Sebkha-Chott – The Nexxxt Epilog

Sebkha-Chott  

The Nexxxt Epilog

« Alors mon petit gratte-papier, tu es surpris que je m'adresse à toi ? Tu te croyais tranquille, intouchable et puis tu jouais les Emile Zola, tu ACCUSES comme ça derrière ton ordinateur, et tu es persuadé d'être inviolable... alors tu as intérêt à le kiffer ce nouveau Nexxxt Epilog, parce que sinon on ne va pas avoir de mal à te trouver, et là ce sera un petit peu TARD pour kiffer, sauf si t'aimes ce qui est douloureux ! » - c'est ainsi que la version « presse » de ce Nexxxt Epilog s'adresse à moi, gentille chroniqueuse, d'entrée de jeu et la voix de Wladimir Ohrelianov II, Tyran suprême sur le peuple Ohrelandais se met, en toute logique, très vite en colère jusqu'à imploser et cracher des paroles crues puisque Wladimir ne se tait JAMAIS. Se taire c'est s'avérer vaincu par le système. Se taire, c'est mourir. La Kour Sebkha-Chott entend au contraire abuser de son pouvoir encore une moitié de l'éternité. Et nous en mettre plein la vue avec son Abstract Low-Coast Hip Hop/ Concrete Violence/ AvantPorn Mekanik Metal.

L'univers de Sebkha-Chott est fascinant et je vous invite à le découvrir sur leur page internet qui vous donnera le ton. Vous pourrez également y télécharger l'album en question.
 

http: //www.sebkhachott.net

 

Moi, je m'attacherai ici davantage à décrire la musique de Sebkha-Chott, plutôt que son concept riche (puisque j'aurai l'occasion de les interviewer pour vous très bientôt).

Un steampunk musical, un genre Avant-Garde grotesque et violent, qui fait littéralement fusionner instruments classiques et bidouillages électroniques (influences : Depotax, 6Blocc) et aux influences riches : de Frank Zappa dont il est l'héritier, en passant par Mr Bungle dont il est le cousin éloigné, le Hip Hop, le Punk et le Jazz contemporain, jusqu'aux musiques traditionnelles Tziganes (Taraf de Haidouks) !

Comme le steampunk, la musique de Sebkha-Chott est un savoureux mélange d'instruments classiques : Basse, Guitare pour Wladimir et d'ailleurs il tient souvent les deux en bandoulière simultanément ; Batterie pour Yüla Slipobitch, l'allumeuse courtisane de la Kour Sebkha-Chott et Saxophone pour Souv'Ponk; avec des samples et programmations diverses qui créent ce mélange explosif. Il faut noter que les musiciens de Sebkha-Chott sont juste phénoménaux sur scène et qu'ils m'ont littéralement scotchée au Brutal Assault cette année.

Musicalement, cet album est une bombe. Une fois que votre oreille d'expert en Metal se sera désengorgée de Bloodbath, de Gojira et j'en passe, vous serez étonnés à quel point votre organisme peut s'avérer adaptatif et la Kour Sebkha-Chott vous le rendra au centuple.

 

L'album démarre donc sur une longue intro du titre « Your Soul » qui s'adresse au chroniqueur que je suis (femme ou homme, peu importe) et qui nous explose à la face sur des rythmes hip-hop, des breaks improbables magnifiés par des tintements de basse, des cliquetis de batterie jazzy pour redémarrer sur les chapeaux de roues. Le génie de Sebkha-Chott est en place. Alors on veut être tenu en haleine comme ça pendant tout l'album.

« Sabra Y Shatila » est une pure merveille d'expérimentation autour de la musique orientale (jouée au saxo s'il-vous-plaît) et un vrai message politique ... puisqu'il fait référence au massacre de la population palestinienne pendant la guerre au Liban. Celui-là tourne en boucle chez moi depuis des semaines. Sebkha-Chott y démontre sa maîtrise des rythmiques et arrive à tenir l'auditeur en haleine de façon très malsaine avant de lui renvoyer du groove comme jamais aucun groupe de Metal ne sera capable de le faire.

En plus de ses transitions improbables comme « Les petites écolières » et son cours d' « Aerobitch » qui vous fera mourir de rire, avec une Yüla Slipobitch qui se muscle le vagin et semble aimer ça ! (elle se met même à parler spasmodiquement en Ohrélien), l'album regorge de surprises comme ce « Premier Graou » dont on se demande s'il comporte un seul instrument « classique » ou s'il est juste entièrement programmé. En tout cas ce « Premier Graou » sera apprécié par tous les amateurs de Dubstep et les fous furieux à la recherche de nouvelles sonorités. Une lourdeur hypnotique s'emparera de vous et vous serez aspirés par le tempo jusqu'au moment de votre premier « graou ».

Tu veux du lourd ?? Du « Gojira » ??? Mais écoute seulement « Phial Shapes » et son Jazz-Metal Electro avec des riffs bien gras, ses très longs solis ultra modernes et tu verras que Sebkha-Chott est le seul groupe à faire si bien communier les sonorités électroniques et le Metal. La structure du morceau est parfaitement pensée, allant du plus lourd au plus inquiétant. Les guitares et la basse bourdonnent tour à tour. La batterie change de rythmes incessamment. La Révolution est là. Elle est dans ta platine.

Je te laisse découvrir le titre « Niglah » en vidéo, puisqu'elle vient de paraître sur le site internet du groupe :

 

Visuellement, la Kour Sebkha-Chott est tout aussi délirante à écouter qu'à observer : les concerts sont pleins d'humour, de pornographie, et Wladimir n'hésite pas à interpeller le public en permanence.

Le CD est garanti sans plastique puisque le groupe est engagé comme on l'a vu, politiquement, dans ses discours ou dans les textes, mais également sur le plan écologique (ses membres sont végétariens et Wladimir a à plusieurs reprises évoqué l'idée de faire du compost avec le public). Il est en outre évolutif, c'est-à-dire que l'auditeur que tu es pourra aller télécharger ou regarder de nouveaux extraits ou vidéos sur le site internet précité.

Mais l'engagement ne s'arrête pas là : les membres de Sebkha-Chott utilisent exclusivement les logiciels libres de droits pour Linux/Debian GNU et ont créé l'AMMD, une coopérative libre qui a pris une grande ampleur dernièrement, pour la promotion et la production d'artistes engagés, tournée vers « le monde du libre » avec une utilisation de logiciels libres.

C'est donc plus qu'un concept musical, Sebkha-Chott est un art de vivre.

The Nexxxt Epilog est un incontournable, un album qu'il faut longuement explorer et surtout, il faut suivre Sebkha-Chott sur scène parce que c'est là qu'ils sont encore plus hallucinants.

Il existe déjà très peu de formations qui osent l'expérimentation et la retranchent jusque dans ses extrêmes. Seule une pincée d'entre elles arrivent à la cheville de la Kour Sebkha-Chott.

 


 

Katarz

 

NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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