Quand on parle de Borknagar, on se lance dans une sacrée organisation, c’est un genre de « All Stars Band of Norvegian Black Metal », un peu comme un collectif de ce qu’il se fait de mieux au pays des aurores boréales.
Imaginé, ici on retrouve Øystein Garnes Brun (Cronian et ex Molested) et Jens F. Ryland (ICS Vortex) aux guitares; ICS Vortex bien sûr à la basse (Arcturus, ICS Vortex, Lamented Souls et ex Dimmu Borgir), Lazare aux synthé (Age of Silence, Old Words New, Solefald et ex Ásmegin, ex Carpathian Forest, ex Silent), Vintersorg au chant (Cronian, Fission, Otyg, Vintersorg et Waterclime, ex Cosmic Death, ex Havayoyh et David Kinkade à la batterie (Council of the Fallen, D.O.T.A.C., Divine Empire, Insanity) et l'on ne parle des anciens membres qui ont joué dans Gorgoroth, Electric Wizard, Ihsahn, Ulver, Emperor, Immortal, Malevolent Creation, Sarke,...ça c’est du C.V. !!
Urd va sortir chez Century Media Records le 26 Mars 2012 en Europe, la pochette a été réalisée par l’artiste brésilien Marcelo Vasco qui a déjà travaillé pour Soulfly, Belphegor, Einherjer et Keep of Kalessin.
On est tout de suite plongé dans des chœurs magnifiquement interprétés sous une batterie puissante et majestueuse avec « Epochalypse ». Les fans d’Ihsahn et d’Arcturus seront ravis. Bien que les structures soient assez complexes, on rentre très facilement dans le Black Metal des norvégiens.
Les voix sont limpides, maîtrisées, les pianos sont majestueux et donnent un aspect grandiloquent à l’ensemble. C’est progressif mais au bon sens du terme sans trop être démonstratif, c’est épique car on ressent une puissance au niveau des instruments. Magnifiquement bien produit, le mix met tous les instruments en avant sans jamais oublier les interventions intelligentes des voix qui sortent des titres.
« Roots » revient aux « racines » (facile) du groupe avec son Black Metal si particulier tout en harmonie. C’est orchestral, la ligne de batterie est époustouflante. La voix est ici sublimée par une ligne de chant qui vous plante dans les limbes de votre « cortex » cérébral pour le restant de votre journée. « The Beauty of Dead Cities » commence comme un Dark Tranquillity à cause du duel batterie/synthé mais dès que la voix apparait c’est bien dans l’univers des norvégiens que l’on replonge. Ce Prog Black Metal possède une allure magistrale non dénuée de sens. Les morceaux s’articulent parfaitement bien et ce malgré des breaks incessants. Le son du synthé est très 70’s sur ce titre et donne à la voix un côté très « british » teinté 60’s. « The Earthling » est dans une veine mid-« très »-tempo qui monte en intensité tout au long du morceau pour arriver à un rythme spartiate. Les interventions des solos de guitares rentrent dans un schéma de non-agression, mais en revanche les riffs sont très harmonieux et puissants. Les pianos ainsi que les violons vous bercent dans un monde d’enchantement sur « The Plains Of Memories ». Ce petit interlude est merveilleusement bien exécuté.
Bien sûr la marque de fabrique est toujours présente. Pas de prise de risque. Avec « Mount Regency » on a enfin notre voix la plus grave de l’album mais seulement au début. Il est intéressant de se concentrer sur la partie de synthés qui est ici époustouflante, ingénieuse et teinté « oldies ». Le solo que n’aurait pas renié un Yngwie Malmsteen avec son duel avec le synthé nous plonge dans un Prog digne d’un morceau de Redemption. On y entend la voix d’ Øystein, j’imagine, c’est très théâtral (normal quand on voit le parcours des musiciens). « Frostrite » possède un côté Sparks avec l’envolé dans les aigus que n’aurait pas renié les américains. « The Winter Eclipse » décharge une puissance, c’est enlevé et varié, c’est aussi le titre le plus long (8’46’’). Ici, et seulement ici les guitares possèdent comme il y a longtemps un petit coté Viking à exactement 5’01’’ du morceau.
Nous quittons Urd avec « In a Deeper World » aux sonorités très cinématographique. La voix redevient plus rocailleuse, mais les parties cristallines ne sont jamais trop éloignées.
Ce qui est fort agréable avec Borknagar c’est qu’ils savent nous donner des plages de repos sur les titres afin que l’on puisse reprendre notre souffle. « Step by Step » on arrive à la fin du morceau en étant passé par différent stade musicaux. Les voix s’entremêlent, se répondent comme un écho dans les montagnes norvégiennes.
Borkanagar donne de l’élévation à son style musical. Il est ouvert à la modernité sans pour autant renier son passé, et ce malgré un turnover monstrueux digne des plus grands call-centers de grande multi nationale du cher monde dans lequel nous vivons.
Lionel / Born 666