Le Masque de Fer, vous connaissez ? Non, pas le frère supposé de Louis XIV qui aurait été enfermé par ce dernier afin qu'il ne lui dispute pas le trône de France... et non, encore moins le film bidon (retraçant cette même légende) avec Leonardo DiCaprio dedans, restons sérieux quelques instants ! Le Masque de Fer, ou Iron Mask en anglais... ah, là vous voyez mieux hein ? Oui je sais, c'est la fin d'année, je me sens donc quelque peu facétieux en attendant de trancher dans le vif entre foie gras et autres dindes aux marrons... Bref, Iron Mask me diriez-vous ? Groupe belge de power metal néo-classique avec à sa tête Dushan Petrossi, le Yngwie Malmsteen du plat pays, également reconnu via son autre projet Magic Kingdom. Ce combo nous revient donc en cette fin d'année 2011 avec un Black As Death tout frais, 4ème opus studio qui sort ce vendredi 16 décembre 2011 chez AFM Records.
Fans de Stratovarius ou autres Rhapsody (of Fire ou pas), ceci est pour vous ! Dans la droite lignée de trois albums déjà étincelants de riffs et mélodies en tout genre, ce nouvel album ne déroge en rien à la règle Petrossienne : la musique se veut ici rapide, racée, bercée de touches classiques remises au goût guitaristique, un chant éraillé-puissant-aigu, des choeurs épiques... Tout y passe, et cela dure pendant plus d'une heure. Bon évidemment, pour l'originalité on repassera, mais ce n'est pas sur ce point que doit être jugé Iron Mask : nous sommes évidemment loin du prog ou de l'avant-garde, détail qui peut paraître idiot mais il est tout de même bon de le rappeler.
Plus d'une heure donc, et là on touche peut-être au plus grand défaut de ce disque : car il faut être motivé et d'excellente humeur pour s'enfiler plus de 62 minutes d'un power metal certes huilé et ravageur (on va y revenir), mais... répétitif aussi, malgré certains efforts, bien que cela ne choque pas foncièrement outre mesure. Evidemment chaque titre pris à part a sa vérité propre et fonctionne bien, mais l'enchaînement est un peu lourd à digérer. Là on peut se dire par exemple que la ballade "Magic Sky Requiem", fort réussie dans le genre, intervient un poil trop tard dans la tracklist, tout ce qui précède étant une suite de speed/mid-tempo des plus classiques qui ferait presque oublier à quel titre correspond chaque chanson si par malheur on lève le nez du booklet. Cette constatation n'est pas un défaut en soi, il est bon d'avoir ce genre d'album dynamique qui envoie sévère la patate, mais à la longue on a bien du mal à se dire qu'on pourra s'enfiler le CD en boucle sans risquer une profonde lassitude.
Techniquement, le maître à jouer Dushan frise ses notes à la perfection, maîtrisant son instrument tel un maestro qu'il est. Mais la démonstration technique ne peut s'empêcher de ressortir un poil trop par instant, dès fois on se dit que "il y en a partout", quelques titres comme "Feel the Fire" ou le speedissime "Blizzard of Doom" (et sa thématique sur le canibalisme forcé - une histoire vraie) en pâtissent notamment avec la relation chant/lignes mélodiques vocales. Certains soli semblent quelque peu surfaits par instant, coupant une certaine ligne directrice et s'imposant un peu comme s'ils devaient être à tout prix présents dans un cahier des charges pré-établi. Ceux qui ont les oreilles en chou-fleur à cause des allers-retours à la Luca Turilli risquent bien ici de vomir un pus de désespoir par les orifices auditifs... Je ne parle même pas de ceux qui conchient Malmsteen, cela va sans dire...
Il est cependant rassurant de voir que Mr. Petrossi range parfois la technique au placard et laisse aller le feeling sur quelques morceaux qui en ressortent grandis. "God Punished, I Kill" (et son intro très Iron Maiden relevée de choeurs en latin) a une grandeur impressionnante et s'avère peut-être être le morceau le plus réussi, le plus fouillé de l'opus. L'éponyme "Black As Death", presque à l'esprit Iced Earth par moments (avec l'aspect épique en plus), permet de lancer la galette sur les meilleures auspices avec un rythme impérial divin. Quant à la conclusion "When All Braves Fall" et son introduction quasi Vangelis ou toute droit sortie d'un film de Miyazaki, elle aspire au headbang simple et se laisse couler d'une mélodie typée hard FM des plus convaincantes. Ca c'est le Iron Mask qu'on aime !
On l'aime aussi sur des hymnes tels que "Broken Hero", "Rebel Kid" ou "Nosferatu", mais... parfois on abuse quand même un poil trop du cliché, tant que c'est bien fait ça va (et c'est ici le cas) mais bon... Avantasia, Stratovarius et Rhapsody, trois petits plagiats respectifs pour chaque chanson nommée et ce dans cet ordre. Pour le premier, c'est tiré par les cheveux, mais l'intro semble tellement inspirée par celle de "Sign of the Cross" que... En ce qui concerne le second, moins de doute possible, le refrain semblant calqué sur le "Phoenix" de l'ex-bande à Tolkki. Finissons avec "Nosferatu" et ses riffs nerveux très typés "Dawn of Victory", et vous aurez compris un peu le cheminement. Il est fort probable que le gros fan de power fasse chaque rapprochement... et qu'il s'en fiche, car au final ça bastonne bien et on n'en demande pas plus.
Niveau chant, il y aura certainement quelques choses à redire. Mark Boals (ex-Royal Hunt maintenant que DC Cooper y est de retour) a ses fans et ses détracteurs, il y a certainement un peu de vérité à prendre ici ou là. Le monsieur a une capacité vocale impressionnante et s'avère versatile, il se lâche de différentes façon sur ce brûlot et semble s'y amuser comme un petit fou. Alors bien évidemment il doit certainement se plier aux désirs d'un Dushan Petrossi toujours très inspiré et qui ne laisse que peu de place aux autres niveau compo, et on sent qu'à certains moments l'ami Mark force un peu - sans souffrir soyez rassurés, mais les harmonies elles n'en ressortent pas toujours indemnes. Il n'est pas toujours facile de poser sa voix sur des passages où la guitare couine continuellement en fond, en cela parfois on se dit que c'est un bel exploit à la fois maîtrisé par le vocaliste et son compositeur-guitariste, mais on s'éloigne quelque peu d'une certaine simplicité artistique qui peut rendre certains passages un poil dissonnants. Après, on sent que l'apport nouveau d'un grand claviériste de talent, le dénommé Steve Williams récemment débarqué de Power Quest, ne rend pas forcément les choses plus aisées... Mais on peut s'y faire avec le temps, et ressortir une véritable musicalité de ce que l'on aurait pu croire proche au départ d'une bouillie cacophonique.
Toujours à la limite donc lorsque les enchaînements ne sont pas simplement gracieux, cette nouvelle offrande belge saura largement séduire les amoureux du genre. On sent bien que l'envie est plus que jamais présente et que la maturité pointe son nez, promettant à Iron Mask un bel avenir si et seulement si les éceuils du too much se voient contrôlés à bon essient. On peut faire confiance au groupe pour cela.
Note : 7.5/10