emppu Vuorinen, guitariste relayé au second plan. S’il se réveille de temps en temps sur "Ghost River" ou "I Want My Tears Back", son importance dans les compositions est devenue minime d’album en album. Le clavier de Tuomas Holopainen est toujours aussi dispensable par rapport à l’orchestre, et ses samples ne semblent servir que d’ornements aux compositions. Heureusement que la section rythmique de Marco Hietala et de Jukka Nevalainen s’en sort bien et arrive à apporter une réelle puissance aux chansons.
En revanche, Anette Olzon est brillante sur l’ensemble du disque. C’est sur cet album, pensé pour elle, qu’elle peut dévoiler ses capacités d’interprète. Charmeuse sur "Slow, Love Slow", maléfique sur "Scaretale" ou apaisante sur "Turn Loose The Mermaids", la belle dévoile une palette d’émotions crédible et bien plus large que sur Dark Passion Play. Elle se montre indispensable au groupe et communique son identité sans fausse note. Ses duos avec Marco Hietala ne sont que plus convaincants.
Au final, au lieu de faire un concept album saisissant et original comme on était en droit de s’attendre, Nightwish reste sur la lignée de ses albums précédents, avec moins de panache. Les bons moments de cet album n’atteignent pas les sommets des prédécesseurs, et les moments creux sont plus nombreux. Il ne reste plus qu’a espérer que le groupe redresse la barre pour la suite.