Quatre ans… Il aura fallu attendre quatre longues années pour qu’Alice in Chains, groupe légendaire de la scène grunge made in Seattle, nous ponde le successeur de l’excellent Black Gives Way to Blue. Cet album démontrait de manière flagrante que le groupe avait réussit l’impossible : se relever après la mort de son charismatique et talentueux chanteur Layne Staley. Etincelant de talent en studio comme sur scène, Alice in Chains était donc attendu au tournant pour ce deuxième album de l’ère post-Staley. (re)Sortez vos chemises à carreaux, ça va grunger !
Au menu, un bon steak de dinosaure bien saignant, avec toutes les épices sonores qui ont fait le succès et suscité l’admiration autour d’Alice in Chains depuis vingt ans : riffs survitaminés, harmonies vocales ciselées, et une section rythmique pachydermique comme… une marche de stégosaure, à l’image de la jouissive "Stone", premier single de l’album on ne peut plus réussi.
Les ballades acoustiques sont également au rendez-vous, avec l’entêtante "Voices", ou la belle "Scalpel" , qui touchera la corde sensible du métalleux le plus endurci . Pas de doute, Jerry Cantrell et sa bande savent toujours écrire de la musique, et nous prouvent que le grunge est toujours bien vivant, avec de beaux traits de génie comme "Pretty Done". The Devil Put Dinosaurs Here est nettement moins sombre et mélancolique que son prédécesseur, qui sonnait comme un ultime hommage adressé à Layne Staley. Certaines chansons ont donc une atmosphère moins noire qu’à l’accoutumée, et apportent un aspect plutôt nouveau chez Alice in Chains, ce qui n’est pas forcément désagréable. (cf. "Low Ceiling", "Breath on a Window"… )
Au fil de l’album, il est confirmé que c’est bien Jerry Cantrell qui a pris la place de chanteur principal et par la même, de frontman du groupe, alors qu’il était fatalement moins mis en valeur du vivant de Staley, car voix d’or et charisme avaient leur petit effet. Il serait cependant mal avisé d’être mécontent devant une telle démonstration de talents multiples de la part du guitariste/chanteur/compositeur. On regrettera tout de même que William Duval soit limité au rôle de chanteur de chœurs, alors qu’il avait prouvé sur Black Gives Way to Blue qu’il pouvait assumer pleinement la voix principale. ( cf. "Last of My Kind" )
C’est ce genre de détails qui feront que, malgré les qualités évidentes de The Devil Put Dinosaurs Here, on aura du mal à ne pas oublier la claque administrée par son prédécesseur. Malgré des tentatives pour apporter du nouveau, cet album reste très proche de ce que le groupe a délivré il y a quatre ans, et force est de constater que le résultat est moins fourbi de tubes classieux que Black Gives Way to Blue. Le principal défaut de ce nouvel album est d’être venu après un diamant pur de musique amplifiée, et si l’ordre de sortie avait été inversé, le constat aurait sans doute été radicalement différent. Mais rassure toi, petit fan de grunge, cet album regorge tout de même d’excellents moments, et si on disait qu’Alice in Chains a, avec The Devil Put Dinosaurs Here, rompu son sans-fautes discographique, on mentirait ! Nous pourrons tous pleurer pour l’annulation de leur tournée européenne…
Chronique par Tfaaon