Disponible depuis le 6 septembre 2013 chez Nuclear Blast
Alors qu'il faudra probablement attendre janvier 2014 avant de connaître la teneur du prochain Iced Earth, c'est le démissionnaire Matthew Barlow qui dégaîne en premier et vient se rappeler à notre bon souvenir ! Pour ce faire, il a fait appel son ancien comparse bassiste de la 'Terre Gelée', Freddie Vidales (qui assure aussi les guitares), et fait également alliance avec Van Williams, batteur dissident d'un Nevermore à la dérive. Le résultat de cette coalition a pour nom Ashes of Ares, allusion au dieu de la guerre chez les Grecs (Mars chez les Romains...), et a donné lieu à un premier effort éponyme chez la grosse écurie Nuclear Blast en ce début de mois.
Insistons bien sur le mot « effort » (de guerre, donc ?), et notons qu'on attendra bien plus d'un tel projet à l'avenir, car pour l'heure nos attentes sont quelque peu déçues et l'ensemble a encore quelque chose du pétard mouillé (ou de l'arme chimique restée dans les placards ou mise en quarantaine, si l'on veut coller à l'actualité...), quand on aurait bel et bien pu se retrouver face à une fière division de blindés en marche (ou à une bombe atomique, à uranium appauvri et autre 'Agent Orange' - non, pas celui de Sodom! -, là je vous laisse choisir parmi les armes homologuées et moralement autorisées bien sûr...).
Tout commençait pourtant sous les meilleurs augures avec un "The Messenger" qui nous replonge directement dans du bon vieux Iced Earth période Burnt Offerings : atmosphères sombres et inquiétantes - comme il pouvait quelque peu en manquer sur le dernier disque de Schaffer & co. - avec les mélodies tout à fait en concordance, mais aussi hélas ce même type de production un peu brouillonne et étouffée qui vient gâcher un poil le plaisir d'écoute, voire conférer une sorte de «froideur» à un disque qui ne demandait pourtant qu'à exploser de chaleur fervente à la face d'une foule en liesse (terrain où il prendra certainement tout son essor), tel un mercenaire d'Al Qaïda subventionné chez l'Oncle Sam !... Même constat sur ce "Move the Chains" qui ajoute une petite patte maussade et thrashy façon Dark Saga, mais qui - une constante de cet opus hélas - semble ne plus savoir où aller ni rebondir une fois les idées initiales posées.
Il est vraiment fort dommageable que Vidales et son ingé-son aient fait autant de zèle sur le volume du son de basse (qui n'aura certainement jamais été aussi prononcée sur aucun des disques sur lesquels a pu jouer Freddie...) ainsi que sur la présence de celle-ci (cette intro - très caractéristique encore une fois - d'un "Punishment", que l'on aurait pu retrouver sur un Framing Armageddon par exemple...), et ne se soient pas donné autant de peine ou de plaisir à façonner un mur de grattes plus massif ou au moins digne de ce nom, en l'occurrence moins désespérement plat que ce souffle compressé faisant office de « bouillis » rythmique, que vient écraser encore un peu plus la batterie déchaînée mais sur-pesante de Williams (gare aux barres sur le crâne occasionnées par les tom et les deux caisses dès le premier titre !)
Fort heureusement les guitares mélodiques, leads et autres parties acoustiques (notamment "The Answer", ou "This is my Hell" qui rappelle un peu les incursions de ce genre sur les derniers Maiden...) viennent combler un peu ce travers et aérer un peu l'ensemble, les harmonisations et autres sons clairs rappelant indubitablement Iced Earth, le gros son et le "mordant" de Schaffer en moins... On saluera néanmoins les talents insoupçonnés de Vidales lorsqu'il passe à 6 cordes, à moins qu'il ait également été fait appel à un musicien de session pour les parties les plus ardues, car il semble bien qu'il y ait plus d'un guitariste sur ce disque. Ce qui est notable, en tout cas, c'est que le groupe se permet, à de trop rares occasions hélas, de petites incartades 'prog-metal' inattendues (break du poussif single "Dead Man's Plight", pont de "What I Am" ou le final de "The One Eyed King" - titre dont le 'tapping' d'intro aurait d'ailleurs beaucoup plu à un Chuck Schuldiner...). Une prouesse bienvenue et une direction qui pourrait être encore davantage exploitée, si l'on s'en tient à la ligne directrice principale du disque plus axée sur un heavy/thrash mid-tempo lourd et épique, pour l'heure encore trop frileuse et épurée. Mention honorable tout de même à "On Warrior's Wings", sorte de 'power-ballad' solennelle et recueillie façon Manowar de bonne mémoire passé à la sauce Barlow.
Il est tout de même intéressant de constater que sur des morceaux justement plus rentre-dedans tels que "Chalice of Man", "What I Am" ou le plus lourd "Punishment" (thrash mid-tempo et presque 'doomy' par instants), c'est cette prod' un poil dégueulasse dont nous vous parlions plus haut qui vient apporter ce grain de groove « poisseux » et même une forme d'agression assez inédite à laquelle on ne se serait pas attendu de la part de nos gaillards (hein, quoi, Nevermore vous dites?!...). C'est à peine si on n'aurait pas imaginé des growls faire leur apparition sur de tels titres ! En tout cas, il est à souhaiter que le groupe développe également encore cette voie, surprenante mais ô combien rafraîchissante...
Et Barlow au milieu de tout ça, me direz-vous? Comme un poisson dans l'eau, impérial tout simplement, bien davantage en tout cas qu'il avait pu l'être au cours de ses dernières apparitions avec Iced Earth, que ce soit en 'live' ou sur disque avec ce morne The Crucible of Man ... Il retrouve ainsi toute la "niaque" de la triplette magique Dark Saga / Something Wicked... / Horror Show, avec en prime le petit soupçon d'émancipation et d'inventivité renouvelée dont il avait déjà fait preuve lors de son passage furtif chez Pyramaze. Les diverses harmonies vocales par superpositions de plusieurs couches sont à elles seules un vrai régal pour les oreilles, comme à l'accoutumée chez notre homme.
Dommage que le rendu sonore au final un peu trop terne de cette première offrande (que s'est-il donc passé aux Morrisound Studios??...) ne lui rende pas pleinement justice, et par ailleurs ne permette pas de mettre suffisamment en valeur les bonnes idées du groupe, encore trop éparses et pas assez canalisées à ce jour.
Vivement un remaster !
LeBoucherSlave
6,5/10