Comme vous le savez déjà, sur La Grosse Radio, nous sommes d’ardents défenseurs de l’art et de la culture, sous toutes ses formes. La culture musicale bien entendu (sinon nous ne serions pas là), mais également cinématographique. Alors quand le mélange des genres nous permet de voir un film sur le metal, et en particulier l’un des piliers du genre, Metallica, nous sommes encore une fois ravis.
Metallica, depuis la sortie de son dernier album studio, Death Magnetic (2008) n’a cessé de tourner à travers le monde, sortant coup sur coup des dvd de leurs prestations live. Alors forcément, avec l’annonce de la sortie d’un film, oscillant entre concert filmé avec des moyens dantesques et fiction, à la manière de The Song remains the Same de Led Zeppelin, nous sommes en droit d’être encore une fois critique. Ce film sent-il le pognon ou la passion ? Qu’apporte-t-il dans la vidéothèque du groupe, qui ne cesse d’augmenter depuis 2008 ? Est-ce un bon complément à la BO parue récemment et chroniquée en ces pages par Vyuuse ?
C’est pour se faire notre propre idée que nous avons assisté à la projection en avant première ce mardi 8 Octobre, au Grand Rex à Paris, en présence de Kirk Hammett et Lars Ulrich, venus défendre ce projet qui leur tenait à cœur.
Etant donné le caractère exceptionnel de l’évènement et de l’œuvre ici chroniquée, c’est donc un texte à mi-chemin entre le live report et la chronique classique que vous vous apprêtez à lire.
Mardi 8 Octobre 2013, les abords du Grand Rex à Paris voient fleurir bon nombre de T-shirt à l’effigie des américains. Les fans se sont rués en masse sur les précieux sésames, puisque les 2700 tickets se sont vendus en quelques minutes, la présence annoncée de Lars et Rob (ce sera finalement Kirk qui se joindra à la fête) boostant probablement les ventes.
Après un passage à la Fnac des Ternes, auquel nous n’avons malheureusement pas pu assister, les deux compères du plus grand groupe de metal du monde continuent leur journée promo en enregistrant une émission de télévision. Leur arrivée dans le plus grand cinéma d’Europe étant initialement prévue à 20h, quelques fans téméraires attendent patiemment devant les barrières qui bordent le tapis rouge à l’entrée du cinéma. La majorité des fans étant déjà rentrés dans la salle, c’est une trentaine de personnes qui fera un accueil chaleureux au groupe vers 21h. Lars et Kirk semblent visiblement content d’être là, prenant plaisir à signer des autographes (même Kirk qui pourtant semble plus en retrait d’habitude). Il faut dire que leur tournée promotionnelle pour Through the Never s’achève bientôt et qu’elle aura permis au groupe de rencontrer leurs fans dans un contexte différent de celui d’une tournée classique.
Lors de l’entrée en scène des deux musiciens, toute la salle est prise d’hystérie et fait un accueil chaleureux à Metallica. Il faut dire que nombreux sont ceux qui ont découvert le metal avec ce groupe. Avant la projection du film, une présentation par Lars et Kirk permet aux fans de mieux comprendre les motivations des Four Horsemen à sortir cet hybride entre concert et fiction, à mille lieues du docu Some Kind of Monster.
Les deux musiciens expliquent entre autre qu’ils ont financés entièrement le projet (un film à 32 millions de dollars tout de même !) afin d’avoir la liberté artistique la plus totale.
Lorsque la projection démarre, la salle entre en transe, et l’impression d’assister réellement à un concert de Metallica apparait lorsque les fans chantent tous en chœur The Ecstasy of Gold.
L’avantage de cette production par rapport aux derniers dvd du groupe, c’est qu’elle permet d’avoir un accès « backstage » et de voir littéralement ce qu’il se passe au tout début d’un concert des Mets. Si les dialogues sont peu nombreux (une ligne de texte pour Lars !), Dane Dehaan l’acteur jouant Trip, le jeune roadie du groupe, nous permet de plonger directement dans la peau du jeune fan bossant pour ses idoles. Le scénario est minimaliste : Trip doit foncer en centre ville pour récupérer un sac dont le contenu est essentiel au bon déroulement du concert. Through the Never enchaine donc les images relatant les péripéties de Trip, plongé dans une ville en pleine guérilla, à la recherche du précieux sac, et les images du concert enregistré à Vancouver en 2012. Pour ce concert, Metallica a mis les petits plats dans les grands et l’aspect visuel est encore renforcé. Le groupe a choisi de faire une référence à de nombreuses tournées précédentes, comme avec la présence de Lady Justice sur "…And Justice for All !", les cascades à la Cunning Stunts sur "Enter Sandman" ou encore la présence d’une chaise électrique sur "Ride The Lightning". Musicalement, Through the Never présente un bon concert de Metallica, avec son lot de gimmicks (les "Yeaaah!!" de James, les « Are you Alive ? How does it feel to be aliiiiive ?! »), mais la 3D renforce l’immersion du spectateur dans le concert et donne l’impression d’être sur scène avec eux. James Hetfield est toujours aussi charismatique et prouve une nouvelle fois à quel point il est un leader né. La setlist a des allures de best of ("Enter Sandman", "Master of Puppets", "One", "For Whom the Bell Tolls"…) mais des morceaux plus rares viendront tout de même réveiller l’intérêt des plus exigeants ("Ride the Lightning", "Orion"). Enfin, les caméras sont bien équilibrées et chacun des Four Horsemen passera à l’écran dans un temps à peu près égal pour tous.
Cependant, l’alternance des scènes du film et des chansons coupe un peu le rythme et surtout raccourcit les morceaux (on entend tout juste l’intro de "Wherever I May Roam" mais le morceau ne sera pas joué). De plus, certains titres joués ce soir là ne seront pas inclus dans le film, qui dure 1h30 soit une demi heure de moins qu’un concert classique de Metallica. On peut regretter également que les interludes entre deux morceaux, durant lequel le groupe communique énormément avec son public soient absents, remplacés par les scènes du film.
Les scènes tournées avec Dehaan sont cependant un peu confuses et donnent plus l’impression d’assister à un clip géant qu’à un vrai film, sans réelle ligne directrice (impression renforcée certainement par la quasi absence de dialogues).
Au final, l’expérience de la sortie en salle de ce film est très plaisante, mais essentiellement réservée aux fans des Mets, les autres n’y verront qu’un intérêt limité. Through the Never permettra cependant de montrer à tout le monde à quel point la machine Metallica est rodée en concert. Ce film semble être un prétexte pour sortir un nouveau dvd, pour lequel le groupe a mis le paquet visuellement. Mais peu importe, les 2000 fans présents ce soir à l’avant première ressortent tout sourire, ils étaient sur scène avec leurs idoles et ont vécu intensément un autre concert du groupe. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à espérer les revoir rapidement, en vrai cette fois-ci.